Crash de l’avion affrété par Air Algérie : L’identification des corps peut prendre des années
par M. Aziza, Le Quotidien d’Oran, 2 août 2014
Le directeur de la police judiciaire, Abdelkader Kara Bouhadba, a affirmé jeudi lors d’une conférence de presse qu’aucun corps des victimes du crash de l’avion affrété par la compagnie Air Algérie assurant le vol AH 5017 Ouagadougou-Alger, n’a encore été identifié.
Le conférencier a précisé que l’identification des victimes dans de telles circonstances s’avère très complexe. «C’est un long processus», a-t-il dit précisant que «l’identification des victimes prendra beaucoup temps, ça peut durer des mois, voire des années».
Kara Bouhadba a indiqué lors d’une la rencontre avec la presse au siège de la Direction de la police judiciaire qu’une équipe de 13 spécialistes de la police scientifique et technique de la Sûreté nationale (spécialisés dans l’ADN, empreintes digitales et gestion de scène de grandes catastrophes) a été dépêchée au Mali afin d’effectuer rapidement des prélèvements sur les lieux en coordination avec leur homologues Français et Espagnols. L’enjeu est de garantir une gestion rapide du processus d’identification.
Le directeur de la PJ a reconnu que l’exploration des fragments des corps et des objets récupérés sur lieux du crash s’avère difficile, mais il a tenu à préciser que les prélèvements ont été faits dans un délai record. «Durant une semaine au lieu de deux», a-t-il déclaré. Il a expliqué que cela est dû aux efforts conjugués des experts algériens et internationaux qui travaillent d’arrache-pied pour la gestion de cette catastrophe, avec une priorité principale qui est l’aspect humanitaire. Il précise qu’il s’agit d’une action internationale coordonnée qui est sous l’égide d’Interpol et sous la responsabilité de l’Etat Malien.
Le conférencier a également souligné que certains prélèvements se sont avérés inexploitables en raison du choc qu’a subi l’appareil et du fait que les corps ont été sérieusement fragmentés et se sont vite décomposés avec des températures dépassant les 45°, l’humidité et les chutes de pluie orageuse. Cela «complique l’identification des victimes ; aucun corps intègre n’ayant été retrouvé», a-t-il déclaré.
Se voulant rassurant, le directeur de la PJ a affirmé que les prélèvements déjà collectés peuvent donner des résultats mais pas dans l’immédiat. Il a affirmé que des prélèvements ADN ont été faits sur les familles des victimes, et ce pour les comparer ensuite aux fragments prélevés sur les victimes du crash».
Le conférencier a indiqué qu’avec les avancées de la science aujourd’hui on a plusieurs techniques pour l’identification des corps de victimes, notamment «des prélèvements ADN et des analyses dentaires et autres». Il précise que les experts algériens ont fait preuve de professionnalise grâce à leur expérience. Il a également précisé que les équipes chargées de gérer cette catastrophe feront appel à de grands laboratoires étrangers pour pouvoir identifier les corps des victimes et permettre aux familles de faire le deuil. «L’urgence aujourd’hui, est l’aspect humanitaire et la dignité des familles des victimes», conclut Kara Bouhadba.
France 3 a annoncé hier que les enquêteurs privilégieraient la perte totale de contrôle de l’appareil. En analysant les données de l’altimètre et en examinant la première boîte noire de l’appareil, les experts supposent que l’appareil a pu être confronté à un orage très violent. Il aurait alors fait demi-tour, mais derrière lui un autre orage très puissant se serait formé. L’avion se serait alors retrouvé pris en tenaille entre les deux orages. La dérive de profondeur, instrument qui permet de stabiliser l’avion, aurait été altérée. L’appareil aurait alors été fortement secoué puis se serait écrasé à une vitesse de 1.000 km/h. Il serait tombé en trois minutes.