Symposium de soutien aux détenus palestiniens: Adoption de la déclaration d’Alger et de recommandations
par Ghania Oukazi, Le Quotidien d’Oran, 8 décembre 2010
Les appels à la réunification des factions politiques palestiniennes se sont faits multiples et pressants notamment le dernier jour du symposium sur le soutien aux détenus sous l’occupation.
C’était tout au long de la journée du lundi que les interventions des nombreux participants au symposium du FLN qui a choisi de soumettre à débat l’épineuse question des prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes, ont porté dans l’essentiel sur la réunification des rangs palestiniens. Mais à l’étonnement de tous, la déclaration et les recommandations qui ont sanctionné les travaux d’Alger n’y ont pas fait référence. Il est vrai que les deux documents ont été adoptés à la majorité par un vote à main levée mais avaient suscité dès leur lecture de vives protestations à cause notamment de «cette grande omission». De nombreux représentants palestiniens ont demandé à ce que la revendication soit incluse tout au moins dans les recommandations.
«Il n’est pas raisonnable de tenir un congrès de cette importance sur cette terre algérienne de martyrs, de lutte et de sacrifices pour les causes justes et qu’il ne soit pas inscrit dans sa déclaration finale l’appel à la réunification des Palestiniens !», s’est exclamé un ancien responsable palestinien du milieu de la salle du Palais des Nations du Club des Pins. Réponse du secrétaire général du FLN, organisateur et président du symposium, «il n’y a aucun problème, on inclura cet appel dans le document». Il est tout de même curieux qu’un appel aussi important et que l’Algérie a tenu à propager au sein de l’assistance arabe et occidentale venue nombreuse à Alger, n’ait pas fait l’objet d’une consécration dans les documents sanctionnant la rencontre. L’on pourrait admettre que la réunification des factions politiques palestiniennes relève de compétences éminemment politiques voire des Etats mais Abdelaziz Belkhadem lui-même a avoué lundi face aux journalistes que les efforts de la Ligue arabe et des Etats arabes voisins de la Palestine occupée ont été un échec dans le règlement de tout ce qui touche au conflit israélo-arabe. Il est impensable que le FLN l’ait oublié. Il se pourrait plutôt que ce soit une omission bien volontaire en l’absence d’un accord tacite sur la question.
L’on croit que les représentants des partis palestiniens n’aient exprimé à Alger aucune disponibilité à aller de l’avant dans ce sens. L’Algérie aurait certainement aimé à ce que se soit dit clairement. Les efforts du FLN à cet effet ne semblent pourtant pas vains lorsqu’on entend les Palestiniens et autres représentants arabes présents au congrès manifester leur volonté de voir les rangs palestiniens unifiés et serrés. «Les Palestiniens doivent fixer leurs priorités avant toute chose, celle de la réunification de leurs rangs doit en être la première», a estimé un ancien moudjahid algérien venu témoigner sur la guerre de libération nationale. «Faites-nous une faveur qu’on nous vous oubliera jamais, faites mal à Israël en vous unir et arrachez votre indépendance», leur a demandé Belayat qui les a aussi appelés à «poursuivre la résistance militaire et politique contre l’occupant». «Camp David est le cancer de la cause palestinienne, il faut absolument revenir à l’avant Camp David pour pouvoir avancer», leur dit un autre intervenant du FLN. «Ne laissez pas cette carte entre les mains des Israéliens pour saper le processus de paix, unissez-vous autour de la cause !», réclame un ancien condamné à mort algérien.
Imane Nafaâ, cette jolie Palestinienne libérée des prisons israéliennes après dix ans de détention, a le verbe facile et les idées claires. «En venant à Alger, j’ai appris que l’Algérie a été colonisée pendant 130 ans par la France mais la réunification de ses combattants n’a été effective que les 7 dernières années de cette longue période de colonisation», a-t-elle reconnu. «Aidez-nous à nous unir», demande-t-elle soulignant l’exigence de mettre de côté les divergences partisanes et se réunir autour d’un Smig politique fort. «Mon parti est la Palestine ! Soutenez-nous avec le verbe et les actes», plaidera-t-elle. «Je demande à Hamas, à Feth et à tous la réunification, serrez vos rangs. Quand vous aurez votre indépendance, vous aurez tout le temps de vous séparer», leur lancera un militant du FLN en bonne connaissance de cause.
La proposition de la tenue d’un congrès arabe sur la réunification des Palestiniens a bien fait le tour de la salle plénière et des ateliers. Elle semble faire son chemin.
Adoption de la déclaration d’Alger et de recommandations
par G. O.
