L’homme du siècle algérien

Aït Ahmed sera enterré à Aïn El Hammam

L’homme du siècle algérien

El Watan, 25 décembre 2015

Hocine Aït Ahmed, décédé mercredi à Lausanne, sera enterré dans son village natal à Aïn El Hammam, Tizi Ouzou. Le jour de ses obsèques n’est toujours pas rendu public. Le président Bouteflika a fini hier par décréter un deuil national de 8 jours à compter d’aujourd’hui. Retour sur une icône de la Révolution algérienne et le pionner de l’opposition.

Au lendemain du décès de la figure de proue du mouvement national et fondateur du FFS, Hocine Aït Ahmed, la commune d’Aït Yahia, dans la daïra de Aïn El Hammam, à 50 kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou, a connu une grande affluence de citoyens qui se sont déplacés, hier, sans discontinuer au village Ath Ahmed pour présenter leurs condoléances à la famille du défunt.

D’ailleurs, nous avons même remarqué la présence de personnes venues d’autres wilayas pour rendre hommage au révolutionnaire disparu. Boussad, l’un des membres de la famille du regretté, nous a confirmé que Hocine Aït Ahmed allait être inhumé dans son village, comme il l’avait souhaité de son vivant. «Il sera inhumé ici, à Ath Ahmed. C’est lui, en personne, qui a voulu être enterré dans son village.

Donc, on doit respecter son souhait. Je peux vous dire que Dda El Hocine n’appartient pas seulement à la famille Aït Ahmed, mais il appartient à toute l’Algérie. C’est un homme qui a accompli sa mission de nationaliste et de défenseur des droits de l’homme ainsi que de militant pour la liberté et la démocratie. Il était un farouche opposant qui a toujours été aussi à l’avant-garde du projet démocratique en Algérie. Son combat ne sera pas vain», nous a précisé notre interlocuteur.

Ce dernier nous a expliqué également qu’il est en contact permanent avec la femme et les enfants de Hocine Aït Ahmed qui l’informent sur toutes les démarches inhérentes au rapatriement de la dépouille. «Je ne peux pas vous donner le jour de l’arrivée de la dépouille de Genève. Mais une chose est sûre, l’enterrement n’aura pas lieu avant lundi», nous a-t-il affirmé tout en précisant que les préparatifs des obsèques sont en cours. D’ailleurs, même les collectivités locales et les services de la direction des travaux publics ont mobilisé tous leurs engins pour entreprendre des travaux de nettoyage de la route desservant le village.

D’autres militants de la démocratie, des anciens du FFS, sont venus de plusieurs régions de la Kabylie. Un sexagénaire de Raffour, dans la wilaya de Bouira, nous a donné un témoignage émouvant sur le défunt qu’il considère comme l’un des hommes qui ont marqué de leur empreinte l’histoire du pays.

Nous avons trouvé également au village d’Aït Ahmed des élus de différentes tendances politiques. Mohamed Boukhtouche, maire de Souamaâ, dans la daïra de Mekla, nous dira quelques mots sur la disparition du fondateur du FFS : «Nous venons de perdre l’un des pères fondateurs de la nation algérienne.

Il faut dire aussi que l’Algérie a perdu l’ultime chance d’instaurer un régime démocratique, comme l’a souhaité Hocine Aït Ahmed», nous a-t-il déclaré. Dans l’après-midi, nous avons remarqué l’arrivée d’une délégation conduite par le secrétaire général de la wilaya. Un membre de celle-ci a souligné que «les funérailles de Hocine Aït Ahmed seront organisées à la hauteur d’un grand homme d’Etat.

Tous les frais engagés par le comité de village, l’APC où les associations dans le cadre de l’organisation de cet événement seront pris en charge par les services de la wilaya de Tizi Ouzou.» Même en fin de journée, des dizaines de citoyens continuaient à affluer vers la zaouia de Cheikh Mohand Oulhocine, grand-père de Hocine Aït Ahmed, où se poursuivent les préparatifs des funérailles du défunt. Par ailleurs, notons que la fédération de wilaya du FFS a décidé d’organiser pour aujourd’hui un regroupement d’élus et militants à la maison de la Culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, et ce, en hommage à Hocine Aït Ahmed.

L’hommage de Bouteflika

Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a qualifié hier le défunt Hocine Aït Ahmed de «sommité dont les valeurs humaines, la finesse et l’intelligence politique inégalées» avaient «éclairé un pan de l’histoire du militantisme algérien et marqué de leur empreinte l’histoire de tous les mouvements de libération de par le monde».

Dans un message de condoléances adressé à la famille et proches du défunt, le président Bouteflika a écrit : «L’un des grands hommes de l’Algérie, un éminent militant et un dirigeant historique hors pair, le moudjahid Hocine Aït Ahmed vient de nous quitter… Louanges à Dieu, à la volonté duquel nous ne pouvons que nous résigner car nul n’est éternel.

Mais il peine à l’Algérie de perdre une sommité de la trempe de Hocine Aït Ahmed dont les valeurs humaines, la finesse et l’intelligence politique ont éclairé un pan de l’histoire du militantisme algérien et marqué de leur empreinte l’histoire de tous les mouvements de libération de par le monde…

Je ne saurais me consoler de la disparition de cet homme fidèle à sa patrie, soucieux de l’unité de sa Nation, courageux dans ses positions, attaché à ses principes, affable, constructif dans ses critiques, digne dans son opposition à l’égard de certains responsables dont il contestait le mode de gouvernance et la méthode de gestion.

Un homme qui se refusait à la surenchère et aux compromissions lorsqu’il s’agissait de questions cruciales intéressant sa patrie», a écrit le président de la République….

Ni moi, ni le peuple algérien, ni l’Histoire n’oublierons le regretté Hocine Aït Ahmed qui s’était dévoué pour son pays, qui est resté fidèle à son peuple et a honoré le serment.

L’Algérie a perdu en la personne de Hocine Aït Ahmed un de ses grands hommes qui a accompli avec abnégation et dévouement son devoir de militant et de moudjahid», lit-on dans le message. APS

Hafid Azzouzi