Le projet de la route transsaharienne freiné par l’instabilité au Mali
Aymen Zitouni, Maghreb Emergent, 06 Mars 2013
Le projet de la route Transsaharienne n’est pas seulement freiné par les difficultés de financement, mais aussi par l’instabilité dans les pays du Sahel, au Mali particulièrement. Cette instabilité « nous cause du tort », a regretté le Secrétaire général du Comité de liaison de la route Transsaharienne (CLRT), Mohamed Ayadi, qui se plaint du décalage entre l’évolution des échanges économique et l’avancement du projet de la route transsaharienne.
L’instabilité dans la région du Sahel freine le projet de la route Transsaharienne. « La situation actuelle nous cause du tort », a déclaré mercredi matin le Secrétaire général du Comité de liaison de la route Transsaharienne (CLRT), Mohamed Ayadi, au cours d’une émission de la radio algérienne. Selon lui, l’axe menant vers le Niger, long de 1.400 km, est achevé, tandis que celui vers l’est est en suspens, en raison de la guerre au Mali.
M. Ayadi a indiqué qu’un plan d’aménagement de territoire a été prévu entre l’Algérie et le Mali, et que les deux pays travaillent « ensemble » pour un schéma d’aménagement commun. « Malheureusement, il faut attendre le calme pour reprendre ces activités », a-t-il regretté. Le projet de la route Transsaharienne est vieux de 40 ans. Il avance au gré des conjonctures politiques, économiques et sécuritaires du pays du Sahel. Le projet a été freiné dans son élan en raison des difficultés à trouver des financements nécessaires à sa réalisation notamment par le Mali, le Niger et le Tchad. L’Algérie est le seul pays à avoir terminé l’axe routier qui le traverse, et qui n’a pas de difficultés financières.
Selon le tracé initial, la transsaharienne devrait s’étendre sur plus de 9.000 km, allant d’Alger vers Lagos (Nigéria), en traversant le Niger, et avec des sections au Mali et au Tchad. La longueur atteint près de 10.000 km avec la section devant relier la Tunisie, longue de 900 km.
Les échanges vont moins vite que la route
S’agissant de l’axe principal Alger-Lagos, la section Assamaka – Arlit, sur le territoire nigérien, longue de 230 km, est encore inachevée, a précisé Mohamed Ayadi, qui a rappelé que l’Algérie a assuré la réalisation et le financement des études techniques. Le SG du CLRT a assuré que la Banque africaine de développement (BAD) est plus attentive au projet, considéré désormais comme « intégrateur », laissant entendre qu’elle est prête à financer la section du Niger, ainsi que celle du Tchad.
Il a aussi rappelé que le projet de la Transsaharienne a été mené pour favoriser les échanges entre les pays du Sahel et ceux du Maghreb, en partant du fait que le réseau africain des routes ne compte que 2 millions de km, dont seulement 20 % sont revêtus « et, de ce fait, le commerce est à un niveau très bas, ne représentant que 3 % du commerce international, surtout que le coût du transport représente 50 % du coût du produit ».
M. Ayadi a regretté en ce sens que l’évolution de la route transsaharienne soit plus rapide que l’évolution des échanges entre les pays du CLRT. « Si problème il y a, c’est celui de l’évolution des échanges », a-t-il déploré, plaidant pour la création d’une instance qui aura la charge de faciliter les échanges. « Nous avons fait une route pour les échanges économiques. Or, les échanges sont en décalage. Les membre du CLRT doivent se préoccuper de cette question des échanges en dehors de la route», a-t-il souhaité.