Déclaration du groupe des « 11 » : Le silence de la Présidence

Face aux préalables des onze personnalités politiques

Le silence de la Présidence

El Watan, 14 janvier 2004

Interpellée par les onze signataires d’une déclaration commune pour exiger des garanties concrètes quant à la tenue d’une élection présidentielle «propre et transparente», la Présidence de la République n’a pas encore commenté les trois conditions posées par les signataires de la «Charte contre la fraude».

Bouteflika, qui se trouvait en visite dans la wilaya de Béchar au moment de la signature de la déclaration, n’a soufflé mot sur les «exigences» de ses probables rivaux lors de la prochaine joute électorale. Contactés, les responsables de la cellule de communication de la Présidence de la République n’ont pas voulu se prononcer sur les «préalables» des onze. Le directeur de cabinet de la Présidence était, quant à lui, inscrit aux abonnés absents. Que va donc décider la Présidence face aux revendications des candidats potentiels à cette élection ? D’aucuns estiment que le refus de Bouteflika de satisfaire les «exigences» des frondeurs pourrait entraîner indubitablement la réédition du scénario de 1999 quand les six candidats en lice s’étaient retirés in extremis de la course pour protester contre les symptômes d’«une fraude anticipée» en faveur de Bouteflika, alors «candidat du consensus». Le locataire d’El Mouradia va-t-il entreprendre une série de rencontres avec les postulants à la magistrature suprême pour se mettre d’accord sur les conditions du déroulement de cette échéance électorale ? Le cas échéant, estiment les observateurs, la pomme de discorde entre la Présidence et le groupe des onze serait la question liée au départ du gouvernement et son remplacement par «un cabinet intérimaire consensuel». D’autres pensent que le président Bouteflika pourrait faire des concessions quant aux deuxième et troisième points de la «charte des onze», à savoir l’installation d’une instance indépendante pour instruire et contrôler l’administration dans les phases de préparation, d’organisation et d’exploitation des résultats du scrutin ainsi que la protection des acteurs politiques et sociaux qui manifestent leur soutien aux différents candidats. C’est dire qu’entre la détermination des onze à arracher des garanties pour l’organisation d’une élection régulière et l’éventuelle intransigeance de Bouteflika, c’est la stabilité de la République qui est en jeu.

Par A. B.