Des Algériens interrogés par les services spéciaux français au nord du Mali
Aïssa Bouziane, Maghreb Emergent, 11 Février 2013
L’armée française veut aller vite au Mali, pour tenter de quitter le pays avant d’enregistrer de nouvelles victimes. Les services spéciaux français veulent, de leur côté, localiser les otages détenus par AQMI au nord du Mali. Des dizaines de personnes appartenant aux communautés du nord, Touareg, arabes et des ressortissants algériens, sont interrogés par des éléments des services spéciaux français.
Des ressortissants algériens, ainsi que des Touaregs et des arabes maliens, sont interrogés par les services de renseignements français à Gao et Kidal, au nord du Mali, selon un journaliste. Les enquêtes sont visiblement destinées à localiser les otages français enlevés au Niger, et détenus au nord du Mali, selon une source sécuritaire citée par une agence de presse turque, dont un envoyé spécial s’était rendu la semaine dernière au nord du Mali.
Selon ce journaliste, les autorités maliennes ont procédé à l’arrestation de « dizaines de personnes soupçonnées d’être liées à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et au MUJAO (Mouvement pour le jihad en Afrique de l’Ouest). Les personnes arrêtées dans plusieurs villes du nord sont interrogées notamment pour tenter de localiser les otages français. Parmi les personnes interrogées par les services spéciaux français, figurent des notamment des ressortissants algériens, selon la même source.
Pour le commandement de l’opération militaire française au Mali, les quatre travailleurs d’Areva, enlevés au Niger, seraient détenus dans des abris souterrains aménagés dans l’Adrar des Ifoghas, à l’extrême nord du Mali, près de la frontière algérienne. Les éléments d’Ansar Eddine, du MUJAO et d’Al-Qaïda se seraient également retirés dans cette zone difficile d’accès, pour éviter un choc frontal avec les colonnes françaises qui sont remontées du sud vers le nord du Mali.
Al-Qaida au Maghreb islamique a revendiqué, en septembre 2010, l’enlèvement de quatre français qui travaillaient sur le site d’Areva, au Niger. Le ministre français des affaires étrangères Laurent Fabius a affirmé il y a deux semaines que les otages sont vivants, en bonne santé, mais qu’ils seraient détenus « dans des conditions très dures ».
La guerre entre dans une nouvelle phase
Les forces françaises veulent agir rapidement, avant que les groupes terroristes installés dans le nord, soucieux de consolider leurs sanctuaires, ne reprennent l’initiative. Le Mujao a ainsi revendiqué l’attaque lancée dimanche par un commando dans la ville de Gao, dans le Nord du Mali, et a promis de continuer le combat « jusqu’à la victoire ». Cet attentat, le second en quarante-huit heures, est intervenu après que le ministre français de la Défense ait déclaré que les bombardements français ont fait des « centaines de victimes » parmi les membres de différents groupes armés qui occupaient le nord du Mali.
Cette explosion a eu lieu de nuit, à l’entrée nord de la ville, lorsqu’un kamikaze s’est fait exploser à l’approche d’un poste de contrôle. L’attentat n’aurait pas fait de victime, selon une agence mauritanienne qui cite des habitants de la ville de Gao. Un accrochage a suivi l’attentat, mais les forces maliennes et françaises n’ont pas publié de bilan.
Les attentats de Gao marquent l’installation du conflit malien dans une nouvelle phase. Après la conquête du nord par les forces françaises, qui n’ont pas trouvé de résistance, AQMI et le MUJAO retrouvent les conditions qui leur sont les plus favorables, mener des raids contre des positions statiques des armées française, malienne et celles de pays africains qui ont accepté d’envoyer des troupes au Mali.