L’offre arabe fraîchement accueillie par Israël

Après le sommet de Riyad

L’offre arabe fraîchement accueillie par Israël

Par : Djamel Bouatta, Liberté, 31 mars 2007

Le Premier Ministre israélien, Ehud Olmert a exigé des pourparlers directs avec l’Arabie Saoudite.

Alors que les États-Unis ont accueilli favorablement la relance de l’initiative de paix arabe par le 19e sommet de la Ligue arabe, organisé les 28 et 29 mars dans la capitale saoudienne Riyad, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, estime, dans des interviews publiées hier, qu’un accord de paix global peut être conclu d’ici cinq ans entre Israël et “ses ennemis”, selon sa propre formulation. Israël veut ainsi se donner du temps après avoir refusé jeudi passé d’entériner telle quelle l’initiative de paix adoptée par les 22 pays arabes.
Olmert prône des négociations permettant à chaque partie de défendre ses positions en vue d’un règlement au Proche-Orient, alors que le plan, d’inspiration saoudienne, prévoit une normalisation en échange d’un retrait israélien total des territoires arabes occupés depuis 1967, la création d’un État palestinien avec Al-Qods pour capitale et un règlement équitable et agréé du problème des réfugiés palestiniens. Israël, qui n’est jamais à bout de ses arguments, met sur la table la question du Hamas qui dirige le gouvernement palestinien d’union, bien que celui-ci ait mandaté le président Abbas du Fatah pour poursuivre les négociations de paix.
Toujours en embuscade, Israël exige des pourparlers directs avec Riyad, qui, selon Olmert, a des idées intéressantes. L’Arabie saoudite sera, en définitive, le pays qui déterminera la capacité des Arabes à parvenir à un compromis avec Israël, selon lui. On parle de contacts informels et secrets entre les deux pays, même si Riyad s’est vu contrainte d’accuser Israël de rejeter systématiquement les offres de paix des Arabes.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, M. Amr Moussa, a déclaré lors de la même conférence de presse qu’Israël était seulement intéressé par une normalisation de ses relations avec les pays arabes, sans aucune contrepartie. Il sait de quoi il parle, lui dont le pays a noué des relations diplomatiques avec Israël. Pour l’heure, seuls deux pays arabes ont accepté Camp David : l’Égypte et la Jordanie.
Hormis Tripoli qui a boycotté le sommet de Riyad, tous les autres membres de la Ligue arabe ont emboîté le pas à l’Arabie saoudite, mais beaucoup parmi eux n’ont pas manqué de relever que si les Israéliens veulent la normalisation, ils doivent montrer ce qu’ils sont disposés à offrir en retour.
Symboliquement, le sommet a été clôturé par le président palestinien qui a averti les Israéliens sur cette dernière chance de faire la paix. Fait rarissime, le sommet de Riyad s’est achevé sans aucun communiqué final, comme c’est pourtant la tradition.
En revanche, toutes les résolutions, au nombre de 32, ont été publiées dans leur intégralité, une grande première chez les régimes arabes.

D. Bouatta


Document

La résolution du sommet de Riyad sur l’initiative de paix arabe

Par : Rédaction de Liberte

Cette résolution, intitulée “Réactivation de l’initiative de paix arabe”, réaffirme l’engagement des Arabes pour une paix juste et globale comme option stratégique, et réaffirme que le processus de paix est une opération globale et indivisible, que la paix juste et globale dans la région n’est réalisable qu’à travers un retrait israélien total des territoires palestiniens et arabes occupés, y compris le Golan syrien occupé et jusqu’à la ligne du 4 juin 1967, ainsi que les territoires qui sont encore occupés dans le sud du Liban. Et ce, pour aboutir à un règlement équitable et agréé du problème des réfugiés palestiniens conformément à la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU 194 de l’année 1948 et au refus de la colonisation sous toutes ses formes et (pour aboutir) à la création d’un État palestinien indépendant et souverain avec Jérusalem-Est pour capitale. Par ailleurs, après avoir passé en revue les efforts arabes et internationaux déployés pour relancer le processus de paix, les chefs d’État arabes décident :
1) La réaffirmation de l’attachement de tous les pays arabes au plan de paix arabe tel qu’il a été adopté au sommet de Beyrouth en 2002 dans toutes ses clauses, qui sont basées sur les décisions de la légalité internationale et ses principes pour mettre fin au conflit arabo-islamique et pour établir une paix globale et juste qui réalise la sécurité pour tous les pays de la région et qui permette au peuple palestinien d’établir son État indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale.
2) La réaffirmation de l’invitation au gouvernement israélien et à tous les Israéliens à accepter l’initiative arabe de paix et à saisir cette occasion qui se présente pour une reprise du processus de négociations directes et sérieuses sur tous les volets.
3) De charger le “Comité ministériel spécial arabe de l’initiative arabe” de poursuivre ses efforts et de former des groupes de travail pour entamer les contacts nécessaires avec le secrétaire général des Nations unies et les pays membres du Conseil de sécurité et le Quartette, ainsi que les parties concernées par le processus de paix, afin de reprendre le processus de paix et de rassembler le soutien à cette initiative et d’entamer des négociations sérieuses sur la base des points de référence agréés et représentés par les résolutions afférentes des Nations unies et (sur la base) du principe de la terre contre la paix et du principe de l’inadmissibilité de la saisie par la force des terres d’autrui.
4) De charger le Conseil ministériel de la Ligue de suivre l’évaluation de la situation par rapport aux efforts de paix actuels et à leur efficacité pour décider des étapes à suivre à la lumière de cette évaluation.

Synthèse R. N.