« Sur la terre de l’héroïsme et des sacrifices, pays d’un million et demi de martyrs, a été tenu le symposium arabe et international sur le soutien aux prisonniers sous l’occupation, en présence de plus de 1.000 personnalités arabes et internationales, parmi elles des dizaines de prisonniers palestiniens et arabes et un certain nombre de proches de prisonniers encore dans les geôles israéliennes,» débute le texte d’une déclaration de 11 points, adoptée lundi en début de soirée au Palais des Nations, à la majorité absolue.
La déclaration appelle à partir de «l’Algérie qui a été brûlée par le feu de la colonisation» les Hommes libres de ce monde à œuvrer pour mettre fin à l’occupation de la Palestine. «La question des prisonniers palestiniens est posée conséquemment au colonialisme sioniste, ce qui consacre la résistance comme un droit inaliénable du peuple palestinien et de la Nation arabe et musulmane.
La résistance est aussi un devoir religieux, national, nationaliste et humanitaire qui oblige la Nation à le prendre en charge et à le soutenir pour libérer la terre, les hommes et les monuments sacrés et consacrer tous les droits spoliés.» (Point 1). La déclaration demande à l’ensemble des institutions internationales et des organisations de droits de l’Homme de défendre les droits des prisonniers «avec tous les moyens et les méthodes.» (P.2).
Le point 3 est consacré exclusivement aux prisonniers d’El Qods, ceux des territoires occupés depuis 1948 et ceux d’El Joulan arabe occupé (Golan) «parce que l’entité sioniste les met en quarantaine, loin de tous les autres prisonniers, se retrouvent ainsi au cœur du conflit et de la lutte pour libérer tous les prisonniers.» Il est demandé «aux forces qui soutiennent et qui ont abdiqué devant les sionistes ( ) de réviser leur position et leur comportement qui sont en totale violation avec les valeurs, les principes et les lois consacrant les droits de l’Homme dans le monde.»
Il est noté dans la déclaration d’Alger qu’il existe plus de 8.000 prisonniers palestiniens et arabes, entre hommes et femmes, dans les prisons et les camps de détention israéliens. «Ce qui doit pousser la Nation à combattre le colonialisme sioniste ( ).» La déclaration dénonce et condamne la politique de deux poids deux mesures soutenue par la communauté internationale sur fond d’une impunité de l’entité sioniste sans égale. «La propagande proclamant cette entité comme étant une oasis de la démocratie» est entre autres pointée du doigt. La déclaration d’Alger appelle les organisations internationales de droits de l’Homme locales, arabes et internationales à placer en tête de leurs priorités la question des prisonniers palestiniens et les terrifiantes conditions dans lesquelles ils sont détenus.»
L’appel à l’internationalisation de cette question est consacré dans le P. 8 de la déclaration. Les organisations arabes, régionales et internationales «officielles et citoyennes» sont aussi appelées «à constituer des agences, des entreprises et des instances spéciales pour suivre la question de ces prisonniers des points de vue juridique, humanitaire et social.»
L’internationalisation de la question des prisonniers de la campagne
La nécessité de la constitution d’un réseau mondial pour le soutien des prisonniers sous l’occupation sioniste, exige de la commission préparatoire du congrès d’Alger «de définir les moyens et les méthodes pour rendre ce mécanisme effectif et opérationnel».
Les congressistes d’Alger ont adopté, par ailleurs, 5 recommandations dont la plus importante veut l’internationalisation de la campagne pour le soutien des prisonniers. «La question doit être soutenue dans toutes ses dimensions», recommandent-ils.
Il est aussi demandé d’exiger d’Israël, sous couvert du droit international et à travers les organisations internationales spécialisées, la restitution des corps des détenus décédés dans les prisons sionistes, de connaître les causes de leur mort et aussi le sort des disparus.»
La recommandation 4 appelle à la création d’un fonds de soutien aux familles des prisonniers dont les conditions de vie sont désastreuses.
Il est demandé en dernier, à la commission préparatoire du congrès d’organiser, devant les missions diplomatiques et les institutions concernées, des journées, des manifestations et des meetings de protestation contre l’emprisonnement injuste des Palestiniens. Neuf des participants ont rejeté ces recommandations parce qu’ils ont estimé qu’elles sont soit imprécises, soit incomplètes.
Il a été proposé la constitution d’une délégation à partir des congressistes pour un porte-à-porte des institutions onusiennes et internationales pour défendre la cause des prisonniers palestiniens. Propositions et bien d’autres que Belkhadem a promis d’inclure dans les textes adoptés. Les médias arabes et internationaux ont été sollicités pour battre campagne en faveur de la campagne pour les prisonniers palestiniens.
La clôture du symposium s’est faite dans un moment de grande émotion. Les enfants algériens ont dédié aux enfants palestiniens le sacré vers d’Abou El Kacem Echabi «Que les chaînes se brisent !» Le bouclier du chahid palestinien a été remis par le djihad islamique palestinien au président de la République. Les Irakiens et d’autres factions palestiniennes lui ont remis leurs emblèmes de lutte.