Archs-Pouvoir : La porte du dialogue pas totalement fermée
Archs-Pouvoir
La porte du dialogue pas totalement fermée
El watan, 29 juin 2003
La réponse des archs le week-end dernier à l’invitation au dialogue peut, au premier degré, s’assimiler à l’opposition d’une fin de non-recevoir qui obstrue l’option que M. Ouyahia a tenté d’ouvrir.
Les débats marathoniens du conclave d’Amizour ont en effet abouti à la formulation d’exigences politiques, à leur tête cet engagement préalable du premier magistrat du pays, sans lesquelles les représentants de la contestation ne sauraient envisager de contacts avec le pouvoir. Pour autant, la porte du dialogue ne semble pas tout à fait fermée, puisque le ton global du discours des archs est sensiblement assoupli, et laisse présager une démarche qui donne plus de chances à une approche sereine de la crise. «Le mouvement citoyen a toujours été en quête de solutions véritables loin des offres de dialogue biaisées», est-il contenu dans la déclaration politique que la plénière de l’Interwilayas des archs a adoptée à la fin du conclave d’Amizour. Le passage, manifestement motivé par le souci d’absoudre le mouvement de toute responsabilité dans l’enlisement de la crise, est une précision adressée à l’opinion publique, que le chef du gouvernement a pris à témoin dans le propos de son invitation au dialogue, et une déclaration de disponibilité des animateurs du mouvement à investir dans des solutions qui ne seraient donc pas «biaisées». Plus loin, le même document n’omet pas de prendre acte «de l’évolution du discours officiel (à l’égard du mouvement, NDLR)», en notant néanmoins, pratiquement sur le ton du regret, que la méfiance demeure tant que les détenus ne bénéficient que de la liberté provisoire et que «des institutions censées être l’émanation de la volonté populaire souffrent d’illégitimité». Les rédacteurs de la déclaration, sans se départir du même registre politique, décortiquent l’un des passages de la déclaration d’Ouyahia et relèvent : «L’annonce que les revendications citoyennes ont été substantiellement satisfaites ne laisse supposer qu’une hypothétique satisfaction pleine et entière de la plate-forme d’El Kseur (…).» Voilà dit la hantise des archs : s’inscrire dans une logique de solution dont le pouvoir s’approprie la latitude de définir et qu’il rentabilise selon ses intérêts. Dans sa déclaration devant l’APN, le 31 mai dernier, le chef du gouvernement avait, pour rappel, salué les mesures déjà prises par l’Etat pour régler la crise dans une référence évidente aux conclusions du dialogue mené entre octobre 2001 et mars 2002 avec les délégués «Taiwan», tel que qualifiés par les animateurs de l’Interwilayas. Que le chef du gouvernement salue un processus que les délégués des archs ont toujours dénoncé comme «manœuvre diabolique du pouvoir» suffit donc au mouvement pour rester sur sa méfiance. Plus explicite encore est le dernier passage de la déclaration. «C’est pour se prémunir contre une autre solution illusoire que le mouvement citoyen réitère son exigence d’une réponse publique et officielle du premier magistrat du pays engageant l’Etat algérien quant à la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d’El Kseur.» La déclaration, malgré la réanimation du caractère «scellé et non négociable» de la plate-forme de revendications, renferme à l’évidence les signes d’une ouverture rarement relevés dans les précédents documents du mouvement. Des signes également perçus dans certaines séquences des débats qui se sont déroulés à Amizour, et que des résistances liées surtout au mode de fonctionnement de la structure et à la persistance de restes de tabou concernant la question, empêchent pour l’heure de se muer en positions concrètes et assumées, du moins chez les animateurs prêts à tenter «la phase de lutte» que représenterait le dialogue. Pour les animateurs des archs, la balle que l’habile Ouyahia a jetée dans le camps du mouvement, a été le week-end dernier rejeté avec la même habilité dans le camp du pouvoir. La Présidence de la République, qui a bien pondu un communiqué invitant la délégation menée par Alilouche au dialogue en 2001, se pliera-t-elle à l’exigence que les archs n’ont fait que réaffirmer à Amizour ?
Par M. Slimani