Craintes de «la fraude indécelable»

DJABALLAH, HIER, DANS UNE CONFERENCE DE PRESSE

Craintes de «la fraude indécelable»

Le Quotidien d’Oran, 7 avril 2004

La conférence de presse animée, hier, par le candidat Abdellah Djaballah a été un réquisitoire contre le président candidat qu’il accuse de vouloir «frauder» pour perpétuer le règne «de l’unicité». Il révélera, par ailleurs, des faits gravissimes en disant, s’appuyant sur des sources crédibles: «un cercle restreint du staff du président travaille pour que les résultats du scrutin du 8 avril soient annoncés avant la remise des PV». Une déclaration commune aux représentants des trois candidats: Benflis, Sadi et Djaballah reprend l’«information» faisant état d’une fourchette de «53 à 55% des suffrages» en faveur du candidat Bouteflika. Si cette «provocation» est mise en oeuvre, les candidats réagiront par le refus des résultats annoncés par anticipation, appelleront les institutions chargées de la protection de la Constitution, à la préservation de l’ordre et à l’arrêt de la provocation.

Tout en se disculpant de ces résultats et de ce qu’ils provoqueront, les trois rendront le président candidat «seul responsable de tout dérapage». Ils appellent enfin les militants et tous les citoyens à rester vigilants et à déjouer ce complot.

Par ailleurs le leader d’El-Islah exclut toute possibilité que le candidat Bouteflika soit élu dès le premier tour. «Ma yadihach» (Il ne l’aura pas ), dira-t-il. Car, selon lui, s’il est élu dès le premier tour, cela signifie qu’il y a eu fraude. Une fraude qui, a-t-il affirmé, a commencé déjà durant la campagne électorale. Saccage et incendie des locaux, intimidation et arrestation de militants, utilisation de divisions de police dans certaines régions pour traquer les militants opposés à Bouteflika, utilisation des moyens de l’Etat… Autant de comportements immoraux et en violation des règles de la concurrence électorale qui sont des signes d’une «volonté claire de durer et de faire durer la crise», a-t-il déclaré.

Autre technique de fraude indécelable et qui suscite ses craintes, selon lui: les listes électorales. Avec un calcul arithmétique, il tentera de démontrer que l’électorat national, d’un peu plus de 18 millions, soit 60% de la population totale, est impossible. La fraude est, selon lui, dans l’inscription d’électeurs morts, de ceux qui ne sont pas en âge légal de vote ou ceux inscrits sur plusieurs listes. Même la demande que soit exigée par les représentants des candidats, de la carte d’identité de l’électeur, a été refusée. Cela en plus du fait que les candidats, par le biais d’un tirage au sort effectué par la commission de surveillance (CNPSEP) n’ont pas le droit d’être présents dans tous les bureaux. Ainsi, Djaballah, qui dit être capable de surveiller tous les bureaux et centres de vote, ne sera présent que dans 27.000 bureaux. Pour boucler le chapitre, il accusera le ministre de l’Intérieur de se comporter «comme le véritable directeur de campagne du président candidat». Toutefois, malgré toutes les prémices de fraude qu’il a énumérées, il martèlera que le président ne sera pas élu. «Du moins au premier tour», dit-il. Il terminera par appeler les citoyens, non pas à voter pour lui, mais à donner une occasion à l’Algérie de «sortir de l’unicité et de consacrer les libertés individuelles et collectives». «L’Algérie doit servir de modèle au monde arabe», a-t-il ajouté en précisant que cette mission est du ressort de tout le monde.

Djilali B.