L’Algérie tente de réanimer une Ligue arabe moribonde

L’organisation panarabe évincée des grands dossiers du monde arabe

L’Algérie tente de réanimer une Ligue arabe moribonde

El Watan, 29 mars 2017

L’Algérie, par le biais de son ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, multiplie depuis plusieurs jours les contacts pour convaincre les Etats membres de la Ligue arabe de procéder à une réforme de fond de l’organisation panarabe dont les travaux du 28e Sommet se tiennent aujourd’hui à Amman, en Jordanie.

De nombreux observateurs considèrent la Ligue arabe comme une coquille vide dont les membres sont incapables d’influer sur le cours des choses. A ce propos, ils rappellent qu’elle est minée par des guerres de leadership et n’est impliquée dans aucun plan de règlement des crises qui touchent le monde arabe (Syrie, Libye, Yémen,…).

Certains analystes se demandent d’ailleurs s’il est bien utile que l’Algérie investisse autant de moyens, de temps et d’énergie pour réanimer une structure moribonde. Une structure qui plus est sert de courroie de transmission aux politiques néocoloniales de certains pays occidentaux. D’autres s’interrogent également si le temps n’est pas venu pour l’Algérie de quitter cette organisation dont se servent sans vergogne certains Etats richissimes du Golfe pour asseoir leur hégémonie dans le monde arabe.

Fidèle à la formule d’Antonio Gramsci qui oppose «l’optimisme de la volonté au pessimisme de la raison», Abdelkader Messahel fait partie de ceux qui pensent qu’il est toujours possible de sauver la Ligue arabe et de la démocratiser…à la condition cependant, d’agir vite. Pour faire prendre conscience à ses homologues de l’urgence du projet, il a mis en avant, lors de ses entretiens cette semaine dans la région de la mer Morte (lieu retenu pour le sommet de la Ligue arabe) avec le ministre mauritanien des Affaires étrangères et de la Coopération, Isselkou Ould Ahmed Izid Bih, l’«impérative réforme» de la Ligue arabe.

Les deux parties ont appelé à «hâter la réforme (de la Ligue arabe) en adéquation avec les mutations en cours dans la monde arabe et les défis régionaux et internationaux qui se posent à elle».
Le diplomate algérien a notamment plaidé pour «des réformes en profondeur et globales à même d’opérer de véritables changements dans le système de l’action arabe commune pour favoriser la solidarité et la cohésion et aller résolument vers une intégration économique arabe qui permette aux peuples arabes de réaliser leurs aspirations au développement, au progrès et au bien-être». «Les crises profondes que traverse la région arabe ont révélé l’incapacité de la Ligue arabe à régler les conflits et à gérer des crises sans précédent dans l’histoire de la région», a estimé M. Messahel. Les deux ministres ont, par ailleurs, évoqué les projets de décisions qui seront soumis aujourd’hui aux dirigeants arabes lors de leur 28e Sommet.

Mais à juger la nature des 17 recommandations retenues, il est peu probable que le rêve de Abdelkader Messahel de voir naître une nouvelle Ligue arabe à l’issue de ce 28e Sommet se réalise. Du moins pas pour cette fois. A qui la faute ? Les Etats arabes ne sont visiblement pas encore prêts à jouer collectif et surtout à évoluer dans la transparence. Ils ont, toutefois, essayé de sauver les meubles en affichant, sur le papier, une union sacrée concernant la cause palestinienne.
Zine Cherfaoui