L’OLP coupe les ponts avec l’Amérique de Trump

Les Palestiniens annoncent la poursuite des protestations

L’OLP coupe les ponts avec l’Amérique de Trump

Ghaza
De notre correspondant, El Watan, 17 mai 2018

En réaction au transfert de Tel-Aviv à Al Qods de l’ambassade américaine en Israël, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a décidé, dans la soirée de mardi, de rappeler le représentant l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) aux Etats-Unis.

Des ambassadeurs palestiniens dans quatre pays de l’Union européenne ayant envoyé des représentants pour la cérémonie d’ouverture de l’ambassade américaine à Al Qods occupée ont également été rappelés. Il s’agit de l’Autriche, la Hongrie, la République tchèque et la Roumanie.

Cette décision concorde avec les déclarations faites le même jour par l’ambassadeur de Palestine en Russie, Abdelhafiz Nofal, qui a annoncé que l’Autorité palestinienne procédera à une «révision profonde» de sa position politique sur diverses questions en relation avec l’occupant israélien, au lendemain de la répression sanglante perpétrée à Ghaza par les soldats israéliens.

«Des décisions importantes seront annoncées par nos dirigeants dans les prochains jours. Elles concerneront la position palestinienne vis-à-vis du dossier des réfugiés palestiniens, celui des frontières avec l’occupant, outre le retrait de la reconnaissance de l’Etat d’Israël et l’arrêt des négociations», a déclaré Abdelhafiz Nofal, lors d’une conférence de presse à Moscou.

Le diplomate palestinien a souligné en outre que les autorités palestiniennes ont décidé de «recourir aux différentes organisations internationales des droits de l’homme, de justice et humanitaires pour dénoncer ces crimes odieux perpétrés contre des manifestants pacifiques». Abdelhafiz Nofal a fustigé, en outre, la décision «illégale et contraire à la Charte internationale» de Donald Trump d’ouvrir «une ambassade à Al Qods occupée, décision qui a été prise malgré les mises en garde internationales».

Il a déploré que les Etats-Unis aient pris «position clairement aux côtés de l’agresseur», ce qui, selon lui, «les disqualifie du rôle de médiateur principal dans le conflit israélo-palestinien». Evoquant la partialité américaine, le diplomate palestinien a cité le blocage, par les Etats-Unis, d’une déclaration du Conseil de sécurité de l’ONU qui demande une enquête sur l’agression israélienne contre les Palestiniens.

Appels à la résistance

«Tuez et estropiez autant que vous voulez, nous ne cesserons pas de revendiquer nos droits.» C’est le message adressé, hier, au gouvernement israélien de droite et à son protecteur et allié l’administration américaine, par la haute commission chargée du suivi de la Grande marche du retour, des manifestations populaires pacifiques qui se déroulent quotidiennement depuis le 30 mars dans les zones frontalières de la bande de Ghaza avec Israël.

Avec 62 martyrs et plus de 2400 blessés, le lundi 14 mai, qui a coïncidé avec l’anniversaire de la proclamation de la création de l’Etat d’Israël et l’inauguration dans la ville d’Al Qods (Jérusalem) de l’ambassade des Etats-Unis, reconnue le 6 décembre 2017 par le président Donald Trump comme capitale de l’Etat hébreu, a été la journée la plus sanglante et la plus meurtrière depuis le lancement de la Grande marche du retour et la fin de la guerre destructrice menée par Israël dans la bande de Ghaza en 2014.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 115 Palestiniens ont été tués par les soldats israéliens et 12 277 autres ont été blessés, dont 3597 par des balles réelles, depuis le 30 mars. Au lieu de faire peur aux Palestiniens et les pousser à arrêter leurs manifestations, ce carnage semble avoir produit chez eux un effet contraire.

Les Palestiniens se sentent davantage galvanisés. Lors d’une conférence de presse tenue à quelques centaines de mètres de la clôture de séparation, qui tient lieu de ligne de frontière avec l’entité sioniste, les organisateurs de cette protestation populaire pacifique ont indiqué que demain sera «la journée de fidélité aux martyrs». En somme, tous les Palestiniens restent mobilisés pour défendre leurs droits et dénoncer les tueries israéliennes.

L’autre éminente halte de la Grande marche du retour a été fixée par la haute commission pour le 5 juin prochain. C’est le 5 juin 1967 qu’Israël a occupé le reste de la Cisjordanie, la ville d’Al Qods (Jérusalem-Est) et de larges territoires arabes, parmi lesquels le Sinaï et le Golan syrien.

Pour les représentants des forces nationalistes et islamistes dans la bande de Ghaza, «les dirigeants de l’Etat hébreu doivent être jugés par un tribunal international pour leurs crimes», ajoutant que «le silence vis-à-vis de ces crimes et de l’embargo israélien qui étouffe Ghaza depuis plus de 11 ans n’est plus acceptable».

La haute commission de suivi des activités populaires pacifiques à la frontière avec Israël a fait porter la responsabilité du massacre perpétré par les soldats israéliens à Ghaza depuis le lancement de la Grande marche du retour aux Etats-Unis.
Moscou insiste sur le futur statut d’El Qods

La position de la Russie sur le statut d’Al Qods est immuable, Moscou considérant cette ville comme «la future capitale de deux Etats indépendants, la Palestine et Israël», a déclaré hier la porte-parole du ministère russes des Affaires étrangères, Maria Zakharova. «Nous voudrions confirmer que la position russe sur Jérusalem reste immuable.

La ville doit devenir la capitale de deux Etats indépendants, la Palestine et Israël, ouverte aux adeptes de toutes les religions monothéistes», a-t-elle souligné lors d’un briefing.

Les forces d’occupation israéliennes ont tué, lundi, 62 Palestiniens et blessé 2500 autres, le long de la frontière de Ghaza. Cette agression est intervenue le jour de l’inauguration à Al Qods occupée de l’ambassade des Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a rappelé le 14 mai que la Russie avait à plusieurs reprises fait connaître sa position contre la décision américaine, en soulignant qu’il était «inacceptable de réviser de la sorte unilatéralement les ententes qui ont été fixées par des décisions de la communauté internationale». R. I.

Fares Chahine