Djaballah: Abassi et Benhadj pensaient en 1993 que l’Etat allait s’écrouler

Djaballah à El Djazira

Abassi et Benhadj pensaient en 1993 que l’Etat allait s’écrouler

par Ziad Salah, Le Jeune Indépendant, 7 août 2005

L’émission Ziara khassa (visite privée) d’El-Djazira, diffusée dans la soirée de vendredi, a donné la parole au président du MRN, M. Abdellah Djaballah, qui a dévoilé son rôle de médiateur avec le FIS dissous lorsque Liamine Zeroual occupait le poste de ministre de la Défense puis président de l’Etat.

M. Djaballah affirma clairement qu’il avait été chargé par Zeroual d’arracher à Ali Benhadj et Abassi Madani, alors incarcérés, une condamnation des attentats terroristes, encore à leur débuts, en échange de leur élargissement ou au moins de l’allègement de leur peine.

Selon M. Djaballah, les deux dirigeants du FIS dissous ont refusé de prendre une quelconque initiative dans ce sens, parce qu’ils étaient convaincus de l’imminence de l’écroulement de l’Etat algérien après les coups assénés par le terrorisme.

Pis, ajouta Djaballah, Abassi et Benhadj avaient même refusé de parapher le document du contrat national signé à Sant’Egidio à Rome malgré la participation de deux représentants du FIS dissous à la confection du document. Par la suite, a poursuivi Djaballah, lorsque Zeroual est devenu chef de l’Etat, c’est lui qui avait proposé les noms des quatre leaders du parti dissous qui ont été élargis en 1994.

Revenant sur son passé de militant dans la mouvance islamiste, Djaballah a revendiqué la paternité de l’introduction de la pensée des Frères musulmans en Algérie où son adhésion à ce courant, remonte, selon lui, aux années soixante-dix lorsqu’il était encore étudiant.

Concernant sa relation avec les autres leaders du mouvement islamiste algérien, Djaballah a affirmé qu’il n’avait jamais rencontré Bouyali, auteur des premiers attentats terroristes en Algérie en 1986. Il devait ajouter que les djazaaristes se revendiquant de Malek Bennabi avaient une audience limitée dans les campus universitaires, contrairement au groupe qui portait son nom et qui était actif dans plusieurs universités de l’est et du centre du pays.

Au lendemain des évènements du 5 octobre 1988, «le groupe Djaballah» donnera naissance à une association dite «Ennahda» qui avait pris une coloration plutôt culturelle. Djaballah a affirmé que, durant les années 1990, il avait des contacts avec les leaders du FIS dissous dans le cadre de la «Rabita el Islamiya» que présidait feu Cheikh Sahnoun.

Il révèle aussi qu’à la veille des élections législatives de décembre 1991, il avait proposé aux leaders du parti dissous de ne pas présenter de candidats dans toutes les circonscriptions électorales. «J’ai proposé qu’ils cèdent aux autres mouvements islamistes des circonscriptions pour que la victoire soit pour l’ensemble des islamistes, sans ébranler le pouvoir en place.» A propos de sa relation avec le pouvoir, Djaballah ne s’est pas trop étalé.

Il devait néanmoins évoquer la longue missive envoyée au président Chadli Bendjedid dans laquelle il lui conseillait de veiller au respect des recommandations religieuses. Il reconnaît qu’il avait rencontré à plusieurs reprises le général Liamine Zeroual en tant que ministre de la Défense puis en tant que chef de l’Etat.

Dévoilant quelques traits de sa personnalité, Djaballah a affirmé que le théâtre, la musique et le cinéma sont des futilités générant uniquement une perte de temps. Il s’est prononcé en faveur de la polygamie et a révélé qu’il avait refusé une invitation de visiter les Etats-Unis tout en acceptant de recevoir l’ambassadeur américain à Alger.

Z. S.