Soutien aux thèses marocaines : Le président sahraoui demande à la France de clarifier sa position
par Yazid Alilat, Le Quotidien d’Oran, 15 avril 2013
La visite du président français François Hollande au Maroc, au début du mois, aura laissé les Sahraouis perplexes.
En confirmant la position officielle française sur ce conflit de décolonisation, c’est-à-dire un soutien aveugle aux thèses coloniales de Rabat, Paris a mis dans la gêne ses alliés européens, et provoqué l’étonnement et l’inquiétude en Afrique et au Maghreb plus précisément. Devant les parlementaires marocains, Hollande avait explicitement réaffirmé que la France soutient «le plan d’autonomie» au Sahara Occidental, la solution proposée par le Maroc comme règlement de ce conflit, et ignoré la voie du référendum d’autodétermination. C’est ce qui a fait réagir le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz. Selon lui, la position de la France, dans le conflit du Sahara Occidental demeurait confuse et méritait d’ «être clarifiée». Pour lui, les principes de la démocratie, des droits de l’Homme et du droit à l’autodétermination ne peuvent faire l’objet de «marchandage». «(…) Nous aurions aimé qu’il (François Hollande) nomme les choses par leurs noms. Il y a des principes qui ne sauraient être marchandés, comme les principes de démocratie, des droits de l’Homme et du droit à l’autodétermination des peuples, a t-il précisé, cité par l’APS. «La France doit être plus claire à ces sujets», a-t-il dit, relevant qu’il existe «un changement positif» dans la position de la France, dans la mesure où le Président Hollande avait insisté, lors de son intervention du 4 avril passé, au parlement marocain, sur la nécessité de résoudre le conflit du Sahara Occidental. Sur la dernière tournée de l’envoyé spécial du Secrétaire général de l’Onu, le diplomate américain Christopher Ross dans la région, il l’a qualifiée d’«importante», rappelant que cette visite était une étape avant la présentation, le 22 avril prochain, de son rapport sur le Sahara Occidental au Conseil de sécurité qui est appelé à statuer sur le devenir du conflit. L’intérêt de cette tournée de Ross réside dans le fait que, cette fois, il avait rencontré les Sahraouis des territoires occupés à Dakhla, alors que son déplacement précédent s’était limité à la ville d’El-Ayoun.
«Les entretiens qu’il a eus avec les citoyens, en plus de ceux avec les parties en conflit et les pays voisins, sont autant d’éléments qui plaident pour la nécessité de faire avancer le dossier du Sahara Occidental, dans le sens des résolutions des Nations unies, et de façon à garantir le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination», estime le président sahraoui, pour qui ces entretiens ont surtout «alerté» M. Ross sur la situation des droits de l’Homme, dans les territoires occupés, ainsi que sur l’exploitation illégale des ressources naturelles des territoires sahraouis. Il a, également, estimé que la visite de Ross renseignait sur sa «volonté» de poursuivre «ses efforts», en maintenant le principe des visites et des entretiens avec les parties concernées, «tout en privilégiant les pourparlers directs entre les parties belligérantes».
M. Mohamed Abdelaziz, qui a rappelé «l’absence» d’une volonté politique, chez le gouvernement marocain, à faire avancer le dossier vers la voie d’un règlement définitif et démocratique, estime que cette obstination fait buter tous les efforts des Nations unies pour parvenir à une solution politique au conflit, alors que même les droits de l’Homme dans les territoires occupés demeurent sans aucune «garantie». Dans la lettre qu’il a adressée, récemment, au roi du Maroc, sur la violation des droits de l’Homme dans les territoires occupés, il a indiqué que «la majorité des organisations internationales, continentales et régionales ont souligné, ces deux derniers mois, l’atrocité des violations commises à l’encontre des populations sahraouies des territoires occupés». Il a ainsi fait référence aux rapports de ‘Human Rights Watch’ (HRW), ‘Amnesty International’, le rapporteur spécial des Nations unies contre la torture, la délégation onusienne aux droits de l’Homme, Front Line, le Parlement européen, le Centre ‘Robert Kennedy’ pour la Justice et les droits de l’Homme et la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples. Enfin, Mohamed Abdelaziz a accusé le Maroc d’être le créateur et le financier «des mouvements terroristes qui activent dans la région du Sahel» et qu’il était «derrière de nombreuses affaires de crime organisé».