« J’appelle l’Andalousie quand Alep est assiégée »

«J’APPELLE A L’ANDALOUSIE QUAND ALEP EST ASSIEGEE !»

par K.Selim, Le Quotidien d’Oran, 11 décembre 2010

Il fallait une ultime abdication du président Barack Obama pour qu’au sein de la fantomatique Autorité palestinienne, on commence à se rendre compte qu’on les mène en bateau. Le monde entier est désormais édifié que le président de la plus grande puissance de la planète n’est pas en mesure d’obtenir un peu de temps d’arrêt de la colonisation des territoires palestiniens. Le monde entier découvre, une fois de plus, que la légalité internationale ne veut rien dire quand il s’agit d’Israël.

Les Etats-Unis peuvent, au nom d’une légalité douteuse, envahir un pays et provoquer des centaines de milliers de morts, ils ne sont pas en mesure d’obtenir d’Israël qu’il respecte la légalité internationale, juste le temps de sauver la face du faux processus de négociations avec les Palestiniens.

L’ultime abdication de Barack Obama – le discours du Caire a-t-il vraiment eu lieu ? va-t-elle faire ouvrir les yeux à ceux qui se trompent d’adversaires, d’ennemis et de priorités ? Vont-ils enfin admettre – à moins qu’ils n’aient intérêt à la poursuite de la supercherie qu’il n’y a jamais eu de négociations entre les Israéliens et les Palestiniens ?

Les dés étaient d’emblée pipés. Et ce n’était pas un secret pour ceux qui observent froidement de loin un processus où il s’agit de négocier sans fin, alors que l’occupation grignote les terres et organise la purification ethno-religieuse.

Le plus étonnant est que tout cela était visible. Entre un George W Bush exigeant des Palestiniens de tenir compte de la «réalité du terrain» – c’est-à-dire d’accepter la colonisation et une réalité du terrain que l’occupant se charge de modifier quotidiennement – et un Barack Obama qui ne veut plus entendre parler d’arrêt de la colonisation, où est la différence ? Elle n’est au fond que dans la haine franche et ouverte qu’exprimait George W Bush contre les Palestiniens et les musulmans en général.

Obama était-il sincère en parlant d’Etat palestinien ? La question mérite d’être posée, mais la réponse n’est pas essentielle. Ce qu’il faut constater est qu’en définitive, la politique américaine au Proche-Orient n’a pas bougé d’un centimètre dans le soutien total à Israël. Il ne nous intéresse même pas de savoir si Obama a reculé face au lobby israélien qui exerce un contrôle quasi-physique sur le Capitole. Ce qu’il faut constater, avec le renoncement officiel de l’administration américaine à exiger un petit moratoire sur la colonisation, est que ni Mahmoud Abbas ni les responsables arabes, qui appellent à «tuer la tête du serpent» (Iran), ne peuvent prétendre désormais qu’il existe un processus de paix.

On peut en définitive remercier Barack Obama pour avoir enlevé la feuille de vigne dite « processus de paix » qui servait à cacher la nudité des responsables. Car, n’en doutons pas, les rois sont nus. Ils n’ont pas de couverture. Leur soumission absolue au parrain américain ne leur permet même pas de penser à une alternative.

Le ministre de la Défense américain vient une nouvelle fois de se féliciter que les dirigeants arabes soient d’accord avec les USA et Israël sur la «menace iranienne». Ces dirigeants arabes sont comiques ! Mahmoud Darwiche, avec sa politesse raffinée, a immortalisé cette aptitude crétine des dirigeants arabes à créer des diversions qui ne dupent personne : «J’appelle à l’Andalousie quand Alep est assiégée !». Ils en appellent aujourd’hui à la mort de l’Iran, alors que la Palestine est à l’article de la mort ! Quelle indignité !