Les pesticides pour affamer les Palestiniens
El Watan, 6 avril 2018
Le conflit israélo-palestinien, qui dure maintenant depuis près de 70 ans, se manifeste aussi par l’emploi des armes de guerre chimiques avec l’utilisation de pesticides par Israël.
Trois cents mètres de large, cela paraît peu, mais au total ce sont 35% de la superficie agricole de la bande de Ghaza qui, rappelons-le, fait 40 km de long et 12 km dans sa plus grande largeur. Soit 360 km² où s’entassent 2 millions de Palestiniens dans des conditions effroyables avec le silence complice des pays occidentaux qui, récemment encore, se sont illustrés par le black-out le 30 mars sur la mort de 17 Palestiniens et plus de 1400 blessés qui dénonçaient le blocus de Ghaza par Israël.
«Les pesticides ont été des armes de guerre avant de se retrouver dans nos assiettes et cumulés dans nos notre corps en infestant les sols de la planète avec leur emploi intensif dans l’agriculture conventionnelle.» (Le Monde selon Monsanto de Marie-Monique Robin, ARTE éditions). Ils sont connus et employés dès la Secondaire Guerre mondiale avec le «gaz moutarde», composé essentiellement de chlore qui, répandu dans les tranchées, tuait atrocement les soldats par asphyxie. Puis dans la guerre du Vietnam de 1961 à 1971 avec l’agent orange, puissant défoliant déversé à près de 100 millions de litres sur 3 millions d’hectares des forêts du Laos, du Cambodge et du Vietnam.
Les pesticides sont également connus pour être à l’origine de la dioxine, le produit chimique le plus dangereux qui n’ait jamais existé «à l’origine de maladies de la peau, de cancers et de malformations qui auraient fait entre 2 et 5 millions de victimes», (Guerres & Histoires, août 2012, Christophe Magdalaine planète-info).
Des armes de guerre
Pour se prémunir des «incursions», terme employé par les occupants israéliens, la bande de 300 m est maintenue nue, vierge de toute végétation. Régulièrement l’armée israélienne pulvérise des pesticides et autres produits du genre qui, bien entendu, se répandent aussi au-delà, affectant les cultures des Ghazaouis. Dans une vidéo reprise par RT France, Amar Chamallakh, agriculteur palestinien est affecté par les épandages.
Selon Planète-Info, la zone d’épandage est une étendue sablonneuse avec donc des sols très fragiles. «La disparition de la couverture végétale et le tassement du sol ont dégradé la terre et l’ont rendue vulnérable à une désertification pérenne.» RT rapporte encore que le ministère palestinien de l’Agriculture a vivement protesté contre ces agissements.
Nabil Abou Chammala, son directeur de la planification, a dénoncé ces pratiques de l’armée israélienne préjudiciables aux agriculteurs palestiniens. «L’occupation israélienne a l’habitude de détruire toutes les infrastructures agricoles, surtout dans la zone tampon.»
Ces entreprises de l’armée israélienne visent à mener un travail de sape sur l’économie ghazaouie. «Ces attaques israéliennes n’ont qu’un objectif : tuer l’économie palestinienne qui alimente les habitants de Ghaza.» Le consulat général de France à Jérusalem, dans un rapport de septembre 2017, fait état d’une baisse spectaculaire la part de l’agriculture dans le PIB ghazaoui, passée entre 1994 et 2015 de 12% à 3,3%, pour des territoires également très affectés par le blocus d’Israël et de l’Egypte depuis 2007.
«A Ghaza, la production agricole est principalement composée de légumes, roses, tulipes, olives et de fraises», indique encore le rapport du consulat. Soumise à de nombreuses contraintes liées à l’occupation, l’agriculture palestinienne est caractérisée par une faible productivité. Le rendement moyen de l’agriculture en Cisjordanie et à Ghaza équivaut à environ 50% du rendement en Jordanie et à 43% de celui en Israël, bien que dans la même zone agro-écologique. La bande de Ghaza a poursuivi sa trajectoire de «dé-développement» révèle un récent rapport de l’ONU intitulé «Gaza – 10 ans après».
En effet, l’agriculture connaît un déclin notable depuis une vingtaine d’années, sa part dans le PIB est passée de 12 à 3,3% entre 1994 et 2015. Activité majeure de l’économie palestinienne pour l’emploi et la sécurité alimentaire, elle est devenue dépendante des importations agricoles et agroalimentaires (près de 1,4 Md USD).
Elle est fortement affectée par les restrictions à la terre, à l’eau et aux marchés extérieurs imposées par l’occupation israélienne et au blocus de Ghaza. L’Etat palestinien est reconnu officiellement par 136 pays (dont la Russie et la Chine), mais n’est pas par les pays occidentaux, comme les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, le Canada, l’Australie ou la Grande-Bretagne.
Slim Sadki