Le printemps sera palestinien ou ne sera pas

Le printemps sera palestinien ou ne sera pas

par M. Saadoune, Le Quotidien d’Oran, 16 mai 2011

Les grandes métropoles s’affligent quand le camp de réfugiés a un petit peu de joie. Au risque de catastropher les philosophes de bazar dépoitraillés, les Palestiniens continueront de combattre, d’espérer et de rechercher leur unité, leur seule arme dans un monde hostile.

Hier, pour le 63e anniversaire de la Nakba, ils sont sortis dans les territoires occupés, ils ont eu des morts et ils ont pris date qu’ils ne cesseront pas de lutter. C’est cela le destin des Palestiniens. Reprendre le chemin de la lutte, s’accrocher à la terre et au retour et ne pas renoncer parce que l’ordre des puissants veut vous réduire à néant. Et ils reprennent ce travail patient et dur de la lutte et surprennent, à chaque fois, les fossoyeurs qui ont cru les avoir enterrés.

Les Palestiniens ont été privés par les Etats croupions d’un soutien stratégique à leur lutte, ils ont été souvent seuls. Très seuls. D’une solitude qui a inspiré les vers les plus poignants du grand Mahmoud Darwiche: «Combien tu étais seul, fils de ma mère, fils de plus d’un père, combien tu étais seul».

Par une extraordinaire manœuvre de diversion, les faiseurs d’opinions occidentaux ont cru pouvoir opposer la cause des Palestiniens aux mouvements «printaniers» dans le monde arabe. Et pourtant, même quand la place Al-Tahrir était toujours en lutte et que Hosni Moubarak et ses sbires faisaient de la «résistance» avec le soutien des Occidentaux, Ghaza, étouffée, étranglée, encerclée, s’est sentie moins seule.

Hier, alors que les médias internationaux focalisaient sur le scandale sexuel dans lequel est impliqué le patron du FMI, les Palestiniens de l’intérieur comme ceux de l’extérieur ont redit qu’ils ne renonçaient pas. Ils ont dit que leur unité retrouvée est une bénédiction et un bien précieux auquel ils resteront attachés, quitte à déplaire aux Occidentaux. Et ils savent qu’il faut déplaire aux Occidentaux.

Les Palestiniens ont redécouvert – même si on a voulu les en faire douter – que les peuples sont toujours solidaires. Dans les territoires occupés, au Golan, au Sud Liban, à El-Arrich, des hommes et des femmes sont venus encercler les assiégeurs. Ils ont signifié aux capitales occidentales qu’ils ne les laisseront pas voler le printemps arabe. Les grandes métropoles n’aimeront jamais ces Palestiniens qui, par leur seule présence endurante et leur entêtement à être, perturbent toutes les lectures que les puissants veulent imposer.

C’est que l’on est dans des temps bizarres où les ennemis de tous les Palestiniens décrètent que leur union est une «catastrophe». Ce sont ces ennemis-là qui flattent les jeunes du printemps arabe et attendent d’eux une approbation de l’écrasement des Palestiniens. Ils sont affligés. Car ils découvrent que pour les jeunes Arabes, le printemps sera palestinien ou ne sera pas.