Mali: un casque bleu tué, la coordination de l’Azawad en guerre contre les « narco-terroristes »

Mali: un casque bleu tué, la coordination de l’Azawad en guerre contre les « narco-terroristes »

Par Hebba Selim, HuffPost Algérie, 18 janvier 2015

La situation au nord du Mali connait un regain de tension. La Minusma a subi une attaque qui a fait un mort et un blessé. La coordination des mouvements de l’Azawad a annoncé de son côté qu’elle allait lancer une « opération d’envergure contre les narco-terroristes ».

Le camp de la Minusma à Kidal, dans le nord du Mali, a fait l’objet samedi matin d’une « attaque complexe » qui a fait un mort, un casque bleu tchadien et un blessé.

Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA) indiqué qu’un « premier véhicule suicide a explosé à proximité d’un point de contrôle MINUSMA situé à environ un kilomètre du camp, causant la mort d’un Casque bleu et blessant un autre soldat, tous deux appartenant au contingent tchadien ».

Les casques bleues ont repéré un deuxième véhicule et ont tiré en sa direction. Le véhicule, précise le communiqué, a « explosé à l’une des entrées du camp de la MINUSMA ».

« Simultanément, le camp de la MINUSMA était la cible d’au moins 8 tirs de roquettes ou mortiers, dont 2 ont atterri à l’intérieur du camp, causant des dégâts matériels importants. L’attaque s’est terminée à 7h15 » a indiqué le communiqué qui condamne une « nouvelle attaque terroriste ciblant les Casques bleus au service de la paix au Mali ».

« Une telle violence visant les forces de maintien de la paix de l’ONU est un crime grave, les auteurs et les responsables devront répondre devant la justice. Ces actes n’affecteront en rien notre détermination à poursuivre la mission que le Conseil de Sécurité nous a confiée » a déclaré le Représentant spécial adjoint, Arnauld Akodjenou.

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a condamné cette attaque et a réaffirmé la détermination de l’ONU, indique un communiqué de son porte-parole.

Extension des violences vers le centre du Mali

Ce n’est pas la première fois que la Minusma qui a pris le relais au nord mali de la force en juillet 2013 panafricaine est attaquée. Sept casques bleus sénégalais ont été tués le 9 janvier dernier lorsque leur véhicule a sauté sur un engin explosif. Six soldats nigériens avaient été blessés quelques jours auparavant, dans la région de Gao.

Une extension des violences au centre du pays a été remarquée ces dernières semaines alors qu’elles étaient localisées dans le nord du Mali. La ville de Ténenkou, dans la région de Mopti, a été attaquée vendredi, deux militaires maliens ont été tués.

Le bilan le plus lourd a été enregistré dans la nuit du 6 au 7 janvier, dans une attaque, revendiquée par AQMI contre une garnison à Nampala où 11 soldats maliens ont été tués.

Des affrontements ont eu lieu samedi à à Tabankort, à 190 km au nord de Gao, entre des combattants de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et ceux du Groupe autodéfense Imghad et alliés (Gatia) soutenus par une dissidence du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), considérés comme liés à Bamako

La coordination des mouvements de l’Azawad ( Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le MAA) a indiqué avoir encercle Tabankort et fait des prisonniers.

« Narco-terroristes »

La Coordination des Mouvements de l’Azawad a annoncé qu’elle allait engager une « opération d’envergure » contre les milices « armées narco-terroristes ».

Dans un communiqué publié sur le site du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), la coordination indique qu’elle allait agir suite à des « agressions répétées des milices armées narco-terroristes contre ses positions et pour mettre fin aux multiples exactions et autres violations des droits de l’homme dont sont victimes les populations civiles ».

La « coordination des Mouvements de l’Azawad a décidé d’engager une opération d’envergure visant à démanteler ces milices » indique le communiqué en précisant qu’elle ne « ciblera pas les zones habitées par les populations civiles et les localités abritant les forces internationales.

La Coordination se déclare « attachée à l’accord de cessez-le-feu du 23 mai 2014 et au processus politique d’Alger » et s’engage  » respecter les droits de l’homme et invite la MINUSMA à s’investir dans sa mission de protection des populations civiles et de leurs biens et à empêcher d’éventuelles violations de droits de l’homme ».

L’annonce d’une « opération d’envergure » risque d’être interprétée par le gouvernement de Bamako, engagé dans un dialogue avec le mouvement de l’Azawad sous la supervision de l’Algérie, comme une rupture du cesses-le-feu.