Libye – Des miliciens amazighs ferment le gazoduc Green Stream vers l’Italie

Libye – Des miliciens amazighs ferment le gazoduc Green Stream vers l’Italie

Rédaction Maghreb Emergent, 7 novembre 2013

Le terminal pétrolier Zueitina, Le terminal pétrolier Zueitina, près de Benghazi, est l’un de ceux qui sont bloqués

Le gazoduc Green Stream qui achemine du gaz libyen vers l’Italie à partir du terminal gazier de Millitah, dans l’ouest du pays est fermé, a annoncé le chef d’une milice amazigh, Younes Naniss. Dans d’autres régions du pays et notamment à l’Est, les terminaux pétroliers sont bloqués depuis juillet. La production chute de 80%.

Les miliciens ont ordonné à la direction du complexe gazier, qui se trouve par de la ville amazighe de Zouara, à 100 km à l’ouest de Tripoli de cesser les exportations vers l’Italie. Le site est géré par la Millitah Oil and Gas, une société mixte détenue à parts égales par le groupe énergétique italien ENI et la Compagnie nationale de pétrole (NOC). Le gazoduc achemine 17 millions de m3 de gaz par jour vers l’Italie. Ce sont des revendications politiques qui motivent cette escalade de la part des miliciens qui réclament la reconnaissance constitutionnelle de la langue et de la culture amazighes. Le Congrès général libyen a en effet décidé de reporter l’examen des dispositions se rapportant à la question. Paolo Scaroni, PDG d’ENI avait indiqué quelques heures plus tôt que le blocage du terminal par les manifestants entrainait la fermeture complète des exportations vers l’Italie. Après plusieurs jours de sit-in dans le terminal de Militah, des éléments armés de Kalashnikov ont pris position dans plusieurs parties du complexe. Ce blocage du site gazier de Militah ne fait qu’accentuer les difficultés du secteur pétro-gazier libyen, vital pour le pays. Le gouvernement libyen fait face, notamment à l’est, à la défiance des milices qui bloquent les sites pétroliers depuis des mois entrainant une baisse vertigineuse de la production et des revenus du pays.

Croissance négative

La production pétrolière n’est plus que de 250.000 barils par jour (b/j) alors qu’elle de 1,5 million mbj en temps normal. La bonne nouvelle de la réouverture du terminal al-Harriga (est), d’une capacité de 110.000 b/j, n’a pas eu lieu. Les autorités affirment qu’il ne s’agit plus que de problèmes de logistiques. Mais d’autres terminaux restent bloqués depuis juillet dernier par les milices en charge de leur surveillance. Ce sont des terminaux pétroliers importants comme Zueitina, Ras Lanouf, et al-Sedra. Le puits pétrolier d’al-Charara (330.000 b/j est bloqué depuis le 28 octobre par des habitants de la région d’Oubari (sud). Aucun indice de solution n’est en vue. « La crise dans les terminaux pétroliers se poursuit et la situation est totalement bloquée », a déclaré le président de la commission de crise au Congrès général national (CGN). L’action des milices dans l’est du pays est portée également par une revendication fédéraliste. Le chef des milices en charge de sites pétroliers, Ibrahim Jodhrane, s’est autoproclamé président du bureau politique de la Cyrénaïque et a annoncé, il y a quelques jours, la formation d’un gouvernement local. L’industrie pétrolière fournit 96% des revenus de l’Etat. Les pertes sont estimées à 13 milliards de dollars. La Libye est entrain de puiser dans ses réserves de change estimées entre 130 et 140 milliards de dollars. La croissance risque d’être négative en 2013.