Le secrétaire général de l’ONU fait état d’«impasse» au Sahara occidental
Dans son rapport au Conseil de sécurité rendu public vendredi
Le secrétaire général de l’ONU fait état d’«impasse» au Sahara occidental
Par Younes Hamidouche, La Tribune, 24 octobre 2004
Le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Kofi Annan, fait état d’«impasse» au Sahara occidental, dans son rapport au Conseil de sécurité publié -comme attendu- vendredi à New York, et appelle les «parties» concernées, le Maroc et le Front Polisario, ainsi que l’ensemble de la «région» nord-africaine à la «plus grande retenue». «Lorsque j’ai présenté mon précédent rapport, en avril 2004, il n’y avait pas d’accord entre les parties sur le Plan de paix pour l’autodétermination du peuple du Sahara occidental. Un tel accord semble plus lointain aujourd’hui. Il n’existe pas non plus d’accord quant aux mesures qui pourraient être prises pour surmonter l’impasse actuelle», souligne à ce sujet M. Annan dans son rapport. Selon le secrétaire général de l’ONU, l’objectif consistant à permettre au peuple du Sahara occidental d’exercer son droit à l’autodétermination continue donc de se dérober. «Je continuerai à examiner les possibilités de progresser vers la réalisation de cet objectif», souligne néanmoins Kofi Annan qui, «entre-temps», déclare qu’il tient à exprimer sa «profonde préoccupation au sujet de la récente escalade dans les diatribes publiques émanant des parties et de la région et leur demande instamment de faire preuve de la plus grande retenue». Il y a donc, en dépit de ce constat d’impasse, une volonté onusienne de «progresser vers la réalisation de cet objectif» consistant à permettre au peuple sahraoui «d’exercer son droit à l’autodétermination». Le secrétaire général recommande au Conseil de sécurité d’envisager de proroger le mandat de la Minurso pour une nouvelle période de six mois, soit jusqu’au 30 avril 2005, et espère que les «deux parties» ainsi que les «Etats voisins» utiliseront cette période pour «coopérer de bonne foi» avec son représentant spécial, Alvaro de Soto, en vue de «mettre un terme à l’impasse actuelle et de progresser vers une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable». Evoquant ce qui est «positif» dans cette question inscrite à l’ordre du jour du Conseil de sécurité de l’ONU, Kofi Annan relève «l’accord des parties concernant la reprise des visites familiales [qui] est un signe dont il faut se réjouir». Le secrétaire général de l’ONU demande instamment aux parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario, de continuer à coopérer avec son représentant spécial, le HCR et la Minurso «en vue de l’application effective des mesures de confiance et de leur expansion à de nouvelles activités». En somme, les tentatives marocaines de mettre l’Algérie dans une position de partie en conflit échouent de nouveau. Plus globalement, les textes onusiens sont clairs là-dessus. Et le dernier rapport en date publié il y a quelques dizaines d’heures seulement le rappelle avec une grande netteté. «On s’efforce aussi de mettre au point une approche coordonnée entre les parties, les pays voisins et les autres parties intéressées concernant ce qui semble être un phénomène croissant de migrations illégales vers l’Europe, à travers le Sahara occidental», rapporte Kofi Annan à ce propos. Et cela apparaît clairement comme l’illustre la partie de ce rapport dans son aspect portant sur les «migrations illégales». L’Algérie, comme sa diplomatie l’a toujours souligné, est un pays voisin qui a son mot à dire dans le processus de décolonisation du Sahara occidental, territoire colonisé par le Maroc à peine le peuple sahraoui sorti de l’occupation espagnole il y a de cela près de trente ans. Par ailleurs, pour ce qui est du programme d’échange de visites familiales entre Sahraouis, il est indiqué que la «première phase» dudit programme «a été mise en ouvre avec la pleine coopération des parties, ainsi que de l’Algérie, en tant que pays d’asile», mentionne aussi le secrétaire général de l’ONU en ce qui concerne les «réfugiés sahraouis». Dans la partie du rapport portant sur les effectifs de la mission onusienne au Sahara occidental, le secrétaire général de l’ONU rappelle que la Minurso est chargée, entre autres missions qu’elle a depuis le début des années 1990, et «s’agissant de ses tâches militaires», de «surveiller le cessez-le-feu, le cantonnement des troupes des deux côtés, dans des sites désignés, la garde de certaines armes et munitions et le retrait de toutes les forces de l’Armée royale marocaine ou la démobilisation des forces militaires du Front Polisario, en fonction des résultats du référendum envisagé». «Comme il s’est avéré impossible d’appliquer le Plan de règlement, les activités militaires de la Minurso ont été limitées à la surveillance du cessez-le-feu», ce qui ramène les effectifs de sa composante militaire à «230 hommes, effectifs maintenus à ce jour». Cette relative réduction des effectifs de la mission n’a pas empêché la sauvegarde du cessez-le-feu. «La zone placée sous la responsabilité de la Mission est généralement demeurée calme et il n’y a eu aucun signe indiquant que l’une quelconque des parties aurait l’intention de reprendre les hostilités dans un avenir prévisible».Le tout intervient dans une conjoncture marquée par «l’apparition, dans la zone tampon, fortement minée, de migrants clandestins dont certains demeurent occasionnellement égarés sans moyens de subsistance appropriés pendant de longues périodes», ce qui constitue «un sujet de préoccupation croissante», estime le Premier responsable l’ONU.
Y. H.