Sahara Occidental: Pas d’avancée perceptible des discussions
Sahara Occidental
Pas d’avancée perceptible des discussions
par Daoudi Miloud, Le Quotidien d’Oran, 9 janvier 2008
Les négociations entre le Front Polisario et le Maroc ont commencé, lundi, dans la banlieue new-yorkaise avec ce sentiment que les discussions ne devraient pas aboutir à une avancée notable dans la résolution du conflit au Sahara Occidental. Mais, tout au moins, et c’est cela le voeu du secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki Moon, à faire avancer «substantiellement» le processus. Il a, dans une déclaration à la presse, «appelé les deux parties à faire plein usage de cette semaine de pourparlers pour commencer à s’orienter vers une phase de discussions plus intensive et substantielle». Il a, en outre, «admis qu’une solution à ce conflit, vieux de 32 ans, prendra à la fois du temps et de la patience (pour) négocier une solution mutuellement acceptable». A Manhasset, le décor pour ces négociations est planté; une propriété cossue dans l’île de Long Island, à l’abri des regards mais surtout, dans un parfait isolement des deux délégations, avec la médiation du représentant de l’ONU,
M. Peter Van Valsum. Un processus qui a été accepté par les Sahraouis qui fondent un réel espoir de faire de ces discussions, avec la partie marocaine, un début de solution, sous l’égide des Nations unies, à ce conflit par la voie d’un référendum d’autodétermination, sur l’avenir politique de ce territoire.
Les Sahraouis, estime-t-on, ont jusqu’à présent «joué le jeu» et fait de réels efforts pour aider les différents secrétaires généraux de l’ONU qui se sont succédé depuis le cessez-le-feu de 1991, pour parvenir à une solution négociée, démocratique, et qui respecte le choix souverain des Sahraouis. Cependant, tout le processus mené jusqu’à présent a été totalement détruit et les espoirs d’un règlement pacifique envolés, lorsque les Marocains ont sorti le fameux plan d’autonomie qu’ils ont soumis à la communauté internationale comme seule et unique solution pour le réglementer de ce dossier. Un des membres de la délégation sahraouie aux négociations de Manhasset, Ahmed Boukhari, a indiqué que pour les Sahraouis, «la proposition marocaine de plan d’autonomie est une proposition unilatérale qui cherche à tromper la communauté internationale, en tentant de consacrer le fait colonial au Sahara Occidental».
Pour le diplomate sahraoui, le référendum d’autodétermination que Rabat refuse d’appliquer, «est la seule vision objective, réaliste, flexible qui peut nous sortir de l’impasse dans laquelle nous nous trouvons, du fait de la politique de blocage pratiquée par le Maroc depuis plus de dix ans». Pour lui, il est clair que la partie marocaine a, jusque-là, bloqué toute solution ouvrant la voie à un référendum d’autodétermination depuis le cessez-le-feu de 1991, autant le plan Baker que les différents accords, dont ceux de Houston. Beaucoup d’observateurs s’interrogent sur la finalité de ces discussions dans la capitale économique américaine, du fait d’abord de l’intransigeance marocaine à s’ouvrir à une solution pacifique et démocratique, ensuite à accepter un processus inéluctable: permettre à la population sahraouie, le peuple du Sahara Occidental de choisir librement son avenir politique. Une éventualité que le royaume chérifien a toujours refusée, légitimant de fait la colonisation, par la force, d’un territoire qu’il occupe depuis le départ des Espagnols.
Mais, des rencontres comme celle de Manhasset sont également «utiles» pour démontrer autant la bonne volonté d’une partie au conflit qui a toujours accepté de se conformer aux résolutions onusiennes.
Cependant, les Sahraouis, et particulièrement depuis le dernier congrès, ne sont plus favorables à faire plus de concessions ni politiques, ni diplomatiques, au moment où la partie marocaine s’évertue, avec l’appui de certains lobbys, à saborder toute solution à ce dernier dossier de décolonisation en Afrique. Le retour à la lutte armée n’est plus, du reste, un secret.
Les Sahraouis sont présents aux négociations de Manhasset pour défendre leur position sur ce conflit, sans trop attendre un assouplissement de la position marocaine. Le dernier jour de ces discussions fixera tout le monde sur «l’avenir de ces négociations», si elles vont continuer ou être interrompues.