Les Jordaniens réclament la chute du gouvernement
Contre le chômage et l’inflation
Les Jordaniens réclament la chute du gouvernement
El Watan, 15 janvier 2011
Des milliers de personnes ont manifesté, hier, dans le calme, dans plusieurs villes de Jordanie, pour protester contre le chômage et l’inflation et réclamer la chute du gouvernement.
Environ 8000 personnes, selon des organisateurs, ont manifesté notamment à Amman, Irbid (nord), Salt (ouest), Karak, Ma’an et Diban (sud), sans qu’aucun incident soit enregistré. La police a dénombré 1000 manifestants à Amman, mais n’a pas donné de chiffre global. Les rassemblements ont débuté après la prière du vendredi, avec notamment des membres de syndicats et de partis de gauche, au milieu d’une forte présence policière, selon un journaliste de l’AFP. «La Jordanie n’est pas que pour les riches», «Méfiez-vous de notre faim et de notre fureur», «A bas le gouvernement Rifaï», «Salutations aux Tunisiens libres», ou encore «2011, année des changements dans le monde arabe», pouvait-on lire sur des banderoles brandies par les manifestants.
«C’est celui qui nomme les gouvernements qui est le responsable. La lutte contre la corruption commence par la tête», a déclaré un activiste jordanien, l’ancien député Leith Shbeilat. Selon la Constitution, le roi désigne le Premier ministre et décide de son licenciement. Le gouvernement Rifaï a été formé en décembre 2009. A Irbid, grande ville du nord, les manifestants ont réclamé le départ du Premier ministre, Samir Rifaï (43 ans), scandant : «Samir, va-t-en, la Jordanie est trop grande pour toi». «Nous protestons contre les mesures gouvernementales arbitraires contre le peuple jordanien (…) qui poussent la nation à la dérive. Notre mouvement est un appel au roi pour qu’il licencie ce gouvernement et le remplace par un gouvernement national», a indiqué Salem Daifallah, membre du comité des militaires retraités. Nihad Zouhair, du Rassemblement des Jeunes démocrates, dit être venu exprimer «la protestation contre les politiques économiques gouvernementales qui appauvrissent les pauvres et enrichissent les riches».
La balle dans le camp du roi
Le salaire minimum en Jordanie est de 150 dinars (210 USD), alors que 25% des Jordaniens vivent sous le seuil de pauvreté (566 USD pour une famille de sept personnes), selon une étude du Conseil économique et social jordanien publiée en 2010. Amman est considérée comme la ville la plus chère dans le monde arabe, selon des études indépendantes. Les Frères musulmans, première force d’opposition du pays, ont annoncé qu’ils participeront aux manifestations dans les grandes villes de province, mais pas dans la capitale. Les 14 syndicats professionnels à dominance islamiste, les Frères musulmans, le parti du Front de l’action islamique (FAI, branche politique de la confrérie) et des petits partis de gauche ont, par ailleurs, décidé d’organiser un sit-in dimanche devant le Parlement pour «dénoncer la politique économique du gouvernement».
Le gouvernement jordanien a annoncé mardi le déblocage de 120 millions de dinars (169 millions de dollars) pour une série de mesures visant à baisser les prix et créer des emplois. L’annonce de ces mesures est intervenue alors que la grogne monte dans le royaume contre la vie chère et le chômage. Dans un communiqué publié sur leur site internet, les Frères musulmans ont estimé que les mesures gouvernementales ne compensent pas «les dommages causés à la population» et demandé «des mesures globales vers une réforme généralisée».
Rédaction Internationale