Sommet de la ligue arabe: Silence embarrassé de Washington

Alors qu’Israël a tourné, encore une fois, le dos à la paix

Silence embarrassé de Washington

par Zouaoui Mouloud, Le Jeune Indépendant, 24 mars 2005

Comme nous l’avions déjà annoncé, Israël a accordé une fin de non-recevoir au plan de paix globale adopté hier par la Ligue arabe, forçant Washington à observer, jusqu’à hier en fin de journée, un embarrassant silence. Son allié et inconditionnel protégé a refusé l’offre de paix des 22 pays arabes, sous le prétexte qu’il est déjà en paix avec deux pays arabes ! Réagissant à l’offre de paix des pays arabes, un haut responsable de la présidence israélienne, s’exprimant sous couvert de l’anonymat, a assuré avant-hier soir que son pays rejetait en bloc l’initiative.

«Ce sommet vient de prouver qu’il est en retard sur la réalité et en porte-à-faux par rapport à l’évolution qui se manifeste en profondeur dans le monde arabe», a affirmé ce responsable à l’agence française AFP. Non seulement l’initiative a été rejetée avant même son adoption par le sommet, mais le responsable israélien a usé d’insolence en estimant qu’il n’existe entre eux (les pays arabes, NDLR) qu’une unité de façade.

«Les résolutions de ce sommet devant être approuvées à l’unanimité reflètent fatalement le plus bas dénominateur commun et expriment donc une unité du monde arabe qui est notoirement fictive», a-t-il dit. «La Ligue arabe préfère se donner l’illusion de l’unité en surface, en adoptant des résolutions en contradiction avec toutes les avancées faites notamment par l’Egypte et la Jordanie, et qui sont totalement irrecevables», a ajouté ce responsable, tout en laissant entendre qu’Israël privilégie des négociations séparées : «chaque pays signe avec nous un accord de paix individuel» ! Une option défendue au départ par la Jordanie mais rejetée notamment par l’Algérie, la Syrie, le Soudan et la Libye.

Le chef de la diplomatie jordanienne, Hani Moulki, a été le premier a réagir hier à Alger au refus israélien. Dans une déclaration à la presse, M. Moulki a estimé qu’Israël a «réagi trop rapidement de manière négative» à une offre de normalisation avec les pays arabes, ce qui «pourrait donner l’impression que ce pays n’est pas intéressé par la paix».

Le roi Abdallah II de Jordanie avait remis sur selle l’offre de paix saoudienne de mars 2002 en plaidant pour une normalisation avec Israël préalablement à une négociation pour une paix globale. Devant le refus de plusieurs pays arabes, le souverain aurait pour cette raison tourné le dos au sommet d’Alger, préférant se rendre à Washington.

Hier le roi Abdallah avait rencontré dans la capitale fédérale américaine des représentants d’organisations juives américaines avant de s’entretenir avec la secrétaire d’Etat Mme Condoleeza Rice. Au premier jour du sommet, le président Bouteflika avait souligné que les pays arabes endossaient le plan de paix globale avec Israël.

Dans son discours à l’ouverture des travaux du sommet, le président Bouteflika avait mis la balle dans le camp israélien en affirmant prendre à témoin la communauté internationale et le peuple juif que les pays arabes opteraient pour la paix, mais qu’il restait à l’Etat hébreu de se soumettre à la légalité internationale.

Z. M.