Dialogue inter-malien : Une feuille de route et une cessation des hostilités
par Djamel Belaïfa: Synthèse, Le Quotidien d’Oran, 26 juillet 2014
Pour un règlement définitif de la crise malienne, le gouvernement du Mali et six mouvements politico-militaires du nord de ce pays ont signé jeudi à Alger deux documents. Une signature qui intervient au terme de la phase initiale du dialogue inter-malien inclusif entamé, il y a une semaine, sous l’égide de l’Algérie.
Selon l’APS, les deux documents signés représentent «la feuille de route pour les négociations dans le cadre du processus d’Alger» et un document relatif à «la cessation des hostilités». Ces documents ont été également signés par l’équipe de médiation. Dans une brève allocution, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra a qualifié la signature de ces documents de résultat satisfaisant qui vient couronner la phase initiale du dialogue inter-malien. Les parties maliennes ont abouti à cette signature, étape importante dans le processus du dialogue, après «d’âpres négociations en présence des pays voisins et des partenaires internationaux associés dans la recherche d’une solution définitive à la crise», a appris l’APS auprès d’une source proche du dossier. Au lendemain du lancement du dialogue, les parties maliennes représentant le gouvernement et les mouvements politico-militaires du nord avaient été engagées par la délégation algérienne et l’équipe de médiation qui la soutient sur «les différents volets des négociations couvrant les questions de défense et de sécurité, les questions économiques, sociales et culturelles, ainsi que celles relatives à la réconciliation, à la justice et à la situation humanitaire», avait fait savoir le ministère des Affaires étrangères. Outre les représentants du gouvernement du Mali, les six mouvements concernés par le dialogue sont le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), la Coordination pour le peuple de l’Azawad (CPA), la Coordination des Mouvements et Fronts patriotiques de résistance (CM-FPR), le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’Azawad (dissident). Participent également aux pourparlers, l’Algérie, le Niger, le Burkina Faso, le Tchad, la Mauritanie ainsi que l’ONU, l’UA, la CEDEAO, l’OCI et l’UE. Les deux parties maliennes réunies à Alger ont convenu, entre autres, de cesser les hostilités sous toutes leurs formes, stipule l’un des deux documents signés, soulignant leur engagement pour la paix. Le second document, une feuille de route des négociations dans le cadre du processus d’Alger, a pour objectif la mise en place d’un cadre pour les négociations de paix qui doit permettre l’émergence d’une solution globale et négociée du problème des régions nord du Mali. Le prochain round du dialogue inter-malien reprendra mi-août à Alger.
Les parties maliennes présentes au dialogue se sont félicitées de la signature des deux documents de référence et exprimé leur reconnaissance à l’Algérie pour ses efforts incessants en faveur d’une solution durable au conflit dans la région du Nord de ce pays voisin. A cette occasion, M. Modibo Keita, haut représentant du président malien, Ibrahim Boubacar Keita, qui s’est réjoui du «résultat obtenu» au terme de la phase initiale du dialogue inter-malien, a mis en exergue l’engagement des autorités algériennes pour la paix et la stabilité au Mali. Le gouvernement malien s’est dit prêt à explorer toutes les «solutions possibles» avec les mouvements du Nord du Mali pour arriver à une paix définitive dans ce pays, a indiqué jeudi à Alger le ministre des Affaires étrangères malien, Abdoulay Diop. Pour sa part, le représentant de la Coordination du Mouvement de libération de l’Azawad, Abbas Ag Intala, a indiqué que «grâce à la signature des documents en question, l’Algérie a confirmé sa place régionale et internationale pour la paix au sein des pays voisins». Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, de son côté, a félicité le Mali pour l’adoption d’une feuille de route «consensuelle» dans le cadre du dialogue inter-malien inclusif, et salué le «rôle constructif» de l’Algérie dans le processus de négociation.
Le chef de l’ONU a en outre appelé «toutes les parties à cesser immédiatement toutes les hostilités et à coopérer» avec la commission mixte de sécurité dirigée par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Dans un discours de clôture de la première phase des discussions inter-maliennes, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a indiqué jeudi que la deuxième phase du dialogue inter-malien inclusif, sous l’égide de l’Algérie, débutera le 17 août et abordera des questions de fond. Il a précisé qu’une «étape de sensibilisation, de promotion par les parties des composantes essentielles de l’accord» qui doit être réalisé fera «l’objet de rencontres et de forums avec la population de la région concernée, des organisations politiques et civils, des leaders communautaires ainsi que d’acteurs nationaux pour renforcer le caractère inclusif des négociations». Selon le ministre, la finalisation de l’accord consistera principalement à mettre en forme le plan de règlement dans le cadre d’un accord global et ce processus sera couronné par une cérémonie solennelle de signature de l’accord de paix.