Sahara occidental: un 4ème émissaire et la même quadrature du cercle

Sahara occidental: un 4ème émissaire et la même quadrature du cercle

par Kharroubi Habib, Le Quotidien d’Oran, 23 août 2017

La mission fixée par le secrétaire général de l’ONU à son nouveau représentant personnel pour le Sahara occidental, l’ancien président allemand Horst Köhler, consiste à faire reprendre le processus de négociations entre le Maroc la puissance occupante de ce territoire et le Front Polisario qui revendique le droit à l’autodétermination pour le peuple sahraoui. La nomination de cette personnalité n’a pas de prime abord suscité de prise de position hostile de la part de l’ensemble des parties avec lesquelles elle aura à travailler et toutes se sont déclarées disposées à le faire. Ces bonnes dispositions qui se sont affichées à l’annonce de sa désignation n’ont probablement pas poussé Horst Köhler à croire que sa mission en va être facilitée et que sa réussite est certaine. S’il lui fallait la preuve qu’il va être confronté à la même quadrature du cercle à laquelle se sont attaqués ses prédécesseurs sans parvenir à la résoudre, il l’a à coup sûr décrypté dans le discours à la nation marocaine prononcé dimanche soir par le roi Mohamed VI à l’occasion du 69ème anniversaire de la « Révolution du roi et du peuple ». S’agissant du Sahara occidental, le souverain marocain a en effet prévenu que les discussions que son pays est prêt à engager ne peuvent et ne doivent concerner que le plan d’autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine qu’il projette d’octroyer à ce territoire. Cette affirmation plombe d’emblée toute tentative que fera le représentant onusien pour conformer sa mission aux stipulations pertinentes des Nations unies sur le Sahara.

Bien que la dernière en date ait fait référence à la proposition marocaine d’autonomie pour la population sahraouie sans remise en cause de la souveraineté du Maroc sur son territoire, elle a néanmoins précisé qu’elle n’est pas la seule à débattre dans la reprise des négociations entre les parties prenantes et qu’en tout état de cause il doit revenir au peuple sahraoui de se prononcer par voie référendaire sur le statut politique et juridique à donner à son territoire. Tout comme Christopher Ross, son prédécesseur, et avant lui les autres émissaires onusiens qui se sont essayés à enclencher un processus de négociations entre le Maroc et le Front Polisario sans contrevenir aux dispositions des résolutions onusiennes, l’ancien président allemand ne manquera pas de subir la vindicte marocaine s’il s’avise de faire preuve du même scrupule à ne pas se laisser entraîner à accorder sa caution à la thèse du Maroc. Horst Köhler est le quatrième représentant personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental. Les trois qui l’ont précédé ont tous jeté l’éponge, lassés et meurtris par l’impuissance coupable de l’organisation qui les a missionnés. Saura-t-il, lui, secouer cette organisation et la pousser à faire respecter ses résolutions ? Rien n’est moins sûr sachant que les mêmes freins qui sont à l’origine de son impuissance sont toujours agissants.