Une réponse qui tarde
Une réponse qui tarde
Par M. Bahous, Le Quotidien d’Oran, 24 juin 2003
Depuis que le chef du gouvernement a adressé aux ârouch sa proposition de dialogue «authentique», les délégués de ces derniers ont multiplié les conclaves et les meetings sans pour autant arriver à s’entendre sur la réponse définitive à faire.
Pour un mouvement se revendiquant de la citoyenneté et de la démocratie, il était, certes, nécessaire d’engager une consultation populaire sur la question. Mais il ne semble pas que ce sont les résultats de celle-ci qui empêchent les coordinations de se prononcer. De l’avis unanime des observateurs, la proposition de Ouyahia a été très favorablement accueillie par la majorité de la population en Kabylie.
La difficulté est que ce sont les délégués qui n’arrivent pas à s’entendre sur la forme et le contenu à donner à la réponse des ârouch et cela sur fond de lutte pour le leadership du mouvement. C’est un secret de Polichinelle qu’il existe depuis longtemps déjà une lutte feutrée pour ce leadership sur le mouvement ârouchi entre les coordinations de Tizi Ouzou et Béjaïa.
Cette dernière, soutenue par la coordination de Bouira, s’est nettement déclarée en faveur du dialogue, justifiant sa position par le constat d’une évolution positive dans le discours officiel. Ce que la coordination de Tizi Ouzou et son principal animateur, Belaïd Abrika, récusent systématiquement et pour qui il ne peut être question de dialogue tant que le pouvoir ne se sera pas engagé sur la «satisfaction pleine et entière» de la plate-forme d’El-Kseur.
Depuis l’éclatement de la crise en Kabylie, c’est essentiellement la politique des préalables qui a empêché toute dynamique de dialogue. En faisant sa proposition, Ouyahia a clairement fait comprendre qu’il n’entendait pas s’inscrire dans cette logique et que, par conséquent, si dialogue il devait y avoir, il aurait lieu sans aucun préalable.
Ce qui n’a pas empêché les autorités d’accéder, en signe de bonne volonté et avant tout engagement des ârouch, à l’un des préalables des ârouch, celui de la libération des délégués incarcérés. Abrika et ses partisans s’en tiennent à une position maximaliste en pensant, peut-être, que le pouvoir, parce qu’il serait dans une position difficile à l’approche de l’élection présidentielle, sera contraint d’accepter toutes les conditions qui lui seront présentées pourvu qu’il en finisse avec la crise en Kabylie.
Il est incontestable que l’offre de dialogue faite par le chef du gouvernement a placé le mouvement des ârouch à la croisée des chemins. Se réclamant de la citoyenneté, il ne peut, sans se saborder, prendre une décision à contre-courant de celle que voudrait la population en Kabylie.
Et ce n’est certainement pas en se laissant dicter sa conduite par sa minorité extrémiste qu’il pourrait se prévaloir d’être représentatif de l’opinion de cette population, ni convaincre le reste de l’Algérie de la justesse de ses positions et de ses revendications