Sur les sentiers de la guerilla
par M. Saadoune, Le Quotidien d’Oran, 1er décembre 2013
Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a repris vendredi les chemins de la guérilla après de nouveaux incidents survenus la veille à l’aéroport de Kidal où une manifestation hostile à la venue du Premier ministre malien a été violemment réprimée. Une femme a été tuée au cours de l’incident qualifié par le MNLA d’acte «très grave d’hostilité envers le peuple de l’Azawad» commis par l’armée malienne. A Bamako, on affirme que les militaires maliens pris «à partie par des éléments incontrôlés» ont procédé à des «tirs de sommation» après avoir essuyé «des jets de pierres et des tirs d’arme».
Ce n’est pas la première fois que les deux parties sont en situation de rupture, mais l’accumulation des incidents et surtout l’absence de perspective d’un règlement politique dans le cadre d’une vraie réforme de l’Etat malien rendent la situation très critique. L’armée française est bien entrée dans le pays et a fait «dégager» les djihadistes, mais le Mali est très loin d’avoir retrouvé le Nord. Et pour cause, Bamako n’offre rien de sérieux aux populations du Nord alors que le MNLA a rabaissé la barre de ses revendications en renonçant à l’indépendance tout en réclamant l’autonomie. Une première alerte avait été donnée fin septembre dernier par l’annonce de la suspension des discussions avec Bamako par la Coordination des mouvements targuis et arabes de l’Azawad. Elle intervenait après l’annonce par le nouveau président malien Ibrahim Boubacar Keïta qu’il ne discutera ni d’indépendance, ni de fédéralisme, ni d’autonomie mais «d’amélioration de la décentralisation». Un message sans équivoque que l’idée d’une réforme de l’Etat – pourtant largement failli – n’était pas à l’ordre du jour.
Pour Bamako, le «problème du Nord» a été «réglé» par l’intervention française et la présence militaire française est suffisante pour dissuader les Touaregs de reprendre les armes. La réalité ne correspond pas toujours aux calculs. Le discours du MNLA est aujourd’hui plus radical. Il estime que la situation est devenue préjudiciable à toute possibilité de «règlement politique» et rend «caducs» les accords d’Ouagadougou. Le vice-président du MNLA, Mahamadou Djeri Maïga, est plus abrupt. Il a indiqué que le temps n’est plus aux mises en garde, «là où on trouvera l’armée malienne, on lancera l’assaut sur elle. Ce sera automatique» car «ce qui s’est passé est une déclaration de guerre».
LA TENSION EST D’AUTANT PLUS FORTE QUE LA POPULATION DU NORD EST LARGEMENT ACQUISE A LA COORDINATION REGROUPANT LES DIFFERENTS MOUVEMENTS DE L’AZAWAD (MNLA, MOUVEMENT ARABE DE L’AZAWAD (MAA), HAUT CONSEIL POUR L’UNITE DE L’AZAWAD (HCUA)). UNE «COORDINATION» CREEE POUR PARLER D’UNE SEULE VOIX. ON OBSERVERA AVEC ATTENTION QUELLE SERA LA POSITION DE LA FRANCE – DONT L’ARMEE EST PRESENTE SUR LE TERRAIN – EN CAS DE RELANCE DU CONFLIT. LA SITUATION DE RUPTURE ENTRE LES MOUVEMENTS DE L’AZAWAD ET BAMAKO CREE UN PROBLEME DELICAT POUR PARIS. LA FRANCE EST ACTUELLEMENT LE «POUVOIR» AU MALI. ELLE A JUSQU’A PRESENT PLUS OU MOINS REUSSI A EVITER UNE RELANCE DES HOSTILITES. MAIS DANS LE CAS OU LES MOUVEMENTS DE L’AZAWAD REPRENNENT REELLEMENT LES CHEMINS DE LA GUERILLA, LA FRANCE POURRAIT SE RETROUVER ENTRAINEE DANS LE SILLAGE DE BAMAKO QUI CROIT AVOIR RETROUVE LE NORD PAR LE SIMPLE FAIT QUE LES MILITAIRES FRANÇAIS Y ONT ETABLI LEUR QUARTIER. CE QUI EST UNE LOURDE ERREUR D’APPRECIATION.