Eliminé en février dans le Nord-Mali : Aqmi confirme la mort de Abou Zaïd
par Moncef Wafi, Le Quotidien d’Oran, 17 juin 2013
Le dernier communiqué d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) n’a de mérite que de voir l’organisation islamiste confirmer, pour la première fois, la mort de Hassan Abdelhamid Abou Zaïd, commandant du bataillon Tariq-Ibn-Ziyad, au cours des combats qui ont eu lieu entre ses combattants et les troupes françaises et tchadiennes. Il a été tué avec un certain nombre d’éléments de l’organisation. La mort de Abou Zaïd avait été annoncée en février dernier. L’un des principaux chefs d’Aqmi a été tué lors des opérations menées par l’armée française et l’armée tchadienne dans l’Adrar de Tigharghar au nord du Mali à la fin du mois de février. L’élimination de Abou Zaïd avait marqué une étape importante dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, avait indiqué alors un communiqué de l’Elysée. Abou Zaid, âgé de 46 ans, de son vrai nom Mohamed Ghdiri, était l’auteur présumé de l’enlèvement des sept employés d’Areva et de Satom, dont cinq Français, sur le site d’Arlit au Niger, en septembre 2010. Il avait fait du massif montagneux des Ifoghas au Mali sa place forte, y installant sa base logistique et ses camps d’entraînement après avoir passé des alliances avec certaines tribus touareg de la région. Son arme avait été retrouvée sur les lieux des combats et l’identité des combattants tués dans la zone avait permis de renforcer la conviction de sa mort. Le 1er mars, c’est le président tchadien, Idriss Déby, qui annonçait à son tour la nouvelle. Le 12 mars, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian indiquait dans une interview au Monde que la mort du terroriste était «probable». Enfin, c’est l’Algérie qui a confirmé l’identité du cadavre sur lequel les soldats français avaient effectué des prélèvements organiques. Alger, disposant de fragments d’ADN prélevés sur les membres de la famille de Abou Zaïd, a identifié formellement l’homme. Le communiqué d’Aqmi, diffusé dimanche par l’agence privée mauritanienne en ligne ANI, annonce également la mort du Mauritanien Mohamed Lemine Ould El-Hassen dit Abdallah Ac-Chinguitty, émir de la phalange El-Forqane. Le communiqué qualifie la bataille du bataillon Tareq-Ibn-Ziyad d’épique en référence aux lourdes pertes enregistrées par l’armée tchadienne. A la mort d’Abou Zaïd, Aqmi a choisi Yahia Abou Al-Hammam, âgé de 35 ans, pour prendre sa succession à la tête de la katiba Tareq-Ibn-Ziyad.
Djamel Okacha, de son vrai nom, il est considéré d’abord comme un des fidèles de Abdelmalek Droukdel puisqu’il est à ses côtés depuis la création en 1998 du GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat, devenu Aqmi). Il fait partie de la jeune génération qui n’a connu ni le GIA ni les entraînements en Afghanistan, mais «a passé dix-huit mois en prison dans les années 1990 pour sa proximité avec le FIS», selon une source sécuritaire algérienne reprise par la presse. «C’est un djihadiste convaincu qui n’a pas basculé dans ce milieu pour l’argent», assure aussi Jean-Paul Rouiller, directeur du Geneva Centre for Training and Analysis of Terrorism, basé à Genève. Yahia Abou al-Hammam est également un homme de terrain, qui maîtrise le Sahara de la Mauritanie jusqu’au nord du Mali, doublé d’un chef militaire.