L’Office des migrations internationales se réinstalle à Alger
Le Quotidien d’Oran, 22 janvier 2007
L’Agence nationale de l’accueil des étrangers et des migrations (ANAEM) se réinstalle en Algérie. Plus connue dans le vocabulaire de l’immigration, sous le nom d’»OMI» – Office des migrations internationales -, cette institution française plus que cinquantenaire, sera opérationnelle courant février à Alger.
Longtemps présente en Algérie, l’OMI avait fermé ses portes en 1994 au plus fort du terrorisme. L’enlèvement de deux agents consulaires français à l’automne 1993, suivi d’une attaque contre un site scolaire hexagonal à Dely-Brahim et le détournement sanglant de l’Airbus d’Air France avaient contraint Paris à réduire sa présence à sa plus simple expression.
Déclinée sur trois sites à travers le territoire national, l’activité consulaire a basculé vers un bureau ad-hoc «Algérie» à Nantes. Pour sa part, la représentation «Algérienne» de l’OMI s’est fondue dans les services des délégations régionales implantées aux quatre coins de la France.
Prévue depuis un moment, la réinstallation de l’Anaem va dans le sens d’une restauration tous azimuts de la représentation française en Algérie. Après la réouverture du Consulat général d’Annaba, la remise en service de quasiment tous les Centres culturels, le retour de l’ex-OMI confirme cette tendance. En attendant l’ouverture, prévue courant 2007, du Consulat général d’Oran.
L’équipe chargée de gérer les multiples vocations est déjà sur place. «Nous sommes en mission de préfiguration, en collaboration avec les autorités algériennes depuis plusieurs semaines et notre entrée en matière est prévue courant février», explique le responsable de la représentation Rachid Bouzidi.
Français d’origine algérienne, Rachid Bouzidi est conseiller du Ministre de l’Emploi, de la cohésion sociale et du logement, Jean-Louis Borloo, qui assure la tutelle de l’ANAEM. Il travaillait aux côtés de Jean-Louis Borloo à la Mairie de Valenciennes avant de le suivre, en 2004, à Paris pour les besoins du cabinet ministériel. Bouzidi s’y est chargé des dossiers en relation avec l’immigration et l’intégration. Avant de rejoindre son nouveau poste à Alger, il termine le nouveau dispositif – voulu par Borloo – en faveur des retraités migrants, passé au Conseil des ministres du 17 janvier (voir Le Quotidien d’Oran du 18/01/ 2007).
Née en 2005 d’une fusion entre l’OMI et le Service d’aide social aux immigrants, l’ANAEM gère, pour le compte de l’Etat, la politique migratoire de la France. Présente au Maroc et en Tunisie, l’institution se déploie également au Mali, au Sénégal, en Turquie, en Pologne, en Roumanie et au Québec. Autant de pays pourvoyeurs d’immigrés et de main-d’œuvre en direction de l’Hexagone.
Ces représentations, dont le nouveau bureau d’Alger, ont une double vocation. Une première consulaire dédiée aux procédures du regroupement familial et de l’attribution des visas de long séjour dits «visas d’installation». Par son rapprochement des usagers, la réinstallation de l’ex-OMI devrait se traduire à coup sûr par une fluidité des procédures de regroupement familial.
Autrement plus importante, la seconde vocation – au coeur des missions de l’ANAEM – consiste à aider au retour et à la réinsertion dans leurs pays d’origine des étrangers en situation irrégulière. Depuis cinq ans, entre 150 et 200 Algériens rentrent en Algérie chaque année, selon les estimations les plus concordantes. Il s’agit, pour l’essentiel, de personnes qui ont décidé de rentrer au bercail parce qu’elles souffrent de visibilité quant à leur avenir ou parce qu’elles sont en quête de redéploiement professionnel. Un familier du dossier estime que ces chiffres, en évolution constante, «devraient grandement évoluer» dans les années à venir. D’où, à ses yeux, «la portée de la réinstallation de l’institution à Alger».
Dans ce registre de la politique migratoire hexagonale, l’ANAEM prévoit deux types d’aide. Une première dite «aide au retour» au profit des expulsés et des personnes «en grande précarité» et une seconde, appelée «aide à la réinsertion professionnelle». Pour ce dernier cas d’espèce, Rachid Bouzidi parle, en connaisseur du dossier, de personnes à la formation et à l’expérience avérées. Pour l’essentiel, il s’agit de «BAC+3 à BAC+6» venus tenter professionnellement leur chance en France.
Faute d’avoir trouvé ses marques, cette catégorie éprouve bien du mal à se stabiliser professionnellement. Du coup, nombre de ces personnes sont tentées par un voyage dans le sens inverse. Elles veulent se réinstaller sur la rive sud de la Méditerranée, se relancer professionnellement. Mais faudrait-il qu’elles fassent le pas, poussées par un projet professionnel. «C’est là où nous intervenons, explique Rachid Bouzidi. Nous avons vocation à les accompagner, pas à pas, dans le montage d’un projet professionnel lisible. Incontestablement, il y a, chez les jeunes Algériens désireux de rentrer au pays, un potentiel, une expertise, une capacité à créer».
Selon lui, des dispositifs «aussi efficaces qu’ambitieux, mis en place par les autorités algériennes existent». Ils sont portés, entre autres, par l’ANSEJ ou la CNAC pour ne citer qu’eux. «Nous ne devons donc pas faire double emploi mais être complémentaires. C’est pour cette raison que notre mission de préfiguration se fait en partenariat avec le Ministère de l’Emploi et de la solidarité nationale et le Ministère du travail algériens. L’objectif est de donner à chaque projet, le maximum de chances de réussite et de pérennité en apportant, soit du financement, soit de l’expertise, soit du conseil, soit les trois».
S. Raouf