Kadhafi: échec et mat à l’OTAN, quid de l’UA ?
par Yazid Alilat, Le Quotidien d’Oran, 30 juin 2011
Le 17e sommet ordinaire de l’Union africaine, qui se tient jeudi et vendredi à Malabo, planchera fatalement sur un seul grand dossier: une sortie de crise rapide en Libye, sinon ouvrir une porte de sortie honorable pour son Leader, Maamar Kadhafi. C’est en somme le gros des discussions de cette réunion qui a déjà pris les contours d’un sommet sur la Libye. Et, plus particulièrement, pour la commission africaine, il s’agit de trouver une issue acceptable par les deux parties (opposition et gouvernement) qui tienne la route et ouvre la voie à la cessation des hostilités. Pour autant, c’est bien le sort réservé à Kadhafi qui bloque, pour le moment, les différentes propositions diplomatiques pour une fin de la crise libyenne. Même si l’intervention armée des 3 P (USA, France, Grande-Bretagne), sous la bannière de l’OTAN, qui elle-même tient sa « légitimité » du feu vert à l’Open Sky de l’ONU, a plutôt compliqué la situation dans ce pays maghrébin.
En fait, l’interventionnisme armé de l’OTAN, qui a refusé de ralentir le rythme des bombardements en Libye contre des positions des forces gouvernementales ou des sites présumés appartenir au ’Guide », qui a conditionné l’arrêt des frappes aériennes au départ de Kadhafi, a sapé tous les efforts de la commission africaine de trouver une solution négociée. Même si pour les pays africains, le départ du pouvoir de Kadhafi n’est pas une conditionnalité. Pourtant, hier mercredi, à la veille du sommet de Malabo, des divergences se sont fait jour dans la muraille africaine. Ou plutôt des lézardes, car la voix discordante est venue du président Ali Bongo Ondimba, du Gabon, dont l’intronisation et l’élection à la tête du pays à la mort de son père, Hadj Omar Bongo, ont été pilotées par Paris. Quel crédit dès lors accorder à sa déclaration, lorsqu’il a affirmé qu’il ’serait bon pour l’avenir de son peuple, pour l’avenir de son pays, pour l’avenir de l’Afrique, que de lui-même, il (le colonel Kadhafi) se retire, afin de faciliter la réconciliation du peuple libyen».
Une chose est sûre: la situation actuelle en Libye ne peut pas ne pas diviser, sinon nourrir quelques divergences de vues, entre les leaders africains, même si Kadhafi reste bien soutenu par les leaders du continent. Même s’il n’a pas été blâmé pour avoir mené son pays au bord du gouffre, car ce niveau de lecture est puisé en réalité du sentiment d’oppression que ressentent toujours les pays africains vis-à-vis des anciennes puissances coloniales. Kadhafi n’est ni un modèle de dirigeant politique, ni un démocrate, encore moins un ’militaire » éclairé, mais il a réussi, en se maintenant contre vents et marées au pouvoir, en ne fuyant pas le pays, à faire durer la crise dans son pays, à diviser ses soutiens africains et à renforcer la position de tous ceux qui voient toujours l’Afrique comme un continent ’taillable et corvéable à merci ». Qu’un Zuma déplore la sentence de la CPI ou qu’un Ondimba appelle au départ de Kadhafi, n’est pas en soi une grande divergence de vues entre africains, mais l’expression du grand fossé culturel que les anciennes puissances coloniales ont maintenu en Afrique. Quant à Kadhafi, il partira bien un jour.