Un militaire français affirme que les boîtes noires avaient été remises à l’ambassadeur français

Un militaire français affirme que les boîtes noires avaient été remises à l’ambassadeur français

La thèse algérienne contredite

Le Soir d’Algérie, 30 juillet 2014

Le ministre des Transports en déplacement au Mali s’est livré à un véritable show en exhibant les boîtes noires de l’avion qui s’était crashé à Gao. Une prestation ayant pour but de faire croire que l’Algérie avait repris la main dans le dossier. C’était compter sans les déclarations d’un militaire français qui affirme que les boîtes noires avaient été remises par les autorités algériennes et maliennes à l’ambassadeur français au Mali.

Nawal Imès – Alger (Le Soir)
Amar Ghoul était en mission au Mali avec pour objectif premier de faire passer le message selon lequel la gestion des suites du crash de l’avion affrété par Air Algérie ne lui échappait pas.
Face aux caméras des télévisions, le ministre des Transports a exhibé des boîtes noires affirmant qu’au nom de la coopération internationale, le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) français se chargera de l’analyse des données.
Les télévisons ne montreront pas les séquences de ce qui s’est passé après le show médiatique. C’est le porte-parole de l’opération Serval au Mali qui en dira plus. «Selon mes informations, les autorités algériennes et maliennes vont les remettre très prochainement à l’ambassadeur français au Mali.»
La différence est de taille : ce n’est donc pas à un représentant du Bureau d’enquêtes et d’analyses que les boîtes noires ont été remises mais bel et bien à un représentant de l’Etat français et c’est probablement cette version dérangeante que ni le ministre des Transports ni les autorités algériennes en général ne voulaient rendre publique. Et c’est aussi probablement pour cette raison que Amar Ghoul a affiché une image pathétique face aux caméras.
Le Premier ministre s’est livré au même exercice à Alger. Sella affirmait que l’’Etat algérien a accompli son devoir et une enquête est menée pour déterminer les causes de ce tragique accident en coordination et en étroite collaboration entre l’Algérie, le Mali et la France. «L’Etat algérien suit l’affaire du crash depuis la première information parvenue à ce jour.» «Les dernières informations, il faudra cependant les guetter depuis la France où les analyses des boîtes noires ont déjà commencé.
Laurent Fabius affirmait hier que toutes les hypothèses seront examinées dans le cadre de l’enquête. «Ce que nous savons d’une façon certaine, c’est que la météo était mauvaise cette nuit-là, que l’équipage de l’avion avait demandé à se dérouter, puis à rebrousser chemin, avant que le contact ne soit perdu.»
De son côté, le Bureau d’enquêtes et d’analyses faisait savoir sur son site internet que «les enquêteurs ont pu rapidement extraire les données de l’enregistreur de paramètres. L’enregistreur phonique a été endommagé par les conditions d’impact. Le travail sur cet enregistreur se poursuit pour en extraire les données» en attendant la fin des analyses.
N. I.


Gestion du crash du vol AH5017

La velléité exclusiviste de la France

Le président français, François Hollande, fait preuve d’un activisme effréné s’agissant de la gestion, surtout médiatique, du crash du vol AH5017 d’Air Algérie survenu le jeudi 24 juillet au nord du Mali. Après la récupération d’une des 2 boîtes noires retrouvée de l’avion, il annonce que tous les corps des victimes seront acheminés en France. Quelle part pour l’Algérie dans la gestion de cette catastrophe ?

Sofiane Aït Iflis – Alger (Le Soir)Le Soir d’Algérie, 30 juillet 2014

Les déclarations et annonces répétées de François Hollande ont fini par créer l’illusion que c’est la France seule qui fait tout, du moins l’essentiel de ce qui devait être fait en pareille situation. La dernière annonce par laquelle le président français a surpris est celle attestant que tous les corps des victimes du crash seront rapatriés en France.
La France, présente militairement au Mali depuis janvier 2012, est certes sollicitée par le Mali pour gérer la catastrophe aérienne mais cela n’équivaut point à un contrat de sous-traitance exclusif.
L’avion qui a crashé au Mali est un avion de la compagnie algérienne Air Algérie et, de ce fait, l’Algérie est aussi, voire en premier chef, concernée par la gestion de la catastrophe. D’autant plus que parmi les victimes du crash se trouvent également des ressortissants algériens. S’il est tout à fait normal que la France procède au rapatriement dans l’Hexagone des victimes françaises du crash, il ne se comprend pas qu’elle veuille embarquer tous les corps. Pourquoi voudrait-elle ainsi agir ?
Le ministre algérien des Transports, Amar Ghoul, a été accompagné dans son déplacement vendredi au Mali par une équipe de la police scientifique en vue d’identifier les corps des victimes algériennes. Ce qui laisse supposer que l’objectif de ce déplacement, outre les besoins de l’enquête autour des causes du crash, est le rapatriement des corps des victimes algériennes après identification. Or, à en croire François Hollande, tous les corps seront rapatriés en France.
L’annonce ne devrait pas plaire aux autorités algériennes qui se sentiraient légitimement déclassées dans la gestion du crash du vol AH 5017. Il reste à savoir quelle serait leur réaction si l’annonce de François Hollande venait à être suivie d’effet.
L’opinion publique algérienne estime que les autorités algériennes ont été à la traîne dans la gestion de la catastrophe, du moins au plan de la communication autour de la survenue du crash d’un avion qui, faut-il le rappeler, affrété certes mais battait pavillon Air Algérie.
Rien que pour cette raison, les autorités algériennes devaient faire preuve de plus de visibilité, pour ne pas dire de mobilisation.
S. A. I.