Monde arabe : Le vent de la contestation gagne le Yémen et la Jordanie
El Watan, 2 février 2011
Après la Tunisie et l’Egypte, la contestation gagne le Yémen et la Jordanie. Pour ne pas subir le sort des dictatures de Tunis et du Caire, le président yéménite et le monarque hachémite tentent d’initier des réformes d’urgence.
Ainsi, le président yéménite, Ali Abdallah Saleh, confronté à des protestations populaires, a convoqué le Parlement et le Conseil consultatif à une réunion aujourd’hui, à la veille d’une manifestation prévue par l’opposition, selon l’AFP, citant une source officielle. Le chef de l’Etat devrait s’exprimer au cours de cette réunion extraordinaire, a-t-on précisé de même source, sans donner d’information sur la teneur de son intervention.Des milliers de Yéménites, inspirés par la Tunisie et l’Egypte, avaient manifesté jeudi dernier à Sanaâ à l’appel de l’opposition pour réclamer le départ du président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans. La réunion de la Chambre des députés et du Majlis al choura (Conseil consultatif) intervient alors qu’une «journée de colère» est prévue demain, toujours à l’appel de l’opposition. Le parti au pouvoir, le Congrès populaire général (CPG), a également appelé ses partisans à des manifestations le jour même pour contrer l’opposition, selon une source du CPG.
Le Yémen est l’un des pays arabes les plus pauvres. Le président yéménite avait annoncé lundi dernier la création d’un fonds pour l’emploi des diplômés et l’extension de la couverture sociale à un demi-million de personnes, dans une tentative de calmer les revendications populaires. Dans le même temps, le parti au pouvoir a appelé dimanche les partis de l’opposition, réunis au sein du «Forum commun», à reprendre le dialogue au sujet des réformes politiques, interrompu depuis la décision des autorités d’organiser des élections législatives le 27 avril sans attendre le résultat de ce dialogue. Le chef du Forum commun, Mohamed Al Moutawakel, a cependant assuré qu’il «n’y aura pas de dialogue sans l’annulation des mesures prises unilatéralement par le parti au pouvoir», dans une référence à la décision de tenir les élections et au projet d’amendements constitutionnels. Les députés doivent examiner le 1er mars une révision constitutionnelle susceptible d’ouvrir la voie à une élection à vie du président, au pouvoir depuis 1978.
Au royaume hachémite, le Front de l’action islamique (FAI), principal parti d’opposition en Jordanie, a critiqué hier le choix de Maârouf Bakhit, chargé le même jour par le roi Abdallah II de former un nouveau gouvernement, estimant qu’il n’était «pas un réformateur» et promettant de poursuivre les manifestations. «Maârouf Bakhit a conduit les pires élections législatives en Jordanie» lors de son mandat de Premier ministre en 2007 et «il n’est pas un réformateur», a déclaré M. Zaki Bani Rsheid, membre du comité exécutif du FAI. «Il n’est pas l’homme pour diriger la période transitoire et pour sortir de la crise la Jordanie», a-t-il ajouté. «Il semble que le train des réformes n’est pas encore en marche. Nous sommes contre ce Premier ministre. Notre expérience passée n’est pas encourageante», a déclaré à l’AFP le secrétaire général du FAI, Hamzeh Mansour.
Les manifestations vont se poursuivre car «les raisons pour ces manifestations sont toujours valables», a-t-il ajouté. Le FAI et la confrérie des Frères musulmans devaient se réunir hier après-midi pour évaluer les «conséquences de cette décision». Néanmoins, les islamistes ont déjà annoncé un sit-in de protestation devant les bureaux du Premier ministre vendredi prochain après la prière. Le roi a demandé au nouveau Premier ministre, qui a déjà occupé ce poste de 2005 à 2007, «de prendre des mesures rapides et claires pour des réformes politiques réelles qui reflètent notre vision pour des réformes générales modernes soutenant notre action en faveur de la démocratie», selon le palais.
Rédaction internationale