Il y a quarante jours, Hocine Aït Ahmed nous quittait
Recueillement à Ath Ahmed et hommage à Alger
Il y a quarante jours, Hocine Aït Ahmed nous quittait
El Watan, 4 février 2016
L’hommage que l’Algérie lui avait rendu le jour de l’arrivée de sa dépouille mortelle en Algérie et de son enterrement, un vendredi 1er janvier, dans son village natal a montré au monde l’image d’un homme aimé et respecté par son peuple, un homme qui a choisi de prendre le parti des citoyens et de ne jamais marchander ses valeurs au marché de la surenchère politique.
Quarante jours se sont écoulés depuis que la grande figure du nationalisme algérien et de la démocratie, Hocine Aït Ahmed, a quitté ce monde ici-bas. Dans son village, à Ath Ahmed, Si L’Hocine dort du sommeil du juste et goûte au repos éternel après avoir sacrifié une vie durant pour ses idées et ses convictions de démocrate infatigable et incorruptible.
L’hommage que l’Algérie lui avait rendu le jour de l’arrivée de sa dépouille mortelle en Algérie et de son enterrement, un vendredi 1er janvier, dans son village natal a montré au monde l’image d’un homme aimé et respecté par son peuple, un homme qui a choisi de prendre le parti des citoyens et de ne jamais marchander ses valeurs au marché de la surenchère politique. Hocine Aït Ahmed mit une vie entière au service de l’idéal d’une Algérie libre, prospère et démocratique.
Il a combattu le colonialisme et la dictature en ne laissant à aucune de ces formes d’asservissement des hommes la moindre concession. Les Algériens l’ont compris et ont tenu à lui manifester les plus grands hommages et reconnaissance, lui qui a subi l’arrachement aux siens et forcé à l’exil. Jamais de mémoire d’Algériens, un homme aura rejoint sa dernière demeure dans une telle manifestation populaire.
La présence de centaines de milliers de personnes — dépassant même le million, disent des observateurs — à Ath Ahmed et ses environs vendredi 1er janvier venant de toutes les wilayas du pays et même de l’étranger pour assister à l’enterrement de Hocine Aït Ahmed, a marqué l’histoire et les mémoires. La mémoire collective se rappellera non seulement du parcours et des engagements de l’homme, mais elle se souviendra à jamais de ce 1er janvier rassembleur à Ath Ahmed.
Elle puisera de ce jour l’enseignement que les géants de l’histoire ne meurent jamais, ils se reposent. Elle se ressourcera auprès de cette tombe, qui ne s’est refermée que sur un corps mais qui n’aura jamais raison de l’homme et de ses idées. La mémoire collective portera tel un flambeau l’image de cette Algérie du 1er janvier réconciliée avec elle-même, avec sa pluralité, avec ses contradictions, avec son identité, pour faire jaillir et réaliser l’idéal d’Aït Ahmed pour lequel il milita plus de 70 ans. L’infatigable combattant, hissant le combat politique pacifique comme doctrine, aura livré une dernière leçon à ses détracteurs de tous bords en choisissant d’avoir des funérailles nationales et populaires et d’être enterré dans la simplicité dans son village natal
Ne s’étant jamais coupé des aspirations du peuple, même dans son exil forcé, il était comme naturel pour Aït Ahmed de demander à ce même peuple de l’accompagner à sa dernière demeure. Sa dernière volonté a trouvé écho auprès des Algériens de tous âges qui affluèrent à Aïn El Hammam pour assister à l’enterrement du père de la Révolution et de la démocratie.
Les hommages ne se sont pas arrêtés à accompagner la dépouille, ils se sont manifestés par un formidable élan de reconnaissance des mérites de l’homme dans les médias. La dimension international de Hocine Aït Ahmed n’a pas manqué dans les hommages et la famille du défunt reçut des messages de condoléances de chefs d’Etat et de personnalités politiques et intellectuelles étrangères.
De Palestine, du Maroc, de la Tunisie et d’autres parties du monde, les réactions suite au décès de Si L’Hocine parvenaient de toutes parts avec cette même note de respect et de reconnaissance à la grandeur de l’homme. Dix jours durant, des citoyens par milliers affluaient et noircissaient de signatures les registres de condoléances ouverts au siège national du Front des forces socialistes (FFS) ainsi que dans toutes ses fédérations.
Le quarantième jour du décès de Hocine Aït Ahmed sera, une nouvelle fois, un moment de recueillement et de respect à sa mémoire. Le FFS organisera une cérémonie de recueillement demain à Ath Ahmed, à Aït Yahia, ainsi qu’une rencontre commémorative samedi au palais de la culture Moufdi Zakaria, à Alger, sous l’intitulé : «Un parcours, une pensée, un projet : Hocine Aït Ahmed, l’éthique au cœur de la politique».
Nadjia Bouaricha