Les prisonniers palestiniens défient Israël

Ils entament leur 13e jour de grève de la faim

Les prisonniers palestiniens défient Israël

El Watan, 29 avril 2017

La grève illimitée de la faim menée par plus de 1600 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes se poursuit pour le 13e jour consécutif.

Cette grève — à laquelle a appelé le mouvement Fatah dans les prisons et les centres de détention israéliens — suscite un grand mouvement de solidarité du peuple palestinien, que ce soit en Cisjordanie occupée ou dans la bande de Ghaza. Le meneur de la grève n’est autre que Marwan Barghouti, membre du comité central du Fatah et député au Conseil législatif palestinien, dont l’état de santé s’est subitement détérioré.

Agé de 57 ans Barghouti a été mis dans une cellule d’isolement afin de faire diminuer son influence sur la population carcérale palestinienne. Au début du mouvement, il a envoyé une lettre aux parlementaires du monde entier et à l’Organisation des Nations unies dans laquelle il dit : «Si vous recevez cette lettre, c’est qu’Israël a décidé de poursuivre sa démarche de punition collective illégale et de provocation à l’encontre des prisonniers palestiniens, plutôt que de répondre à leurs demandes légitimes.

Cela veut dire que j’ai été encore une fois placé en isolement comme mes camarades grévistes de la faim. Pourtant, on ne nous fera pas taire ni nous soumettre. La grève de la faim est une action légitime et non violente pour protester, en tant que prisonniers, contre les violations de nos droits humains fondamentaux, tels que garantis par le droit international.»

Parmi les grévistes, il y a aussi Ahmad Saadat, secrétaire général du Front populaire de libération de la Palestine, et d’autres leaders du mouvement nationaliste palestinien.

Le jeudi 27 avril a été déclaré «Journée de colère» marquée par une grève générale dans les Territoires palestiniens occupés, Cisjordanie et bande de Ghaza. En Cisjordanie, des manifestations dans plusieurs régions, où la confrontation avec les forces de l’occupation est directe, se sont transformées en heurts. Des dizaines de blessés par balles en caoutchouc sont à déplorer. Il a été enregistré également des centaines de cas de difficultés respiratoires après inhalation de gaz lacrymogènes toxiques et des dizaines d’arrestations.

Cette campagne de solidarité populaire qui s’est étendue aux Palestiniens communément appelés Arabes d’Israël, s’est poursuivie hier, surtout après la prière du vendredi qui a eu lieu sur des places publiques dans nombre de villes et villages de la Cisjordanie occupée. Les heurts avec les soldats de l’occupant israélien se sont renouvelés à l’image des scènes vécues jeudi. Le comité des prisonniers et des libérés a lancé des appels à la communauté internationale pour une intervention urgente afin de sauver la vie des prisonniers, surtout que la grève de la faim entre dans une étape qui représente un véritable danger pour leur vie.

Les prisonniers refusent de prendre des additifs nutritifs et menacent également d’arrêter de boire de l’eau. Les autorités israéliennes semblent, quant à elles, obstinées à ne pas satisfaire les réclamations humanitaires des prisonniers palestiniens, qui pour leur part ont fait le serment d’aller jusqu’au bout de leur action, quelles que soient les conséquences. La bataille ne fait que commencer.
Fares Chahine