Ali Benflis s’en va

REUNION AUJOURD’HUI DU COMITE CENTRAL DU FLN

Ali Benflis s’en va

El Watan, 19 avril 2004

Nouvelle épreuve de force, aujourd’hui, entre les «redresseurs» et les partisans de M. Ali Benflis. Candidat malheureux à l’élection présidentielle, M. Benflis a déposé, samedi, sa démission du poste de secrétaire général du FLN. Celle-ci devra être entérinée lors de la réunion du comité central (CC) du parti issu du 7e congrès convoqué pour aujourd’hui à l’hôtel Sables d’or (Zéralda).

Une réunion qui ne fait pas l’unanimité au sein de l’ex-parti unique. En effet, la tête de file des «redresseurs», M. Abdelaziz Belkhadem, a appelé les 243 membres de cette instance à ne pas répondre à l’appel de M. Benflis. Tout en déniant toute légitimité à ce dernier, il préfère aller directement à un congrès réunificateur. Affaibli par le score de 6,42 % obtenu à l’élection présidentielle, M. Benflis réussira-t-il à rassembler les deux tiers du CC d’autant que de nombreuses informations font état du basculement de nombre d’entre eux dans le camp des «redresseurs» ? Avec l’invalidation du 8e congrès par la chambre administrative près la cour d’Alger et la dissolution des instances dirigeantes issues de ces assises, le FLN s’est de fait retrouvé dans une situation de vide juridique. La décision de justice, rendue dans les conditions que l’on sait, le somme de se conformer aux lois de la République et à ses propres statuts, sans pour autant préciser le modus operandi. C’est tout l’objet de la polémique entre les partisans de M. Benflis et ceux de M. Belkhadem. Les premiers cités tiennent coûte que coûte à la réunion du CC, estimant que M. Benflis reste le SG du parti, si on devait retourner au 7e congrès. Devant cet imbroglio juridique et organique, ils indiquent que le CC du 7e congrès reste «le seul cadre légal» qui s’offre aux militants. «Malgré tout ce qu’on peut dire sur sa légitimité, le CC demeure le meilleur cadre pour régler les problèmes. Le manque de légitimité vaut mieux que l’absence totale de légitimité», affirme le porte-parole du FLN, M. Abdeslam Medjahed, qui se dit confiant quant à la capacité de réunir le quorum à Zéralda. Il affirme que la tenue d’un nouveau congrès doit être préparée par une commission nationale, laquelle doit être désignée par le CC suivant des critères définis par les statuts. Pour M. Medjahed, l’appel des redresseurs à ne pas assister au CC et à un retrait de confiance à Ali Benflis est la «preuve» de la reconnaissance de la «légitimité» de M. Benflis en qualité de secrétaire général du FLN. «S’ils ont un meilleur cadre légitime en dehors du CC, alors qu’ils le proposent», poursuit-il. Fort de son soutien au président Bouteflika, le mouvement de «redressement» maintient le cap sur le congrès de réunification, ne reconnaissant aucune légitimité à M. Benflis pour convoquer le CC. «L’initiative de Benflis est un acte illégal, car il n’est plus secrétaire général depuis le 3 mars 2003 conformément à l’article 22 du statut du parti. Le mandat du SG est de cinq ans, alors que M. Benflis a été chargé de terminer le mandat de Boualem Benhamouda», affirme M. Si Affif, membre des «redresseurs». «Cette tentative, poursuit-il, n’est qu’une manœuvre supplémentaire de vouloir impliquer le parti et les membres du CC dans sa propre défaite politique, car le score reflète à l’évidence que les militants du FLN ont opté pour Bouteflika. Sa démission, qui en principe découle d’elle-même, n’a pas besoin qu’on réunisse un CC (…). Notre mémoire est intacte pour ne pas oublier que Benflis a exclu et marginalisé près de 100 membres du CC du 7e congrès lors des élections législatives et locales de 2002 et lors du 8e congrès en les remplaçant par une clientèle étrangère au parti.» Estimant que le FLN s’est retrouvé dans une crise politique et organique, M. Si Affif affirme qu’il est temps de revenir aux «urnes» en allant à un congrès de réunification, prévu avant la fin juin. Un congrès devant être préparé, précise-t-il, «par le bureau national, plébiscité par les militants lors du congrès d’étape tenu les 22 et 23 janvier dernier».

Par Amar Hamiche