France: Des sans-papiers algériens en grève de la faim

France

Des sans-papiers algériens en grève de la faim

par Djamel .B, Le Quotidien d’Oran, 22 Août 2007

La police française est intervenue tôt dans la matinée d’hier, pour évacuer une quarantaine de sans-papiers grévistes de la faim, originaires d’Algérie et de Guinée. Selon les associations de soutien aux sans-papiers, cités par l’AFP, les grévistes de la faim étaient installés dans des campements de fortune dans quatre villes du nord de la France. Les mêmes sources indiquent que les personnes interpellées auraient été conduites à la police des frontières et au commissariat central de Lille.

Avant de procéder à l’évacuation par la force des grévistes de la faim, la préfecture de Lille avait présenté, la semaine dernière, un plan de «sortie de crise» qui avait été refusé par le Comité de soutien aux sans-papiers du Nord, la Ligue des droit de l’Homme LDH et le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP). Le plan en question prévoit le réexamen des dossiers de 150 sans-papiers, dont les grévistes de la faim, la délivrance dès le dépôt de la liste d’un document leur permettant de circuler librement, et la remise immédiate d’un titre provisoire de séjour pour ceux qui seront régularisés. Ce plan qui a été signé par six associations humanitaires, jugées non représentatives par les sans-papiers, stipule un préalable non négociable, à savoir: l’arrêt de la grève de la faim.

Face aux propositions de la préfecture, les comités de soutien réclament la régularisation de tous les grévistes de la faim, ainsi que celle de quelque 500 autres sans-papiers.

Plus d’une vingtaine de sans-papiers grévistes de la faim sont par ailleurs hospitalisés dans la région.

La ville de Lille avait connu des faits similaires au début du mois d’août. La police avait alors interpellé environ 120 immigrants illégaux, dont une soixantaine en grève de la faim, qui réclamaient leur régularisation. La aussi les immigrants sont principalement des Algériens et des Guinéens, et quelques Thaïlandais et Marocains. Des dizaines de policiers étaient intervenus à l’aube dans le parc de la Bourse du travail, où étaient installés les clandestins depuis une dizaine de jours. 104 sans-papiers avaient été mis en garde à vue pour l’examen administratif de leur situation.

Avant de procéder à l’évacuation, le préfet du département du Nord, avait lancé un ultimatum aux grévistes en les sommant de cesser, dès le soir même, leur mouvement qu’il avait qualifié d’«inutile et dangereux». Le même responsable avait indiqué qu’il y avait des sans-papiers «partout, dans les commissariats, dans les hôpitaux». Le gouvernement français a affiché sa détermination à expulser les immigrants illégaux, dont il estime le nombre entre 200.000 et 400.000. Pour 2007, son objectif est d’éloigner 25.000 clandestins. En avril dernier, la Ligue des droits de l’Homme (LDH) dans l’édition 2007 de son «état des droits de l’Homme en France», avait rendu responsable Nicolas Sarkozy, alors candidat de droite à la présidence et ancien ministre de l’Intérieur, d’une «régression continuelle des libertés». «La politique législative de course au sécuritaire à dominante xénophobe sacrifie au report de voix d’extrême droite les droits des étrangers, l’humanité élémentaire et, au bout du compte, les libertés de tous», avait écrit Jean-Pierre Dubois, président de la LDH dans ce bilan.

Nicolas Sarkozy, qui était ministre de l’Intérieur jusqu’en mars, est l’auteur d’une loi votée l’an dernier qui durcit les conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France. «L’année 2006, plus encore que les précédentes, fut une très mauvaise année pour les étrangers vivant sur le sol français», écrit M. Dubois. «La chasse aux sans-papiers s’est intensifiée au rythme de la pré-campagne présidentielle du ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, avec son volet chasse aux enfants, particulièrement insupportable».

Pour la LDH, le gouvernement et la majorité sortants ont «pensé plus encore en 2006 qu’auparavant, leur politique migratoire sur la base de calculs électoraux dangereux pour les libertés démocratiques».