Taleb veut s’engager

UNE TOURNEE POUR UNE CANDIDATURE

Taleb veut s’engager

El Watan, 1 décembre 2003

Ahmed Taleb El Ibrahimi, candidat potentiel à l’élection présidentielle de 2004, fera durant le mois courant une tournée à travers le pays. Cette tournée, prélude à la future campagne de persuasion, conduira le chef de Wafa (parti non encore agréé) dans les wilayas de Laghouat, Ghardaïa, Adrar, Béchar, Sétif, Constantine, Mila, Oum El Bouaghi, Skikda, Mostaganem, Mascara et Relizane.

L’ex-candidat à la présidentielle de 1999 avait entamé ses déplacements l’été dernier. Il s’était rendu à Aïn Témouchent, Sidi Bel Abbès, Djelfa, Guelma et M’sila. Selon Mohamed Saïd, proche conseiller d’Ahmed Taleb El Ibrahimi, le futur candidat à la magistrature suprême animera, à chaque halte, des conférences-débats en présence des membres de la société civile et des partis. Ces conférences seront-elles l’occasion de présenter le programme électoral du candidat ? «Nous allons enrichir le programme, déjà présenté en 1999, par de nouveaux éléments survenus sur le plan national et international. Nous allons profiter également des débats avec les citoyens pour mettre à jour ce programme», explique Mohamed Saïd. «Raffermir l’unité nationale», «renforcer l’autorité de l’Etat et de ses institutions» et «enraciner le système démocratique dans la société et les institutions» étaient les idées-clefs sur lesquelles était bâti le projet d’Ahmed Taleb El Ibrahimi en 1999. Selon Mohamed Saïd, la candidature d’Ahmed Taleb El Ibrahimi n’est pas encore confirmée. «Vous savez que nous avons exigé des garanties pour aller à la prochaine consultation. Nous attendons pour voir plus clair», déclare-t-il. Lors de ses précédentes sorties publiques, Ahmed Taleb El Ibrahimi avait conditionné sa participation à la présidentielle par la neutralité de l’administration, la transparence et l’équité dans l’utilisation et la distribution de l’argent public. Le cabinet d’Ahmed Ouyahia est, dans l’entourage d’Ahmed Taleb El Ibrahimi, qualifié de gouvernement de la fraude. Ahmed Ouyahia a été publiquement accusé par l’opposition d’avoir organisé et cautionné les irrégularités qui ont émaillé les élections locales et législatives de 1997. Créé à la même année, le RND, dont Ahmed Ouyahia est actuel secrétaire général, avait emporté ces deux scrutins. Les accusations de fraude avaient fait l’objet d’une enquête parlementaire dont le rapport n’a jamais été rendu public officiellement. «Nous voulons que l’actuel ministre de l’Intérieur soit éloigné de la préparation et de l’organisation de l’élection présidentielle. M.Zerhouni a publiquement affiché ses positions et son soutien à l’actuel président de la République, lui-même candidat», relève Mohamed Saïd. L’exigence de garanties doit, selon lui, concerner l’ensemble des partis, des personnalités et de la société. Est-il question d’un «front» antifraude ? «La démarche doit être commune», explique Mohamed Saïd qui annonce que des contacts sont établis actuellement avec le général à la retraite Rachid Benyellès, candidat potentiel lui aussi à la présidentielle, et l’avocat Ali Yahia Abdenour, président de la Ligue algérienne de la défense des droits de l’homme (LADDH). Des contacts à élargir, selon lui. En 1999, Ahmed Taleb El Ibrahimi s’était retiré, à la dernière minute, de la candidature à la présidentielle en compagnie de cinq autres prétendants : Hocine Aït Ahmed, Mouloud Hamrouche, Abdallah Djaballah, Mokdad Sifi et Youcef Khatib. Le retrait était motivé par la fraude en faveur d’Abdelaziz Bouteflika, candidat soutenu alors par les militaires. Justement, Mohamed Saïd insiste sur «la neutralité» de l’armée pour le prochain scrutin. Lors d’un débat à Aïn Témouchent, en novembre dernier, Ahmed Taleb El Ibrahimi avait déclaré que l’armée avait donné des signes «qui laissent croire à sa neutralité avant et lors de la future consultation électorale». Il faisait allusion aux propos tenus dans les colonnes de l’hebdomadaire français Le Point, en janvier 2003, par le chef de l’état-major de l’ANP, le général de corps d’armée Mohamed Lamari, selon lesquels l’armée n’aurait pas de candidat pour la présidentielle. En 2001, à la faveur d’une conférence à l’Institut français des relations internationales (Ifri) à Paris, Ahmed Taleb El Ibrahimi avait déclaré que l’armée devait «se retirer de la vie politique». Il avait relevé aussi qu’il existait au sein des chefs militaires «des interlocuteurs ouverts au dialogue». «Un certain nombre de généraux, de même que le chef de l’Etat, ne souhaitent pas réellement de solution à la crise. Ils savent en effet que l’issue de cette dernière, ce serait signer leur mort politique», avait déclaré, en 2001, Ahmed Taleb El Ibrahimi au quotidien français Le Monde. A propos de l’agrément de Wafa, Mohamed Saïd indique que sur le plan de la loi «le parti existe». «C’est le ministère de l’Intérieur qui est hors la loi. Nous continuons à militer pour l’ouverture des champs médiatique et politique et pour la reconnaissance de Wafa et du Front démocratique (parti de Sid Ahmed Ghozali, ndlr)», déclare-t-il.

Par Fayçal Métaoui