Communiqué de la LADDH

LADDH

Ligue algérienne de défense des droits de l’homme

Communiqué

Les Algériens dans leur majorité jugent négatif le quinquennat qui s’achève, porteur de nombreux échecs et de tous les gâchis, et la double question qui vaille la peine d’être posée, et à laquelle les électeurs doivent répondre pour entrer dans le vif du sujet est la suivante :

– Changement du régime politique, ou changement dans le régime ?

– Changement de politique, ou continuité de cette politique ?

Sur quels critères se baser pour dire que l’Algérie est une démocratie, alors que dans tous les cas de figure, elle est une dictature caractérisée par la concentration du pouvoir, l’irrégularité de sa dévolution, et l’anomalie de son exercice. Sachant que le pouvoir se gagne par la force et la loyauté par la corruption qui sévit à tous les niveaux et dans tous les domaines, et les privilèges, le pouvoir n’a ménagé ni l’une, ni l’autre.

Le droit du peuple algérien à disposer de lui-même, est devenu le droit de l’état à disposer de son peuple. A ceux qui veulent ignorer les atteintes graves aux droits de l’Homme, commises en connaissance de cause, couvertes et souvent ordonnées par les plus hautes autorités de l’état avec un machiavélisme hors du commun, il faut simplement rappeler qu’ils ne sont que des complices.

Il n’y a en Algérie ni Etat de droit qui s’oppose au droit de l’Etat, ni respect des droits de l’Homme, mais seulement un pouvoir qui a besoin pour durer de bafouer les règles les plus élémentaires de la démocratie, et d’exercer une politique qui a tendance non pas à résoudre les problèmes mais à éliminer ceux qui les posent, à supprimer les contradictions en éliminant les contradicteurs.

Que sont devenus les disparus, des morts sans sépultures ? des vivants sans existences ? On ne peut ignorer sauf cécité politique, une déchirure du tissu social qui risque de porter atteinte à l’unité nationale.

Le conseil constitutionnel qui a invalidé de manière abusive les candidatures d’Ahmed Taleb Ibrahimi et de Sid Abhmed Ghozali de la compétition électorale pour raison politique, s’est disqualifié et a perdu toute autorité morale.

L’hérésie juridique du conseil d’état a camouflé en acte judiciaire, le coup de force contre le FLN ordonné par le pouvoir politique. Quand la justice est soumise au pouvoir politique, il n’y a pas Etat de droit, mais seulement la loi du talion.

Des pressions, des intimidations des menaces, ont été exercées à l’encontre de l’UGTA et du patronat, qui sont en danger permanent de manipulation et de récupération par le pouvoir , pour obtenir leur allégeance et les transformer en comité de soutien au président candidat, alors que leurs statuts leur font allégation de ne donner aucune consigne de vote.

L’UGTA qui n’a pas évité les dérives opportunistes a perdu en route son identité sociale. La dépendance vis-à-vis du pouvoir a dévoyé le syndicalisme, lui a fait perdre sa crédibilité qui conduira à la remise en cause du paysage syndical.

Faut il considérer que les jeux sont faits, que le statu quo sera maintenu, et la fraude électorale massive et généralisée ? . Les échéances électorales se suivent et se ressemblent, et les pratiques qui faussent le scrutin et le libre choix des électeurs sont permanentes. La fraude est la cause de la désertion des urnes, par un électorat déçu.

Le boycott actif, l’abstention ou le bulletin blanc, qui expriment le scepticisme quant aux vertus du bulletin de vote, relèvent du libre arbitre de chaque électeur.

L’élection présidentielle de 8 avril 2004 sera-t-elle différente de celle du 15 avril 1999 ?. La différence réside dans le fait que l’armée qui a intronisé Abdelaziz Bouteflika en 1999 ne cautionne plus sa candidature, et n’a pas de candidat. D’autre part le chef d’état major vient de déclarer à la revue El Djeich « que l’armée veillera à ce que l’administration assure la conduite et le contrôle des opérations de vote dans la transparence, afin d’instaurer une démocratie qui ne soit ni virtuelle ni façade, mais réelle ».

L’impasse politique sera dépassée par le retour à la souveraineté populaire dans la clarté et en toute liberté, par le choix du peuple, de ses représentants au niveau de toutes les institutions élues de l’Etat et la reconnaissance de la citoyenneté qui est la volonté clairement exprimée de participer à la vie commune, par le biais d’élections libres.

Alger le 17-03-2004

Maître Ali Yahia Abdennour

Président de la LADDH.

——————————————————————————–
LADDH
8, rue des Frères Berrazouane -Alger.
Tel/Fax : + (213) 21 643521
E mail : [email protected]