La coupure d’électricité provoque la colère

La coupure d’électricité provoque la colère

Des émeutes et des saccages à Tadjnanet

Quotidien d’Oran, 5 février 2003

Près d’un millier de personnes, ont investi la rue, à Tadjnanet, wilaya de Mila, lundi soir, pour exprimer leur ras- le-bol contre les fréquentes coupures de l’énergie électrique, apprend-t-on de source autorisée.

Après un attroupement devant le siège de la sûreté de daïra, les émeutiers ont mis à profit l’obscurité due à la coupure générale d’électricité, survenu avant-hier soir, entre 19h et 21h15, pour s’attaquer violemment aux édifices publics. Les troubles ont duré jusqu’à une heure tardive de la nuit, avant que la situation ne soit totalement maîtrisée par les forces de l’ordre, vers minuit.

Les manifestants ont d’abord ciblé le siège abritant les locaux de la daïra qu’ils ont, partiellement saccagés, notamment le service de la règlementation l’APC qui n’a pas été non plus épargnée par la furie des manifestants. D’importants dégâts sont signalés au niveau du fichier électoral et au service administration et gestion du personnel.

Le bureau de l’Organisation nationale des moudjahidine ainsi que les dépendances de la recette communale, ont subi de graves dommages. Quant aux locaux de Sonelgaz et de l’Union locale de l’UGTA, ils ont été carrément incendiés à l’aide de pneus enflammés. D’autres services publics, tels que l’administration des impôts, la subdivision de l’urbanisme et l’antenne des domaines, ont été, de leur côté, saccagés. Des poteaux électriques et des panneaux signalétiques de la circulation routière, constate-t-on sur place, ont été arrachés et jonchent le sol. Quelques véhicules, ont été endommagés, alors qu’un autobus, appartenant à un particulier, a été brûlé, indiquent d’autres sources. Ce n’est qu’aux environs de minuit, après une intervention musclée des forces de l’ordre qui ont pu contenir le mouvement de colère, que la situation s’est, peu à peu, normalisée. Près d’une vingtaine de jeunes émeutiers ont été interpellés, dont de nombreux repris de justice, tient-on à préciser. Certaines indiscrétions attribuent ces violentes manifestations à une imminente distribution de logements au profit de syndicalistes. D’un autre côté, on parle plutôt d’une «révolte» d’aviculteurs et d’artisans menuisiers qui seraient derrière ce mouvement. Ces professions, dit-on, grandes utilisatrices d’électricité, sont plus que perturbées dans leurs activités par les fréquents délestages opérés par les services de Sonelgaz.

Enfin, hier matin, les ouvriers de la commune, assistés des éléments de la Protection civile, sous l’oeil vigilant des services de sécurité, s’activaient à nettoyer et à remettre de l’ordre tandis que les réparations des dégâts sont déjà lancées. La situation est redevenue normale et certaines institutions ont même repris du service.

M.S. Mimoune

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Emeutes à Zeboudja

Des manifestants s’attaquent à la résidence du chef de daïra

La commune de Zeboudja, à 30 kilomètres de Chlef, a vécu, lundi, une soirée agitée, lorsque environ 250 personnes sont sorties dans la rue pour manifester leur colère à la suite de la coupure de l’électricité, à 19 h 30.

Il faut souligner que si cette coupure touchait l’ensemble du pays, pour les habitants de Zeboudja, elle constituait «la coupure de trop». En effet, depuis une semaine déjà, chaque soir et à la même heure, l’énergie électrique disparaissait, laissant les foyers dans le noir pendant plus d’une heure.

L’incident de lundi a donc provoqué une colère qui s’est tournée vers le chef de daïra, dont la résidence a été attaquée. En l’absence du chef de daïra, son secrétaire général, contacté par téléphone, a déclaré «que c’est à 19h30, juste après la coupure de courant, qu’un groupe de jeunes, entre 200 et 250, s’est dirigé vers la résidence du chef de daïra. Il y a eu des jets de pierres, des insultes et quelques vitres cassées». Les manifestants, toujours selon le secrétaire général, «ont cassé l’éclairage public devant la résidence et celui se trouvant sur l’artère principale» de la commune.

Vers 20 heures, des éléments de la Gendarmerie nationale sont arrivés sur les lieux et après une discussion avec des représentants des manifestants, ces derniers se sont dispersés.

Contacté pour avoir de plus amples explications sur ces coupures de courant à répétition qui ont excédé la population et provoqué la manifestation, le responsable de Sonelgaz à Chlef affirme «être conscient de l’existence de deux localités de la wilaya qui connaissent des perturbations en matière d’alimentation en énergie électrique». Il poursuivra: «Nos agents d’exploitation interviennent rapidement; la localité de Zeboudja n’étant pas très éloignée, l’alimentation sera aussitôt rétablie». Selon lui, les principales causes des coupures sont le tirage important du fait de l’utilisation d’appareils de chauffage électrique en l’absence de gaz naturel, les fraudes, les rétrocessions de l’énergie et de nombreux actes de malveillance se traduisant essentiellement par la destruction d’isolateurs.

Pour remédier à la situation, Sonelgaz envisage d’abord «une solution provisoire qui consiste en une augmentation de puissance dans l’immédiat, ce qui a été réalisé hier. Puis, une solution définitive par la mise en service d’une ligne partant du poste 60/30 KV, de Oued Sly vers Zeboudja, sur une distance de 30 kilomètres. Cette mise en service est prévue pour la fin du mois de mars et mettra fin au calvaire subi pour au moins les 20 ans à venir».

Abbad Miloud