Belmokhtar aurait été tué: Une guerre de drones US, d’aviation française et de troupes tchadiennes

Belmokhtar aurait été tué: Une guerre de drones US, d’aviation française et de troupes tchadiennes

par Salem Ferdi, Le Quotidien d’Oran, 4 mars 2013

Mokhtar Belmokhtar, alias le borgne, terroriste à la longévité record, aurait été tué dans le massif des Ifoghas, dans le nord du Mali. Le conditionnel restait, jusqu’à hier soir, de rigueur comme d’ailleurs celle d’Abou Zeid, dont « l’identification » repose, faiblement,
sur son « arme ».

Les Tchadiens qui essuient l’essentiel des pertes parmi les forces africaines engagées au Mali ont eu, à l’évidence pour des raisons politiques, la primeur des annonces médiatiques sur les pertes infligées aux djihadistes. C’est donc l’état-major de l’armée tchadienne qui a annoncé, dans un communiqué, la liquidation de Mokhtar Belmokhtar. «Les forces tchadiennes au Mali ont détruit totalement la principale base des jihadistes dans le massif de l’Adrar des Ifoghas, plus précisément dans la vallée d’Ametetai», samedi à midi, affirme le communiqué, qui précise «plusieurs terroristes» ont été tués «dont le chef Mokhtar Belmokhtar dit u2018le borgne’». Le chef des «signataires par le sang», une «dissidence d’Aqmi», avait revendiqué l’attaque contre la base gazière de Tiguentourine, à In Amenas. Et si sa mort était confirmée, ce serait l’un de ses derniers grands méfaits.

LE ROLE IMPORTANT DES DRONES

Les coups qui semblent être infligés aux djihadistes au nord du Mali seraient ainsi une combinaison entre l’effort intensif en matière de renseignement sur les mouvements des groupes djihadistes, informations collectées grâce au déploiement des drones américains. Ces informations permettent d’envoyer les troupes tchadiennes vers des zones précises – où elles essuient beaucoup de pertes – afin de pousser les djihadistes à sortir de leurs tanières de manière à être « traités » par l’aviation française. Au vu des informations disponibles, c’est cette combinaison entre le travail des drones américains et l’aviation française – avec des troupes tchadiennes au sol – qui est mise en u0153uvre. Cela semble confirmé par les informations publiées par le site mauritanien, Sahara Médias, en citant des « sources généralement bien informées » sur les circonstances de la mort d’Abdelhamid Abou Zeid. Ce dernier aurait été tué dans un raid de l’aviation française, à Taraghrarit, dans les montagnes des Ifoghas. Le raid a eu lieu après que les forces tchadiennes engagées sur le terrain sont tombées dans une embuscade où elles ont perdu une quarantaine d’hommes. Abou Zeid aurait, selon les sources de Sahara Médias, pris part personnellement à l’embuscade tendue aux forces spéciales tchadiennes. L’entrée en jeu des drones américains semble être décisive et facilite grandement l’action de l’aviation française qui cause le plus de dégâts chez les djihadistes. La liquidation – non confirmée encore – de deux chefs djihadistes et les nombreuses pertes essuyées par les djihadistes porteraient ainsi clairement la marque du travail des drones américains et de l’engagement intensif de l’aviation française.

UNE GUERRE QUI N’EN EST QU’A SES DEBUTS

Dans la guerre menée contre les djihadistes, la France marque bien des points. Mais cette guerre n’en est qu’à ses débuts. Est-ce que l’effort actuel qui implique une forte mobilisation des ressources et une forte tension sur les forces armées pourrait durer longtemps ? Car dans une logique militaire, après avoir frappé l’ennemi, il faut occuper le terrain et empêcher toute reconstitution des forces adverses. Rien n’est certain, d’où d’ailleurs l’insistance des Français pour passer rapidement la main aux Africains. Sur le terrain, un soldat français a été tué dans le massif des Ifoghas, dans l’extrême nord-est du Mali. C’est le troisième soldat français tué depuis le début de l’intervention française en janvier dernier. Il a été tué dans une zone où seraient détenus les otages français dont le sort devient encore plus problématique après la mort présumée des deux dirigeants djihadistes. Une cinquantaine d’éléments du Mujao auraient été tués dans des combats avec l’armée française et des soldats maliens.