IBK met en garde contre le climat «délétère» qui prévaut au Mali
par Kharroubi Habib, Le Quotidien d’Oran, 25 septembre 2016
A l’ouverture d’une réunion internationale sur le Mali qui s’est tenue vendredi à New York en marge de l’Assemblé générale de l’ONU, le président malien Ibrahim Boubacar Keita a estimé que «des progrès tangibles» ont été réalisés dans son pays depuis la signature des accords de paix en mai-juin 2015, mais en mettant en garde contre «la volonté d’expansion des groupes extrémistes et terroristes et la multiplication des affrontements qui ralentissent la mise en œuvre de ces accords».
Toujours selon le président malien, ces facteurs créent un «climat délétère» qui n’entame pas néanmoins sa détermination à tenir les engagements pour la paix qu’il compte traduire par la tenue courant du dernier semestre d’une conférence d’entente nationale de laquelle devrait émerger «une vision commune» de la nation malienne. Dans le discours qu’il a adressé à la nation malienne à l’occasion de la fête nationale du pays, il avait dressé le même constat de la situation au Mali et promis qu’il «entend y faire face en poursuivant l’effort de rétablissement de la paix et de la sécurité tout en veillant à la préservation de la cohésion nationale et la prise en charge de la demande sociale».
La communauté internationale ne peut qu’adhérer à cette stratégie de résolution de la crise malienne dont Ibrahim Boubacar Keita a décliné les axes. Mais pour que sa mise en œuvre puisse être efficiente le Mali a besoin de l’aide internationale qui doit se matérialiser de façon plus concrète qu’elle ne l’est. Tous ceux qui ont contribué au titre de représentants de la communauté internationale à nouer le dialogue intermalien qui a permis la conclusion des accords de paix d’Alger n’ont pas cessé depuis d’interpeller celle-ci pour qu’elle ne considère pas que ces accords ont réglé les problèmes du Mali à l’origine de la crise qui a failli l’emporter en tant que nation.
Ce pays doit être aidé concomitamment à redresser sa situation sécuritaire et à répondre sans délais aux plus cruciales attentes économique et sociale de sa population. Ce qui exige que la communauté internationale attenue quelque peu les préalables qu’elle met pour lui fournir ses aides. Il y a certes qu’elle doit veiller à ce que les termes et dispositions des accords de paix soient strictement respectés et appliqués par leurs contractants. L’accélération de la mise en œuvre des accords qui est réclamée aux parties prenantes est certes indispensable et sera révélatrice de leur volonté déterminée et irréversible de contribuer à la reconstruction du Mali sur la base de l’entente et du vivre en commun des composantes de sa population. Elle s’imposera à tous sans restriction et arrière-pensées si elle en vient à être stimulée par la conviction qu’il en émergerait un Mali renouant avec son développement profitant à tous et détournant ses citoyens de la mortifère influence des doctrines extrémistes et la tentation du repli communautariste ou ethnique.
De l’aveu même de son président, le Mali a certes fait un pas salutaire sur la voie de la résolution de sa crise nationale, mais il demeure dans une situation de précarité qui demande que les acteurs agissants de la société malienne s’en tiennent à l’esprit des accords d’Alger et qu’ils comptent pour cela sur l’appui et l’aide sans calcul de la communauté internationale.