Les Arabes proposent l’Egypte pour le Conseil de Sécurité
Sommet de la Ligue arabe, aujourd’hui
Les Arabes proposent l’Egypte pour le Conseil de Sécurité
Le Quotidien d’Oran, 22 mars 2005
C’est aujourd’hui que le 17e Sommet de la Ligue arabe s’ouvre au Palais des Nations, dans la banlieue ouest d’Alger, en présence de la grande majorité des dirigeants arabes et avec comme point nodal l’offre de paix arabe retenue à Beyrouth en mars 2002.
L’ordre du jour de cet important rendez-vous a été précisé, hier, par le chef de la diplomatie algérienne et le secrétaire général de la Ligue arabe, lors d’une conférence de presse tenue à l’hôtel Hilton, à l’issue de quatre réunions à huis clos, du Conseil des ministres arabes des Affaires étrangères. Les déclarations des deux responsables ont surtout confirmé le refus des Etats membres de la Ligue arabe de normaliser leurs relations avec Israël sans que ce dernier n’accepte de réaliser leurs préalables. «L’Algérie, terre des martyrs, ne sera pas le pays par lequel se fera la normalisation avec Israël», a martelé hier le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères en réponse aux questions des journalistes à ce propos. «Le Sommet d’Alger ne sera pas le sommet de la normalisation», a-t-il ajouté. Tous les correspondants de presse notamment ceux des médias du Moyen-Orient, ont insisté sur ce point en référence aux déclarations du gouvernement israélien. En effet, la dernière en date est celle du MAE israélien, Sylvan Shalom qui a fait part de l’attention particulière que le gouvernement Sharon accordait au Sommet d’Alger dans l’espoir de bénéficier d’un assouplissement de ses relations avec le monde arabe. Les propos du chef de la diplomatie algérienne ont été confortés par ceux du SG de la Ligue arabe qui avait dit: «Tant qu’Israël encourage l’installation des colons juifs sur les territoires arabes, la construction du mur de séparation et l’occupation des territoires arabes, il ne mérite pas que les Arabes franchissent un tel pas avec lui!». Et pour être plus précis, Amr Moussa lancera: «les Israéliens n’ont pas respecté les résolutions de Charm Echeikh, ni la feuille de route et notre message à Sylvan Shalom est qu’il doit comprendre que les Arabes accepteront de faire un pas quand Israël en fera un, en faveur de la paix. Acte contre acte mais pour l’instant, la politique israélienne ne mérite aucun pas dans ce sens!»
Les deux responsables ont affirmé que l’offre de paix arabe qui a été présentée, en 2002, au Sommet de Beyrouth sera soumise «telle qu’elle» au Sommet des chefs d’Etat dont les travaux s’ouvrent aujourd’hui au «Club des Pins» d’Alger.
Cette offre consacre le retrait d’Israël de tous les territoires arabes annexés en 1967, ceux de la Syrie et du Liban occupés à la même date, la création d’un Etat palestinien avec pour capitale El-Qods ainsi que le règlement de la question des réfugiés, conformément à la résolution onusienne 194. «Pour être définitivement résolu, toutes ces questions seront appuyées par une réactivation du processus de paix et de la feuille de route et devront mettre fin au conflit israélo-arabe», dira Belkhadem. Amr Moussa ajoutera qu’il n’existe aucun projet en contradiction avec l’offre de paix de Beyrouth. «Cette offre représente la position du monde arabe, Israël se doit de la respecter parce que nous ne la changerons pas d’un iota!», a-t-il affirmé.
La proposition de paix jordanienne ne sera pas retenue par le Conseil des MAE. Ce qui mettra en grogne le représentant jordanien qui a déclaré aux médias que «les Arabes n’ont pas compris sa teneur et c’est le délégué permanent de l’Algérie qui a poussé à son rejet». Abdelkader Hadjar, fervent animateur du hall du Hilton, avait en effet affirmé que «les Jordaniens n’avaient pas à proposer une autre offre de paix à partir du moment qu’il en existe déjà une!».
Belkhadem a pour sa part, dit que «la Jordanie a fait une proposition comme d’autres pays l’ont fait mais celle de Beyrouth a été retenue mot à mot et elle ne doit pas faire l’objet ni d’ijtihad, ni de polémique».
Objet de divergence aussi, la représentation du monde arabe au Conseil de Sécurité de l’ONU a été tranchée. Les Etats ont accepté de soutenir la candidature de l’Egypte pour occuper un siège au sein de cette structure onusienne. Ceci au cas où l’ONU accepte d’entamer sa réforme et de s’élargir à d’autres continents. «Il est vrai qu’il existe une volonté de représenter le monde arabe au Conseil de Sécurité mais cela ne veut pas dire que cette volonté soit réalisable», avait indiqué Belkhadem, lors de sa rencontre de samedi avec la presse algérienne. Il faut admettre que l’Algérie n’était pas très chaude pour cette option. Jusqu’à ce que la majorité des représentants arabes l’adoptent, l’Algérie était plutôt pour une représentation de l’Afrique par deux sièges tournants tous les quatre ans «et ce, pour des considérations d’équité entre les pays».
La crise syro-libanaise ne figure pas à l’ordre du jour du sommet. Elle a fait, certes, l’objet de discussions bilatérales en marge des réunions, comme l’a souligné Belkhadem «mais ne pourra être incluse que si les chefs d’Etat le décident».
Tout en notant que les acquis retenus au nom de la réforme structurelle de la Ligue arabe figurent comme point à l’ordre du jour du sommet, Belkhadem a indiqué en outre, que différentes questions seront aussi soumises aux chefs d’Etat. Il s’agit de la solidarité avec la Syrie et le Liban, le dossier irakien, l’occupation des trois îles des Emirats par l’Iran, l’affaire Lockerbie et les sanctions américaines à la Libye, les pressions qu’exercent les Américains sur la Syrie, les questions soudanaise et somalienne, la coopération arabo- africaine, la stratégie de développement industrielle, le développement durable, le tourisme, la technologie, le transport, la zone de libre échange, la stratégie de la famille et autre proposition, celle de Kadhafi soumettant l’idée du règlement de la question palestinienne par la création de deux Etats qu’il veut appeler «Isratine».
Le rapport détaillant l’état des cotisations des pays membres rédigé par Amr Moussa sera aussi soumis aux chefs d’Etat. Moussa en fait un point d’honneur. Il revendique «une volonté politique et une décision concrète des chefs d’Etat qui doivent penser à augmenter le budget de la Ligue». Belkhadem indiquera au sujet d’éventuelles défections de dirigeants arabes que «c’est une affaire de tous les Arabes (…) et le sommet réunit des Etats et non pas des personnes».
Ghania Oukazi