Algérie-Maroc, le dégel ?
SUITE À L’ENTRETIEN ACCORDÉ PAR MEDELCI À ROUSSIA EL-YAOUM
Algérie-Maroc, le dégel ?
Le Soir d’Algérie, 15 décembre 2011
Signe de rapprochement entre Alger et Rabat ? Dans l’interview accordée à la chaîne russe d’information internationale Roussia el-Yaoum en marge de sa visite effectuée en Russie et publiée mardi sur le site web de la chaîne, le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, est plus que conciliant : l’Union du Maghreb arabe (UMA) est devenue plutôt une nécessité…
Lyas Hallas – Alger (Le Soir) – En réponse à une question relative à la poussée islamiste et la position de l’Algérie vis-à-vis des mouvements populaires dans plusieurs pays arabes ayant propulsé un gouvernement islamiste dans le royaume chérifien, entre autres, Medelci soulignera le respect de la volonté populaire et l’importance du voisin marocain dans les plans stratégiques du gouvernement algérien. «L’Algérie a félicité le nouveau gouvernement. Il est vrai que aujourd’hui, c’est un gouvernement islamiste. Notre relation avec le Maroc transcende largement la conjoncture que traverse la région. Notre relation avec le Maroc est le fondement même de notre politique horizontale et stratégique, même si les problèmes de ces dernières années ont ralenti la coopération entre nos deux pays», a-t-il déclaré. Il a de même rappelé les progrès réalisés dans le but de normaliser les relations entre les deux pays. «L’accord conclu il y a une année au plus haut niveau politique entre l’Algérie et le Maroc a relancé une nouvelle coopération bilatérale très large.» Inch’Allah, cette coopération portera ses fruits, pas seulement sur le plan politique mais aussi au niveau des populations. D’autant que cette coopération concerne des secteurs sensibles pour les populations. C’est un nouvel épisode dans nos relations qui a précédé ce que les gens appellent «le printemps arabe». Or, ce printemps arabe va plutôt nous encourager à coopérer avec tous les pays de la région, le Maroc compris», a-t-il ajouté.
«Nos régimes se sont rapprochés petit à petit autour d’un projet républicain clair»
Est-ce que cela veut dire que les frontières seront bientôt ouvertes, s’interroge-t-on ? Et au ministre Medelci de répliquer : «Vous, vous comprenez suivant votre vision des choses mais nous, nous espérons trouver une solution à tous les problèmes avec le Maroc frère. Et ce sera, Inch’Allah, dans un avenir que conditionnent les conjonctures et en fonction de notre volonté d’amorcer une relance solide et transparente dans l’intérêt des deux peuples.» C’est que l’intégration régionale est devenue, aux yeux de Mourad Medelci, plutôt une nécessité. Selon le ministre des Affaires étrangères, l’Union du Maghreb arabe (UMA) est l’espoir même des peuples de la région. «C’est l’espoir de tous les Maghrébins sans exception, peuples et gouvernements. Et, quelles que soient les raisons, les progrès enregistrés jusqu’ici sont insuffisants et loin d’être satisfaisants », a-t-il regretté. Il a néanmoins justifié ce retard qu’accuse le processus d’intégration en ces mots : «Peut-être à cause de la divergence des politiques économiques ou autres. L’Algérie, à titre d’exemple, a fonctionné pendant 20 ans avec un système centralisé où le secteur public avait un quasi-monopole des relations économiques et de la production. Cela au moment où le Maroc était ouvert et libéral. Ça posait un problème de coordination et de cohésion. Idem pour nos relations avec la Tunisie.» Dans le même contexte, M. Medelci a souligné le rapprochement entre les régimes politiques suite aux évolutions dans la région. «Nous savons que les régimes étaient divergents sur le plan politique. Cependant, et après certains changements et le printemps arabe, ces régimes se sont rapprochés petit à petit autour d’un projet républicain clair. Nous espérons ainsi que le rapprochement économique en plus du progrès réalisé sur le plan politique vont booster davantage toutes les parties à aller de l’avant et de manière continue et concrète. Ce rêve que nous caressons depuis longtemps est aujourd’hui une nécessité. Nous ne pouvons ignorer cette richesse faite de liens religieux, linguistique et économique et passer outre ce potentiel qui constitue un atout dans notre coopération avec les Européens surtout.»
L. H.