Le MNLA ne désarmera pas pour dialoguer avec Bamako : 100 soldats français retirés du Mali pour un message «politique»

Le MNLA ne désarmera pas pour dialoguer avec Bamako : 100 soldats français retirés du Mali pour un message «politique»

par Salem Ferdi, Le Quotidien d’Oran, 10 avril 2013

La France commence à se désengager du Mali sans attendre la fin avril qui avait été fixée par le président François Hollande. Un retrait plutôt symbolique d’une centaine de soldats qui ont quitté le Mali pour l’île chypriote de Paphos, étape intermédiaire avant le retour en France.

Du point de vue militaire, ce retrait limité est sans incidence, mais il est politiquement un «signal» que Paris est pressé de passer la main à l’Onu, un processus qui tarde à se mettre en place. Et qui, de toute façon, ne prendra pas totalement le «relais» des forces françaises contraintes de facto à rester plus longtemps que souhaité officiellement par le pouvoir français. Selon l’agenda des officiels français, la moitié des 4.000 soldats engagés dans la guerre au Mali devrait être retirée en juillet, le mois présumé de la tenue d’une élection présidentielle malienne… Un objectif qui risque de ne pas être tenu dans les délais malgré l’affirmation de François Hollande qu’il sera «intraitable» sur le sujet. Or, même au plan militaire, la France qui, selon le président français, n’avait pas «vocation à rester durablement au Mali», les choses ne se déroulent pas tout à fait suivant les prévisions. Non seulement le retrait est un peu plus lent mais surtout Paris a dû s’engager à garder dans la durée une force d’un millier de soldats au Mali. Ce sera une force «parallèle» à celle que les Nations unies doivent mettre en place pour remplacer, en principe, en juillet également. Il s’agit de la «mission de stabilisation» destinée à remplacer la Mission internationale de soutien au Mali (Misma- 6.300 soldats d’Afrique de l’Ouest et du Tchad) et les troupes françaises (4.000 soldats). La «mission de stabilisation» de l’Onu devrait compter quelque 11.000 hommes, les 1.000 soldats français appelés à rester au Mali seraient une force d’action rapide équipée d’hélicoptères.

600 DJIHADISTES ELIMINES ?

Les Français font déjà une évaluation très positive de l’intervention. Un expert français donne une estimation de 600 djihadistes éliminés sur un total de 1.500 à 2.000 membres. On ne sait pas comment ce chiffre a été établi -des cadavres comptés ou des projections?-, mais il est clair que les groupes armés ne sont pas en meilleur état qu’avant l’intervention française. Il reste qu’en prenant en compte ce chiffre, cela indique que près des deux tiers des effectifs présumés des djihadistes sont encore potentiellement actifs même avec des capacités diminuées. Pour l’heure, des opérations se déroulent encore dans le massif des Ifoghas et à l’extrême-nord, près des frontières algériennes. L’armée française se concentre autour Tombouctou et Gao où les éléments du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) ont lancé plusieurs attaques, parfois relativement complexes. L’affaiblissement, réel, des djihadistes, reste cependant largement tributaire de l’évolution de la situation politique et de la réalité d’un processus politique permettant d’intégrer réellement les populations du Nord. Or, il est manifeste qu’un tel processus n’existe pas. La France, par la voix de Laurent Fabius, a justifié une gestion «spécifique» de la situation à Kidal où le MNLA a désigné un administrateur…

LE MNLA NE DESARMERA PAS POUR… ETRE EXTERMINE !

Le «spécifique» étant très clairement l’état de méfiance et de défiance des populations du Nord à l’égard de l’armée malienne. Les exactions commises par les troupes maliennes ne sont pas de nature à réduire cette méfiance. Laurent Fabius a appelé au «dialogue» et a adressé une sommation, il est vrai pas immédiate, au MNLA. «Le moment venu, le MNLA doit accepter d’être cantonné et de renoncer aux armes», a-t-il déclaré. Paris veut que le MNLA se transforme en parti et intègre un processus politique dont les contours restent encore flous. Le mouvement indépendantiste n’a pas répondu officiellement au propos de Fabius, son site internet est resté muet. Il reste qu’un responsable du mouvement, Ibrahim Ag Mohamed Assaley, a affirmé qu’il n’y aura pas de négociation avec Bamako «dont le préalable serait notre désarmement». Il a affirmé que le Mouvement ne désarmerait pas et resterait sur le territoire de l’Azawad tant que «la France et la communauté internationale» agissent. Selon lui, les forces maliennes «vont complètement nous exterminer» s’ils déposent les armes.