Mme Clinton discute à Alger du Mali, d’Ançar Eddine et d’AQMI

Mme Clinton discute à Alger du Mali, d’Ançar Eddine et d’AQMI

Salim Rabia, Maghreb Emergent, 29 Octobre 2012

La secrétaire d’Etat américaine, Mme Hillary Clinton est arrivée ce lundi à Alger où elle doit s’entretenir avec les dirigeants algériens et notamment le président Abdelaziz Bouteflika de la situation au nord du Mali et du problème posé par les islamistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Cette visite a-t-elle pour but de presser l’Algérie de participer directement à l’opération militaire au nord du Mali souhaitée par Paris et avalisée par l’ONU ? Eléments de réponses…

La porte-parole du département d’Etat, Victoria Nuland a déjà identifié, il y a quelques jours, l’objet de la visite : « le Mali est l’un des sujets que la secrétaire d’Etat souhaite aborder avec les responsables algériens, ainsi que la question générale d’Aqmi ». Cet aspect a été réitéré dans une déclaration en off à la presse par un responsable du département d’Etat dans l’avion qui amenait Mme Clinton et qui a atterri, tôt le matin de Lundi ( 05H30 GMT) à l’aéroport international Houari Boumedienne. « Dans le contexte de ce qui s’est déroulé dans le nord Mali, l’Algérie est de plus en plus importante et cela va vraiment être au cœur des discussions entre la secrétaire d’Etat et le président Abdelaziz Bouteflika », a indique le diplomate. L’Algérie, très réticente à une intervention militaire étrangère au nord du Mali, a pris acte, implicitement, de l’aval donné par le Conseil de sécurité à une éventuelle action militaire dans la zone passée sous contrôle des rebelles touaregs islamistes d’Ançar Eddine et des groupes djihadistes comme AQMI et le Mujao. Cette « évolution » de la position d’Alger qui ne peut aller à l’encontre d’une résolution du Conseil de sécurité semble insuffisante pour Washington et Paris. Des experts parlent désormais ouvertement de « pressions » exercées sur l’Algérie dont la « participation » est présentée comme « incontournable ».

Des « éloges » à l’armée algérienne

Ces pressions se heurtent cependant au refus, « doctrinal » de l’Algérie d’engager des troupes en dehors du territoire national. Une participation de l’armée algérienne à l’action militaire projetée au nord du Mali parait très improbable. Une bonne partie des faiseurs d’opinion en Algérie est hostile à une implication de l’armée algérienne dans une opération au nord du Mali synonyme de risque d’enlisement. A l’image du Quotidien d’Oran qui appréhende la visite de Mme Clinton sous l’angle d’une pression pour une participation directe de l’Algérie à l’intervention militaire. « Les éloges que l’on entend sur les capacités de l’armée algérienne et son « expertise indéniable » n’ont rien de simples constats factuels » note le journal en relevant que ni les 3300 soldats de la CEDEAO, ni l’armée malienne « en ruine » ne sont aptes à faire le travail. Jusqu’à présent, les responsables algériens, sans exclure l’action armée, ont estimé qu’il y a une intense préparation politique préalable à faire pour aboutir à une solution durable. Outre le rétablissement de la situation à Bamako et une remise en route de l’armée, l’Algérie a continué à défendre l’idée de continuer les efforts pour découpler le groupe touareg d’Ançar Eddine dirigé par Iyad Ghaly des groupes djihadistes du Mujao et d’Aqmi. A l’évidence Paris considère qu’Ançar Eddine sont des « terroristes » au même titre qu’Aqmi et qu’il n’y a pas de dialogue à mener avec eux.

Que faire avec Ançar Eddine ?

Les américains ne sont pas très clairs sur le sujet. Ce sera probablement un des plus importants points des discussions que mène Mme Clinton. A Alger, rien n’est venu, jusqu’à présent, contredire la « ligne » officielle : pas de participation de l’armée algérienne à l’opération voulue par la France. L’Algérie qui a déjà renforcé la surveillance de ses frontières avec la crise libyenne fait des efforts encore plus importants dans ce domaine depuis l’accélération de la crise au nord du Mali avec la déconfiture de l’armée de Bamako, la quasi-élimination politique des « laïcs » du MNLA et l’emprise d’Ançar Eddine et des groupes djihadistes. Il sera intéressant de savoir si les américains considère qu’Iyad Ghaly « fait partie de la solution » comme le disent les officiels Algériens. En totale contradiction avec les français qui n’y voient qu’un terroriste allié d’Aqmi.