Dialogue intermalien : Les raisons d’un blocage

Dialogue intermalien : Les raisons d’un blocage

El Watan, 14 février 2015

La difficulté rencontrée par les médiateurs internationaux pour la crise malienne à matérialiser le cessez-le-feu sur le terrain dans le Nord semble la principale entrave à la signature d’un accord de paix entre les mouvements armés touareg et le gouvernement malien. Le constat pourrait obliger l’Algérie, le chef de file de la médiation internationale pour le Mali, à prévoir un nouveau cycle de négociations afin d’aplanir les divergences.

Les rebelles touareg plaident pour que tous les sites disputés et où ont eu lieu des affrontements ces dernières semaine soient occupés par la force des Nations unies. En somme, il est suggéré la création d’une zone tampon de sécurité.

Cette proposition est, selon nos sources, approuvée par les Nations unies. Cependant, elle aurait été rejetée par les représentants de Bamako présents à Alger. «La signature pourrait prendre un peu plus de temps que prévu. Il y a un blocage à propos de la mise en œuvre des modalités du cessez-le- feu. La médiation internationale peine encore à convaincre Bamako d’aller le sens souhaité.

Déficit de confiance

Les autorités maliennes refusent de trouver une poche pour cacher ces créations (milices, ndlr) qui évoluent entre Anefif et Gao et ayant pour base principale Tabankort», explique un cadre d’un important mouvement rebelle targui impliqué dans les négociations d’Alger. Aussi, pour lui, tant que les conditions de sécurité permettant le retour de la confiance ne sont instaurées, il est difficile d’imaginer que les mouvements rebelles touareg accepteront d’aller de l’avant dans les négociations politiques. C’est un constat, les parties ne progressent pas beaucoup sur ce volet. Du moins, tel est le cas pour le moment.

De son côté, le gouvernement malien nie l’existence de problème sécuritaire dans le Nord. A ce propos, des observateurs rappellent que le président malien avait lui-même dit, lors de sa visite à Gao le 29 janvier dernier, qu’«il n’y a pas de milices à Tabankort, il n’y a que des patriotes (…)».

Pour les mouvements rebelles touareg, «le chef de l’Etat malien réaffirme, à travers cette déclaration, son soutien au désordre». «La création de la milice Gatia en août 2014, quelques semaines après la débâcle de l’armée malienne à Kidal le 21 mai 2014, confirme que Bamako n’est pas pressé de conclure un accord de paix et qu’il espère encore parvenir à renverser militairement le rapport de force sur le terrain à son profit», soutiennent-ils.

Pour prévenir les situations de blocage analogues, la Coordination des mouvements du Nord dirigée par Bilal Ag Achérif, secrétaire général du MNLA, avait déjà remis, l’automne dernier, un document de 6 pages à l’équipe de médiation, dans lequel elle insistait particulièrement sur la nécessité de d’évaluer l’accord de cessez-le-feu du 23 mai 2014 et ses modalités de mise en œuvre, de mettre en œuvre les clauses interdisant la formation, l’équipement, l’armement et l’utilisation des milices ou groupes d’autodéfense et, enfin, de faire en sorte que les négociations se déroulent exclusivement entre les deux belligérants (gouvernement malien et Coordination des mouvements de l’Azawad). Pour beaucoup d’observateurs, ce document mérite d’être repris tant il peut permettre de surmonter les obstacles qui se dressent devant la signature d’un accord de paix au Mali.

A rappeler que le gouvernement malien et la Coordination des groupes armés du Nord s’étaient séparés, le 27 novembre dernier à Alger, avec un projet d’accord de paix qui avait semblé les satisfaire. Articulé en neuf titres et 73 articles, ce document d’une trentaine de pages est une synthèse réalisée par la médiation internationale des propositions faites par le gouvernement malien et la Coordination des mouvements de l’Azawad. Le projet d’accord en question, non loin du fédéralisme, accorde une très large autonomie aux régions maliennes.

Zine Cherfaoui