L’indigence politique et le besoin de sérieux

Crise au FLN

L’indigence politique et le besoin de sérieux

Le Quotidien d’Oran, 9 juin 2003

Les débordements de voyous que connaît le FLN en crise confortent des pratiques dangereuses qui plongent l’Algérie dans une fragilité sans cesse plus effrayante.

Ce qui se passe ces jours-ci dans les rangs du FLN confirme l’état de déliquescence dans lequel évolue le paysage politique national. Il confirme le délitement d’un parti au coeur du dispositif de l’Etat algérien.

Censés constituer une avant-garde susceptible de canaliser, encadrer et démocratiser jusqu’à la contestation, des militants d’un parti qui s’est toujours targué d’être le bastion du nationalisme et du patriotisme, se sont comportés comme des politiciens de bas étage pour régler des comptes à la manière de brutes.

Ces événements désolants rappellent ceux tragiques qui avaient entaché les élections de 1997. A cette époque-là, le RND faisait la vogue. Ses «militants » avaient usé de tous les moyens «conventionnels et non-conventionnels» pour accaparer la majorité des sièges locaux.

Ils avaient déjà assuré auparavant ceux législatifs. En comptant avec les deux, le RND avait la majorité absolue. Le FLN avait cautionné sans piper mot. En s’éclipsant avec le rapport, le président-député FLN de la commission avait même contribué à faire taire les voix parlementaires qui, juste le temps d’une enquête, avaient crié au scandale électoral.

Le parlement avait continué à fonctionner avec toute l’illégalité qui a précédé son institution. Aucune représentation partisane n’a jugé utile de se retirer complètement de l’hémicycle. Aujourd’hui, ceux du FLN qui claironnent publiquement qu’ils ont «monté » le coup avec «d’autres militants» sont connus pour avoir servi et s’être servi au sein d’un système que la logique rentière a rendu vil. L’Algérie souffre terriblement d’un manque de sérieux. La gestion des affaires de l’Etat s’est depuis l’indépendance pliée à des considérations claniques, clientélistes et autres pratiques maffieuses dont l’onde de choc a provoqué de graves troubles au niveau social le plus infime.

La fragilité dont souffre les fondements de l’Etat algérien est sans commune mesure. Les choix faits au lendemain de l’indépendance et les méthodes choisies pour leur mise en oeuvre ont ruiné un pays qui pourtant n’a jamais manqué de vitalité. A force de voir l’incurie s’ériger en loi, l’on ne peut s’étonner de ce qui se passe aujourd’hui au FLN. Pourtant, ces faits ignobles sont annonciateurs d’une reconduction de pratiques détestables de gestion de pouvoirs. Ils laissent en tout cas planer le spectre d’une élection présidentielle biaisée dès le départ, opaque et sans rapport aucun avec le choix des électeurs.

La pratique politique à quelques niveaux qui soient, n’en finit pas de baigner dans l’incurie. Vieux parti qu’il est, le FLN devra saisir cette période de déliquescence de ses rangs pour tenter la démocratie, la vraie. Son appartenance au pouvoir en place le prédestine peut-être à ce genre d’acte ne serait-ce que pour rendre compte à l’histoire. A condition bien sûr que ceux qui le gouverne soient animés de bonne volonté.

Ils devront s’employer en premier lieu à mettre un terme aux agissements de ceux qui sont toujours en quête de complots et que le pouvoir qualifie par indécence, d’hommes d’Etat.

Ghania Oukazi