Rapatriement de dizaines de migrants nigériens
Les opérations ont pris fin dans le grand-Alger
Rapatriement de dizaines de migrants nigériens
Liberté, 3 août 2017
On dénombrait près de 40 foyers de migrants clandestins dans la capitale, basés essentiellement sur l’axe de l’autoroute Est-Ouest, allant de Boudouaou à Baba Ali.
Les opérations de rapatriement des ressortissants nigériens en situation irrégulière en Algérie, qui ont débuté mardi dernier en concertation avec les autorités nigériennes, ont pris fin dans le Grand-Alger. C’est ce que nous avons constaté, hier, dans les principaux endroits où se rassemblaient jusque-là des centaines de familles, de jeunes et de moins jeunes issus de ce pays subsaharien.
À Draria et à Djenane Sfari (Birkhadem), deux localités réputées pour être des relais des migrants en milieu rural, la Police générale, réquisitionnée par les ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères, a procédé, depuis plus de trois mois, au recensement de ces populations qui vivaient dans des conditions extrêmement difficiles, notamment les enfants et les personnes aux besoins spécifiques. Les quelques migrants que nous avons rencontrés dans ces deux localités détiennent des permis de séjour renouvelables et exercent dans le bâtiment et l’agriculture. “Généralement, en milieu rural, les migrants arrivent par petits groupes, notamment dans le Nord algérien qui constitue pour eux un transit pour rallier l’Espagne, l’Italie ou la France. Le flux est très faible dans les villes, car les migrants clandestins sont interceptés dans les autobus et les trains. C’est dans les zones rurales que ce flux est très important”, nous a expliqué une source sécuritaire. C’est le cas à Alger où l’on dénombre près de 40 foyers de migrants clandestins, essentiellement basés sur l’axe de l’autoroute Est-Ouest, allant de Boudouaou à Baba Ali. Ces refuges ont été vidés l’espace d’une opération inopinée, qui a débuté il y a trois jours, entreprise par les services de sécurité, la Protection civile, des équipes médicales et des accompagnateurs qui exercent dans le cadre humanitaire, nous dit-on. Des moyens importants ont été mobilisés pour que ces opérations se déroulent dans le strict respect de ces migrants clandestins, assurent les autorités. En effet, ces populations en détresse qui vivaient sous les ponts, il y a quelques jours, ont toutes été évacuées. C’est ce que nous avons constaté sur les axes d’El-Kharouba, de Khemis El-Khechna, de Zidane, d’ Ouled Moussa, de Reghaïa et aux alentours de Boudouaou. Même les lieux ont été nettoyés pour la circonstance pour éviter que d’autres migrants clandestins ne les exploitent pour s’installer. “Des dizaines de bus, sous une forte escorte, ont sillonné ces lieux pour évacuer ces populations. Il aura fallu une forte mobilisation pour arriver au terme de cette opération qui sera suivie par d’autres dans les jours à venir. L’immigration clandestine est un phénomène qui touche tous les pays du monde et qui nécessite un traitement spécifique. C’est très sensible comme dossier. Une chose est sûre, ces opérations se sont déroulées dans les meilleures conditions possibles, notamment dans le strict respect de la dignité et des droits humains. Ce sont des populations vulnérables qui nécessitent beaucoup d’égards”, dira encore notre source qui a affirmé, par ailleurs, que “ces opérations passent d’abord par des recensements, la localisation des migrants clandestins et l’identification de certaines autres populations qui se greffent aux réfugiés. C’est très délicat. Raisons pour lesquelles, l’Algérie a toujours travaillé en étroite collaboration avec les pays concernés par ces populations”. En revanche, des dizaines de migrants ont pu passer entre les mailles du filet pour trouver un autre refuge, en attendant des jours meilleurs. Rappelons que ces opérations ponctuelles ont été décidées entre l’Algérie et le Niger, et ce, explique le MAE, “dans l’objectif de mieux faire face au phénomène de l’immigration irrégulière et de lutter contre les réseaux de la traite des personnes (…) Elles s’intègrent dans le cadre d’une série de mesures prises par le gouvernement algérien en vue de renforcer la coopération avec les pays de l’Afrique subsaharienne, notamment le Niger et le Mali, à l’effet de juguler les flux migratoires irréguliers auxquels notre pays se trouve confronté. Tout a été mis en place pour que ces opérations se déroulent dans les meilleures conditions possibles et dans le strict respect de la dignité et des droits humains, conformément aux engagements internationaux de l’Algérie en la matière”.
FARID BELGACEM
Migrants subsahariens en Algérie : Le camp de Baba-Ali évacué
Par Abdou Semmar, Algérie Part, 2 août 2017
En quelques heures, les services de gendarmerie nationale ont démantelé ce que des migrants venus des pays subsahariens ont construit en plusieurs mois. Le camp, installé par des ressortissants africains, sous un pont de l’autoroute reliant Alger à Blida, a été évacué, dans la nuit de lundi à mardi, indiquent des sources gouvernementales.
Le nombre d’occupants du site n’est pas connu. Mais selon les images diffusées sur les réseaux sociaux, ils étaient des centaines, entre hommes, femmes et enfants à élire domicile dans ce lieu insalubre. Avec la chaleur, les conditions de vie étaient même devenues insupportables. Malgré cela, les autorités ont pris du temps avant d’agir.
C’est donc suite à une réunion, qui a regroupé il y a quelques semaines, les ministres de l’intérieur, de la solidarité, des Affaires Etrangères ainsi que les chefs de la police et de gendarmerie que la décision de regrouper les migrants clandestins dans des camps de transit a été prise. Il s’agit notamment de mettre les enfants et les femmes, en priorité, dans des conditions de vie plus correcte. Une source de la gendarmerie nationale a indiqué que les migrants « chassés » du pont de Baba-Ali sont placés dans un centre de transit à Réghaïa. L’endroit comporte des toilettes, des lits et même des cuisines.
Les autorités vont commencer d’ailleurs à rapatrier des Nigériens, selon une déclaration du ministère des Affaires étrangères. Un budget a été consacré à cette opération qui s’est faite « en concertation » avec les autorités du Niger. Mais les responsables sont incapables de donner le nombre exact de migrants qui se trouvent sur le territoire national.