Mali: Le forcing français

Règlement de la crise malienne

Le forcing français

El Watan, 15 décembre 2014

Un projet d’accord avait été présenté en octobre au gouvernement et aux groupes armés du Nord, qui l’ont accepté l Il prévoit une vaste autonomie pour les régions, établissant leur compétence en matière «de maintien de l’ordre, de sécurité et de protection civile».

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, est revenu, dans des entretiens à RFI/TV5-Monde, sur la situation sécuritaire dans le septentrion malien et les négociations de paix en cours entre Bamako et différents mouvements armés de la région. Concernant la question touareg, M. Le Drian s’est voulu clair et surtout ferme : pour la France, le dossier doit être bouclé au plus tard en janvier 2015. «La perspective c’est janvier, avec la pression nécessaire pour que ça aboutisse. Pas uniquement en terme politique. Il y a aussi une dimension économique, un développement nécessaire du nord duMali», a-t-il insisté.

A tous ceux qui croyaient déceler l’existence de divergences de vues entre Paris et Alger sur le moyen de régler la crise malienne, Jean-Yves Le Drian a répété : «Nous soutenons la médiation algérienne et souhaitons d’un côté comme de l’autre que l’on fasse les avancées nécessaires pour qu’enfin, après des années d’incompréhension, voire de combats, ce pays puisse retrouver la sérénité globale et que les groupes armés signataires puissent entrer dans le processus démocratique de la république du Mali.» Pour que la feuille de route négociée ces derniers mois soit validée en janvier à Alger, cela implique, a dit le ministre français de la Défense, selon l’AFP qui rapporte l’information, qu’aux négociations d’Alger, que «les groupes armés signataires soient représentés par leurs plus hauts responsables». «Idem du côté de Bamako. Tout le monde doit comprendre que l’heure de vérité approche», a-t-il ajouté.

Cinq groupes rebelles partants

La déclaration de M. Le Drian, dont le pays s’est beaucoup investi militairement dans le nord du Mali, intervient au lendemain d’une conférence de presse à Bamako au cours de laquelle cinq groupes armés du nord du Mali «anti-indépendantistes» (CMFPR, une aile du MAA, le Gatia, MPSA, et la CPA), réunis au sein d’une plateforme, se sont déclarés «favorables» à l’accord de paix proposé par l’Algérie dans les négociations avec l’Etat malien. «Nous sommes tous d’accord avec le plan de paix proposé par Alger pour trouver une solution aux problèmes du nord de notre pays. Nous sommes contre l’indépendance ou l’autonomie du nord de notre pays, mais il est clair qu’il faut revoir la gouvernance», ont déclaré les cinq groupes dans une déclaration rendue publique.

Reste maintenant à connaître la position du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et de l’autre aile du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) qui plaident pour la mise en place d’un système fédéral et constituent le gros des effectifs militaires rebelles sur le terrain.

La dernière session de pourparlers s’était, rappelle-t-on, achevée à Alger fin novembre. Un projet d’accord a été présenté lors de la précédente session, en octobre, au gouvernement et aux groupes armés du Nord qui l’ont accepté. Le document prévoit une vaste autonomie pour les régions, établissant leur compétence en matière de «maintien de l’ordre et de la sécurité et protection civile» et instituant à partir de 2017 le transfert de «33% des recettes de l’Etat aux collectivités territoriales (…) avec une attention particulière» pour le Nord.
Zine Cherfaoui