Libye : L’Algérie sur le point de reconnaître le CNT
El Watan, 2 septembre 2011
Soumises à de fortes pressions internationales après l’arrivée sur son sol d’une partie de la famille El Gueddafi, les autorités algériennes ont dépêché, à Paris, Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, pour participer à la conférence qui a lieu dans la capitale française.
Le chef de la diplomatie s’est échiné, durant toute la journée d’hier, à balayer les accusations portées par une partie de la communauté internationale sur une éventuelle connivence des autorités algériennes avec le régime du «guide» de la révolution libyenne. L’Algérie a décidé de montrer patte blanche et s’est dit disposée à reconnaître les autorités de transition, lorsqu’elles auront formé un gouvernement représentatif de toutes les sensibilités régionales du pays. Cette déclaration contraste avec la position des autorités algériennes qui avaient adopté, depuis le début du conflit libyen, une position différente en exigeant que le CNT bénéficie d’abord du soutien de la majorité du peuple libyen, à travers l’organisation d’une élection.
Cette condition, défendue notamment auprès de l’Union africaine et de la Ligue arabe, semble avoir été abandonnée. En compagnie d’une soixantaine de pays, l’Algérie a assisté à la réunion de Paris organisée par le président français, Nicolas Sarkozy, et le Premier Ministre britannique, David Cameron, pour élaborer une feuille de route, lancer la transition politique et reconstruire la Libye. Tous ont pris acte de la chute du régime d’El Gueddafi, mais certains, hostiles à l’intervention militaire, rechignaient jusqu’alors à entériner la victoire du CNT. Le sommet de Paris précipite les choses.
La Russie a reconnu hier matin le CNT comme «autorité au pouvoir». Pékin qui s’était, comme Moscou, abstenu lors du vote au Conseil de sécurité de la résolution 1973 qui a permis l’intervention internationale en mars, a dit attacher «de l’importance à la position et au rôle considérable du CNT pour résoudre la crise libyenne». L’heure est désormais à la reconstruction et aussi au partage du gâteau pétrolier libyen, dont les pays moteurs de la coalition espèrent une large part. Dès jeudi, l’Union européenne a levé ses sanctions à l’encontre de 28 «entités économiques» libyennes – des ports ainsi que des sociétés du secteur énergétique et bancaire – pour aider au redémarrage de l’économie, a annoncé sa chef de la diplomatie, Catherine Ashton. L’UE s’est aussi dit prête à aider les nouvelles autorités à former une «police efficace» et «démocratique».
Les premières décisions prises à l’issue de la réunion ont été annoncées lors d’une conférence de presse, au cours de la quelle le secrétaire générale de l’OTAN, M Rasmussen a déclaré que les frappes de l’Otan se poursuivront aussi longtemps que nécessaire, tant que Mouammar El Gueddafi représentera une menace pour son peuple. Lors de son intervention le président Sarkozy annonçait, la levé du gel des avoirs du régime déchu, quinze milliards de dollars, au profit des nouvelles autorités libyennes alors que le chef de la rébellion a appelé les libyens à la paix et à la réconciliation. Seule fausse note dans ce concert de bonnes intentions la décision de l’union africaine (UA) qui se dit pas prête à reconnaître le CNT libyen.
Salim Mesbah / Agences