Les onze insistent sur le départ d’Ouyahia
PRESIDENTIELLE
Les onze insistent sur le départ d’Ouyahia
El Watan, 5 février 2004
Le front contre la fraude électorale, communément appelé le groupe des onze, a tenu hier son énième rencontre au siège national du MSP. A l’issue de ce conclave, les onze ont rendu public un communiqué commun pour dénoncer les dernières «concessions» faites par le pouvoir et qui sont assimilées à des «garanties en trompe-l’œil».
Tout en dénonçant les pressions exercées sur les citoyens, les signataires du communiqué ont par ailleurs accusé le cercle présidentiel de pratiquer la politique de la fuite en avant. Pour soutenir leurs dires, les onze ont refusé de tenir leur meeting, prévu pour mardi prochain, à la salle Ibn Khaldoun. A ce titre, il faut rappeler que le RCD avait demandé, au nom du groupe, l’organisation de ce meeting à la salle Atlas. Tout en autorisant ce regroupement populaire, le ministère de l’Intérieur a toutefois exigé qu’il soit tenu à la salle Ibn Khaldoun. Le motif invoqué par le département de Zerhouni pour justifier le changement du lieu, à savoir la réfection en cours de la salle Atlas, ne semble pas convaincre les initiateurs de cette manifestation. «C’est une tentative d’interdire au peuple algérien, dans toutes ses franges, d’exprimer publiquement son opinion», est-il noté dans le communiqué. Pour ce faire, les «frondeurs» ont réitéré leur demande initiale pour tenir le meeting dans une salle «à la mesure de la gravité de la situation», est-il exigé. Abordant les questions liées à l’installation d’une «commission gouvernementale» pour surveiller l’élection présidentielle et l’invitation des observateurs étrangers pour superviser le déroulement de ce scrutin, les onze ont estimé que «le pouvoir en place cherche à leurrer l’opinion publique et à crédibiliser un simulacre de scrutin aux yeux des pays étrangers». Pour les signataires du communiqué «la présence des observateurs internationaux ne sera crédible que si cette action est inscrite dans un processus global devant garantir le libre choix au peuple algérien». Ainsi, en plus de la revendication liée à la mise en place d’une commission nationale indépendante chargée de la préparation et de l’organisation de la prochaine échéance électorale, le front contre la fraude a encore une fois insisté sur le départ du gouvernement dirigé par Ahmed Ouyahia et suggéré son remplacement par un cabinet intérimaire. Sur un autre volet, le front contre la fraude s’est attelé à la rédaction d’un rapport très critique à l’égard de Bouteflika qui s’est rendu coupable, selon le groupe des onze, de la violation de principes constitutionnels, de la vassalisation de l’administration et de l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire à des fins purement électoralistes. Ce mémorandum, une sorte de pamphlet contre Bouteflika, sera adressé aux présidents des deux chambres parlementaires, à savoir M. Karim Younès, président de l’APN, et M. Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation, les seuls habilités, de par leur statut, à saisir le président du Conseil constitutionnel. Le chef d’état-major de l’ANP sera également destinataire d’une copie du rapport. D’aucuns estiment, qu’à travers ce rapport, le groupe des onze ne vise ni plus ni moins qu’à mettre le «candidat» Bouteflika hors course.
Par A. Benchabane